Qui est Sophie Desormière, la nouvelle présidente du directoire (et atout expérience) de Navya

Après une enveloppe de 7,5 millions d’euros reçue dans le cadre de France Relance en juillet 2021, mais aussi de premières évolutions en matière de gouvernance, qui avaient conduit à l’éviction d’Etienne Hermite en juin dernier, le spécialiste lyonnais des véhicules autonomes Navya a désormais une nouvelle présidente. Un profil qui, passé par d’autres grands noms de l’industrie automobile et chimique (Solvay, Valeo), traduit à nouveau la volonté de passer à un stade d’industrialisation.
(Crédits : DR)

Depuis plusieurs mois, les solutions de navigation des véhicules autonomes de Navya sont déjà déployées à travers différents projets expérimentaux, dont celui du Centre National de Tir Sportif (CNTS) de Châteauroux, où le groupe fait rouler depuis plusieurs mois une navette 100% autonome et sans chauffeur, avec son partenaire Keolis.

Et le spécialiste lyonnais des solutions de navigation autonomes, qui emploie 280 collaborateurs en France (Paris et Lyon), mais aussi aux États-Unis et à Singapour, n'a pas caché son ambition de passer désormais à la vitesse supérieure dans le déploiement de ce marché.

Jusqu'ici engagé dans le déploiement de 180 unités tests de sa navette Autonom Shuttle, dédiée au transport de passagers, à travers 23 pays (sans compter son modèle de tracteur Autonom Tract, destiné au transport de biens, ndlr), le lyonnais veut désormais passer au stade de la commercialisation, avant que ses concurrents ne le fassent.

Car un peu partout autour du globe, l'électrification des flottes et l'essor des mobilités douces poussent les constructeurs et équipementiers à accélérer leurs roadmaps : le géant Apple a par exemple confirmé début décembre que son projet de voiture 100 % autonome sera avancé à 2025, et devrait débuter une phase de tests prochainement.

D'autres, comme l'équipementier français Valeo, travaillent déjà à des projets de capteurs Lidar, amenés à faire passer un cap à ce type de véhicules, en matière de sûreté et donc, d'homologation en situation de conduite réelle. Avec l'ambition de détecter tous les objets environnants jusqu'à une distance de 200 mètres, de jour comme de nuit, pour une commercialisation en 2024. Car tous les acteurs de ce marché, Navya compris, savent que la sécurité sera la pièce maîtresse à assurer, sans laquelle aucun marché ne pourra se développer.

Bien avant avant la crise, le marché de la voiture était déjà évalué 500 milliards d'euros en 2035, selon l'agence A.T. Kearney et aujourd'hui, après deux années de pandémie qui ont transformé la conception même des transports et de la mobilité, il est encore bien délicat de déterminer quels niveaux il pourrait atteindre.

Après la présidence par intérim, un profil mi-automobile mi-chimie

Pour Navya, la première phase d'accélération s'était traduite par la mise en place d'une nouvelle gouvernance temporaire, en juin dernier. Elle avait mené, entre autres, à l'éviction du président Etienne Hermite (qui avait lui-même joué le rôle de "joker" du fondateur historique du groupe, Christophe Sapet, en 2019).

Depuis l'été 2021, c'était donc Pierre Lahutte, jusqu'ici Chief Strategy and Development Officer, qui s'était vu confier trois nouvelles missions additionnelles (dont la présidence du directoire par intérim, mais également la direction du product management et licensing ainsi que la Stratégie RSE du groupe), devenant ainsi le nouvel homme fort de Navya pour un semestre.

Et désormais, à la veille de Noël, c'est une nouvelle présidente qui est annoncée à la tête du directoire. Un profil expérimenté, qui se distingue par ses 25 années passées entre le monde de l'automobile (dont 18 ans à des postes de direction chez l'équipementier Valeo) et celui de la chimie (8 ans chez Solvay) : Sophie Desormière sera celle qui sera chargée d'incarner, et surtout d'impulser, le passage à l'échelle du groupe.

Diplômée de l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI), et de l'Ecole Nationale Superieure de Chimie de Paris (ENSCP) en génie industriel ainsi que de Harvard (PMD), la nouvelle présidente du directoire de Navya avait précédemment occupé, jusqu'en 2010, un poste de directrice marketing produit et directrice amélioration de la vie, à bord des véhicules de l'équipementier Valeo, pour devenir ensuite, jusqu'en 2018, la directrice générale du marketing stratégique et des ventes du chimiste Solvay.

Durant ces huit années, elle avait entre autres contribué à la croissance du groupe Solvay, en déployant une feuille de route visant à accompagner la performance des ventes ainsi que la transformation digitale.

Avec la carte investissement vers les nouvelles énergies

Et ce, avant de rejoindre ensuite entre 2018 et 2021 le fonds d'investissement AALPS Capital, fondé lui-même en 2017 par des associés spécialisés dans l'énergie, et qui se destinaient à financer des projets d'innovations et des solutions zéro-carbone.

Une expérience qui intéresse tout particulièrement son futur employeur, Navya, au sein duquel Sophie Desormière prendra ses fonctions le 5 janvier prochain : « Sophie a démontré ces dernières années sa capacité à établir des relations durables, au sein d'écosytèmes de capital investissement avec des partenaires financiers américains et asiatiques, sur des projets dans la mobilité », atteste le groupe lyonnais.

Car Navya sait déjà que la tâche ne sera pas aisée sur un marché des navettes autonomes, encore en pleine phase de construction, même si les signaux positifs ont émergé récemment, comme celui d'une aide de 7,5 millions d'euros accordée, en juillet dernier, par l'Etat français. Navya voyait notamment, dans cette enveloppe, un symbole fort et surtout, une première « validation de la stratégie et des perspectives technologiques de la société », qui mise depuis sa création en 2014 sur le développement de solutions de pilotage pour la conduite autonome.

Il y a quelques mois, l'ex-président du directoire Etienne Hermite confiait d'ailleurs à La Tribune que Navya attendait justement encore "un signe fort" de la part de l'Etat français, et notamment, une clarification des réglementations qui pourraient encadrer le secteur naissant de la conduite autonome, afin d'en poser les premiers jalons.

C'est donc surtout l'expérience de management « dans la conduite de projets d'innovation et de création de valeur, au sein des leaders industriels Valeo et Solvay » de Sophie Desormière qui ont convaincu le spécialiste des navettes autonomes, comme le rappelle Charles Beigbeder, président du conseil de surveillance de Navya.

« Après une année 2021 marquée par de nombreuses avancées opérationnelles, la nomination de Sophie permet à Navya d'intégrer un profil expérimenté pour assurer la transformation de la société, en vue du déploiement de solutions commerciales de mobilité autonome de niveau 4 en France et à l'étranger », confirme Navya, par voie de communiqué.

Tout porte donc à croire que 2022 pourrait être la première page d'un nouveau chapitre pour Navya, alors que de son côté, Pierre Lahutte, qui avait endossé la présidence par intérim du directoire au cours du second semestre 2021, « conservera quant à lui ses responsabilités dans les domaines de la Stratégie et des Partenariats au sein du Directoire, afin de poursuivre les discussions engagées avec des partenaires stratégiques de premier plan ».

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