Coupe du monde féminine de foot : Grenoble et Lyon dans les starting-blocks

Deux métropoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes font parties des neufs villes hôtes de la Coupe du monde féminine de foot, qui démarre ce vendredi 7 juin. Si Grenoble accueille pour la première fois des matchs de Coupe du monde, Lyon est rodée aux grandes compétitions internationales. Toutes deux comptent bien en profiter pour maximiser les retombées à l’échelle locale.
(Crédits : FFF)

Du 7 juin au 7 juillet prochain, Grenoble et Lyon se mettront aux couleurs des équipes féminines de foot, à l'occasion du mondial qui se tient pour la première fois en France. Avec 65 000 supporter attendus en Isère et 180 000 dans le Rhône, les retombées de cette compétition devraient être importantes pour le tourisme et l'économie de la région.

Premier tir pour Grenoble

La capitale iséroise accueillera, au sein du Stade des Alpes, cinq matchs de cette 8e édition de la compétition, dont quatre matchs de poule et une épreuve des huitièmes de finale.

"La métropole faisait partie des 11 villes initialement candidates auprès de la FFF et de la FIFA. L'objectif était de choisir des stades relativement modernes, ce qui était le cas de Grenoble, et qui présentaient une capacité raisonnable. Car pour un événement de cette envergure, il était important que le stade affiche une certaine capacité tout en étant suffisamment rempli", explique Arnaud Pugin, responsable du Comité d'organisation de Grenoble FIFA 2019.

Une "véritable bataille" conduite de front par l'ensemble des acteurs locaux, et que se remémore Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole :

"La concurrence face à nous était importante et il a fallu que nous fassions valoir nos atouts lors d'un grand oral où la métropole s'est présentée aux côtés du département, du Grenoble Foot 38, des acteurs économiques et de la CCI. Le Stade des Alpes était notre meilleur allié, car il est très apprécié et permettait de réaliser de belles images".

Résultat ? L'organisation table sur une jauge maximale de 18 043 personnes par match, avec un taux de remplissage moyen de 13 000 spectateurs par rencontre. A J-7, près de 65 000 billets avaient été vendus sur l'ensemble des cinq matchs, et c'est la rencontre Brésil-Jamaïque du 9 juin qui a connu la plus forte demande, puisqu'elle affiche déjà presque complet.

"Les premiers billets, qui commençaient à 9 euros, sont tous partis. Nous sommes sur un taux de remplissage de 80% pour l'un des matchs, tandis que les autres sont compris entre 60 et 70%", annonce Arnaud Pugin.

Ce dernier anticipe un regain de réservations pour le dernier match grenoblois du 22 juin, lorsque les équipes qualifiées pour les huitièmes de finale seront connues. "Des pays comme l'Allemagne pourraient encore faire grimper les réservations", glisse-t-il.

Au total, près de 1,3 millions de billets étaient à vendre à l'échelle de l'Hexagone.

"Nous visons un objectif d'un million de billets vendus au niveau national, pour une audience télévisée cumulée de 1 milliard de téléspectateurs", indique Arnaud Pugin.

Le prestige pour Lyon

De son côté, la ville de Lyon s'affiche déjà comme la capitale européenne de football féminin par les résultats de l'Olympique Lyonnais (sextuple vainqueur de la Ligue des champions féminine). Durant une semaine, elle va en devenir la capitale mondiale avec l'organisation des deux demi-finales (2-3 juillet) et de la finale (7 juillet) au Groupama Stadium. Les trois matches les plus prestigieux se dérouleront à guichets fermés : les 180 000 billets ont trouvé preneur.

En octobre, des packs pour les trois matches avaient été commercialisés avant les billets à l'unité. Une formule qui a séduit de nombreux étrangers qui resteront la semaine sur le territoire métropolitain. Parmi eux, 14 000 Américains et 1 500 Britanniques. Avec la billetterie à l'unité, ce sont même 17 000 Américains qui sont attendus sur le territoire.

Les villes alentours de Limonest, Oullins, Décines et Dardilly pourraient aussi en profiter car elles accueilleront sur leurs installations sportives les quatre équipes demi-finalistes de la compétition. Ces dernières seront logées dans trois hôtels prestigieux de Lyon.

Une manifestation avant tout familiale

Grenoble attend de pied ferme un public qui pourrait être, d'après les estimations des organisateurs, à 85% local, mais où la part des spectateurs européens grimperait également au fil de l'édition.

"Parmi les nations qui se déplacent en force, figurent les Etats-Unis mais aussi le Brésil, ainsi que le Japon ou encore les pays européens, tels que les Pays-Bas ou l'Allemagne", ajoute l'organisateur.

Du côté du public français, la cible demeure plutôt familiale, "ce qui explique d'ailleurs le faible remplissage pour l'instant du match Canada/Nouvelle Zélande, qui est programmé un samedi soir à 21h, qui semble moins attractif pour les familles en termes d'horaire", reprend Arnaud Pugin.

"On est dans une approche très familiale, encore différente d'un autre événement majeur comme un Tour de France ou un match de rugby", estime Jean Vaylet, président de la CCI de Grenoble.

Un événement qui devrait donc se traduire à la fois en nuitées pour les professionnels de l'hôtellerie restauration de l'agglomération, mais aussi, plus largement, sur les sociétés de transport, et pour l'ensemble des commerçants du bassin.

"Les professionnels de l'hôtellerie nous ont fait remonter un taux de remplissage de 70% pour cette période, en nous indiquant qu'il existe clairement un impact de la Coupe du Monde à cette saison. Il ne faut pas oublier que des nuitées vont être réservées par des délégations des équipes provenant de 9 nations !", s'enthousiasme Christophe Ferrari.

Si l'organisation affirme ne pas disposer encore de chiffres suffisamment précis concernant les retombées envisagées sur le territoire, une étude d'impact sera menée à l'échelle nationale en lien avec les différents territoires hôtes, et devrait publier ses premiers chiffres d'ici la fin d'année.

"C'est en tous les cas l'ensemble de l'image de la métropole qui va ainsi être valorisée, puisque l'on pourra voir également les montagnes depuis les images prises au Stade et qui seront retransmises auprès d'un milliard de téléspectateurs", estime déjà le président de Grenoble Alpes Métropole.

Une offre touristique adaptée

Avec, des retombées espérées à la fois sur le tourisme d'affaires et d'agrément, mais aussi sur l'arrivée de nouveaux étudiants qui pourraient ainsi découvrir la ville, jusqu'à de potentiels créateurs d'entreprise, Grenoble a mis les bouchées doubles pour accueillir ces nouveaux visiteurs : l'office du tourisme a par exemple travaillé en vue de proposer des parcours urbains pour faire découvrir la ville, ainsi que sur des packages d'offres.

"Nous serons en plein festival du Street art, ce qui nous conduira à proposer des packages comprenant ces deux événements ainsi que d'autres visites, comme celle du Musée de Grenoble ou un accès à nos territoires de montagne", ajoute Christophe Ferrari.

"Les commerçants se sont aussi impliqués de manière très forte, à travers l'association Label Ville, dans des animations et des propositions de circuits dans la ville", atteste également Jean Vaylet.

Avec un objectif : séduire et conserver le plus longtemps possible ces touristes, venus profiter d'un rendez-vous hors normes. Du côté des transports, un accès gratuit au Stade des Alpes par le biais des transports en commun a déjà été acté lors des matchs, en vue de fluidifier l'ensemble des accès.

A Lyon, tout a été mis en place pour accueillir ces spectateurs étrangers.

"Au pavillon Only Lyon, nous avons reçu beaucoup de demandes de renseignements d'Américains en avril dernier. Notre bureau des guides a ajouté des visites guidées régulières sur toute la période de la compétition et particulièrement pour les dates lyonnaises, afin de satisfaire les demandes. Nous avons également demandé à tous nos partenaires de multiplier leur offre en anglais sur cette période", explique Stéphanie Engelvin, attachée de presse pour Only Lyon.

Si Lyon se refuse à livrer des estimations de retombées, on sait que, traditionnellement, les touristes américains ont tendance à dépenser plus que la moyenne internationale lors de leurs déplacements. D'après une étude Nova7 de 2012, ils dépensaient, à Lyon, 541 euros sur une durée moyenne de séjour de 5 jours et 4 nuits tout compris, hors transport.

Du côté des établissements hôteliers, la tendance est aussi à la hausse : le site Booking.com relève que la ville est très prisée sur la première semaine de juillet et les prix supérieurs à d'habitude. En juin 2016, à l'occasion de l'organisation de l'Euro en France, le taux d'occupation des hôtels à Lyon était de 77%, taux le plus fort constaté sur les cinq années précédant cette période. En juillet 2016, il avait été de 67%.

Des retombées sportives

L'événement aura également accéléré le calendrier d'entretien et de mise en conformité qui était prévu pour le Stade des Alpes, avec près de 950 000 euros d'investissement réalisés, dont une part significative est assumée par Grenoble Alpes Métropole (737 000 euros), suivie de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (113 000 euros) et du Département de l'Isère (100 000 euros). Soit autant d'investissements qui pourront ensuite bénéficier aux pratiquant/es du territoire.

"L'idée est bien de permettre un héritage sur site pour l'ensemble des associations et clubs locaux, qui pourront capitaliser sur la remodélisation du stade ainsi que sur le savoir-faire transmis. Car cet événement doit permettre de générer un coup de projecteur sur les clubs et associations, qui oeuvrent toute l'année sur ce territoire, et qui pourront ensuite bénéficier ainsi d'une meilleure exposition", glisse Arnaud Pugin.

Ce dernier rappelle à ce titre que Grenoble possède déjà sa propre école municipale dédiée au football féminin, tandis que le GF38 avait lui aussi été récompensé pour sa sensibilisation réalisée à l'égard du football féminin. Le club qui, compte une équipe en deuxième division et plus de 160 licenciées, peut espérer capitaliser sur la compétition pour augmenter ses effectifs la saison prochaine.

"Il s'agit d'un territoire moteur, qui a désormais la volonté politique de s'afficher comme une capitale du sport féminin", ajoute Arnaud Pugin.

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Commentaire 1
à écrit le 11/06/2019 à 5:35
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Beurk le foot, maintenant feminin, on touche le fond.

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