Transition agroécologique : 5 millions d’euros d’investissement dans l’Allier pour l'AgroTechnoPôle

Comment développer de nouvelles technologies robotiques au service de l’agroécologie ? Ce sera l’une des missions de l’AgroTechnoPôle, plateforme d’innovation ouverte, portée par INRAE, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, qui accompagne les constructeurs dans leurs phases d’expérimentation. Pour cela, 5 millions d’euros seront investis sur le site de Montoldre dans l’Allier. L’AgroTechnoPôle sera adossé au Grand Défi Robotique Agricole, lancé la semaine dernière par l’Etat.
Le site d’INRAE à Montoldre associe la recherche publique et les entreprises autour de la conception et de l’utilisation de bancs de recherche et d’expérimentation pour robot.
Le site d’INRAE à Montoldre associe la recherche publique et les entreprises autour de la conception et de l’utilisation de bancs de recherche et d’expérimentation pour robot. (Crédits : DR INRAE)

La France figure parmi les leaders du marché mondial émergent de la robotique agricole. Mais il faut accélérer la cadence pour accompagner au mieux la transition du modèle agricole vers des systèmes plus durables. Dans cette quête, l'AgroTechnoPôle aura un rôle à jouer. Le site d'INRAE, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, situé à Montoldre dans l'Allier va, pour cela, bénéficier d'importants investissements. Au total, 5 millions d'euros. Cette première phase sera financée par la région Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur de 1,6 millions d'euros, par l'Etat  (1 million d'euros) et par le département de l'Allier (200.000 euros).

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De son côté, l'INRAE contribuera à hauteur d'1,2 million d'euros, tandis que les entreprises qui soutiennent le projet se sont engagées à mettre 800.000 euros sur la table. Cela devrait permettre, d'ici la fin de l'année prochaine, de doter la plateforme de nouveaux moyens d'investigations, de bancs d'essai et de pistes, pour tester les machines.

« Nous allons par exemple investir dans un banc pour qualifier des semoirs, ces machines qui réalisent les semis. C'est très important pour l'évolution de l'agriculture. Demain, on devra être capable avec ces machines de semer en même temps différents types de graines, à différentes profondeurs, et d'apporter des éléments fertilisants en même temps. On pourra ainsi semer en même temps du blé et des féveroles (légumineuses riches en protéines, NDLR). Cela aura un effet bénéfique entre les deux cultures associées, des bénéfices par rapport à la réduction des maladies, des ravageurs... et tout cela, sans forcément avoir besoin d'utiliser des produits phytosanitaires ou chimiques. INRAE est partie-prenante pour favoriser les nouvelles pratiques agricoles mais pour cela il faut développer des machines », explique Michel Berducat, le directeur de l'AgroTechnoPôle et ingénieur de recherche à INRAE.

Public et privé associés

La particularité de l'AgroTechnoPôle, c'est qu'il associe le public (CEA, l'Université-Clermont-Auvergne/CNRS...) et le privé (entreprises innovantes dans la mécanique, l'électronique ou la modélisation...) autour de la conception et de l'utilisation de ces bancs de recherche et d'expérimentation. Cette plateforme est ensuite ouverte à tous, que ce soit les constructeurs, les équipementiers, les clusters technologiques ou les laboratoires de recherche.... et ce, quel que soit leurs tailles et leurs localisations en France ou à l'étranger.

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L'AgroTechnoPôle doit ainsi aider à la création d'innovations de rupture, en particulier en robotique, pour amplifier les changements de pratiques et de systèmes dans la conduite des exploitations agricoles. Ces agroéquipements pourront ensuite être utilisés dans les grandes cultures, l'arboriculture, le maraîchage ou encore l'élevage. Avec un objectif à chaque fois : favoriser la transition agroécologique. Réduction et précision des applications de pesticides et d'engrais, désherbage mécanique, combinaison et suivi des tâches au champ, aide à la décision des agriculteurs etc... L'idée est de développer un lieu où les acteurs du monde agricole puissent se retrouver pour faire de la recherche fondamentale et créer des robots matures prêts à être commercialisés.

« En fait, l'AgroTechnoPôle est un outil opérationnel pour accompagner le secteur privé dans le développement de solutions technologiques et numériques pour une agriculture à la fois productive et respectueuse de l'environnement. On peut évaluer les aspects sécurité et les autres fonctions de la machine en milieux contrôlés », souligne Michel Berducat.

Michelin ou encore Kuhn parmi les partenaires

Et signe de l'intérêt du secteur privé, plusieurs entreprises soutiennent financièrement la plateforme depuis son lancement en 2021 : Burel-Production, Kuhn, tous les deux constructeurs de machines de semis ainsi que Michelin ou Sherpa-Engineering.

Mais le site ne leur est pas réservé. Tous les constructeurs peuvent venir tester les performances de leurs machines sur ces bancs à plusieurs centaines de milliers d'euros. Et c'est gagnant/gagnant selon le directeur de l'AgroTechnoPôle car tous ne sont pas en capacité d'avoir leurs propres infrastructures d'essai.

« C'est très onéreux. Et au-delà de la construction d'un banc, il faut associer les compétences qui vont avec, les ingénieurs ou les techniciens qui sont en capacité d'utiliser ces outils. Ici les constructeurs paient une prestation et nous les accompagnons de manière confidentielle. Les résultats sont à eux. Deux concurrents peuvent ainsi bénéficier des moyens de l'AgroTechnoPôle ».

Grand Défi Robotique Agricole à 21 millions d'euros

Et cet AgroTechnoPôle, unique en son genre, sera associé au projet du Grand Défi Robotique Agricole, lancé la semaine dernière par l'Etat et opéré par l'Agence nationale de la recherche (ANR) . Une enveloppe de 21 millions d'euros a été dégagée pour consolider la filière robotique agricole.

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« Le lancement du Grand défi Robotique agricole va permettre de lever des verrous scientifiques et technologiques essentiels à la conception d'innovations robotiques durables. En combinant nos forces de recherche dans le domaine des agroéquipements, notamment sur la plateforme de l'AgroTechnoPôle, mais aussi dans les domaines agronomique et environnemental... », s'est félicité Philippe Mauguin, PDG d'INRAE.

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