Quatre hydroliennes imitant le mouvement des poissons testées sur le Rhône

La start-up EEL Energy va tester d’ici la fin de l’année ses hydroliennes fluviales appuyées sur une technologie innovante. Biomimétiques, elles reproduisent l’ondulation puissante de certains poissons pour produire de l’énergie décarbonée de manière plus efficiente que les hydroliennes à turbine classiques.
L'ondulation de la membrane reproduit le mouvement de certains poissons puissants et rapides.
L'ondulation de la membrane reproduit le mouvement de certains poissons puissants et rapides. (Crédits : EEL Energy)

La start-up parisienne a déjà éprouvé, avec succès, son hydrolienne dans la rade de Brest en 2022. Elle doit maintenant s'assurer de son fonctionnement et de son efficacité en milieu fluvial, marché au potentiel gigantesque. Peu de secteurs en France présentent les caractéristiques nécessaires (notamment un débit d'eau suffisant), -  quatre ou cinq au maximum selon le dirigeant de l'entreprise, Franck Sylvain-, et c'est finalement sur le territoire de la métropole lyonnaise qu'EEL Energy va pouvoir installer ses hydroliennes et finaliser son innovation.

La start-up a obtenu l'accord de l'établissement public Voies navigables de France (VNF) pour mettre en place quatre machines sur le fleuve Rhône, entre le Parc de Saint-Clair (Caluire-et-Cuire) et le parc de Feyssine (Villeurbanne). Ce site a été dédié, depuis 2018, par VNF, à l'expérimentation de production électrique par hydroliennes fluviales, grâce à des conditions propices (débit de deux mètres/seconde et absence de conflit d'usage avec d'autres activités fluviales).

Des hydroliennes biomimétiques

Si des hydroliennes à turbine ont déjà été éprouvées sur cet espace mis à disposition par VNF, ce sont des engins d'un tout autre genre qu'EEL Energy va expérimenter : il s'agit d'hydroliennes biomimétiques imitant, via l'ondulation d'une membrane souple, celle des poissons.

« Nos hydroliennes s'inspirent de l'ondulation permettant la propulsion efficace et spectaculaire de certains poissons qui atteignent jusqu'à 110 km/h sous l'eau. Avec notre système, nous évitons les problèmes de cavitation et nous échappons à la loi de Betz, cette loi physique qui bride l'efficacité des hélices. Nos hydroliennes ont un rendement 50% supérieur aux hydroliennes à hélice, sans pollution visuelle et sonore », assure Franck Sylvain, mettant en avant un brevet international protégeant cette technologie qu'elle est la seule à exploiter dans le domaine de la production d'énergie.

Aucun impact sur la faune et la flore n'aurait été relevé jusqu'ici. A titre d'exemple, pour une production de 500 MWh/an, la membrane mesure 70m².

La première hydrolienne fluviale d'EEL Energy est en cours de montage sur le port de Lyon et devrait être installée sur le Rhône d'ici la fin du mois de juin. Les trois autres seront mises en place progressivement, d'ici la fin de l'année, afin d'intégrer les adaptations nécessaires qui pourraient être mises en lumière au fil de l'expérimentation. Elles devraient produire 400 MWh/an, soit l'équivalent de la consommation d'une centaine de foyers.

Une levée de fonds de 15 millions en préparation

Fondée en 2013, EEL Energy a déjà investi six millions d'euros dans le développement de ses hydroliennes biomimétiques, soutenue par ses actionnaires (le groupe Frisquet, Dassault Systèmes et Franck Sylvain notamment) ainsi que par des aides issues des fonds européens Feder et Interreg, la BPI et l'Ademe.

Avec huit collaborateurs, elle ne génère pour l'instant aucun chiffre d'affaires, les premiers euros entreront dans ses caisses cette année via l'injection dans le réseau des mégawatts produits par ses quatre machines installées sur le Rhône. Pour accélérer la commercialisation de ses hydroliennes et mettre au point une hydrolienne maritime, la start-up cherche désormais à lever 15 millions d'euros. Une somme qu'elle espère obtenir en partie du côté de l'EIC Accelerator (programme de financement européen destiné aux entreprises innovantes), et en partie auprès de nouveaux investisseurs. Pour Franck Sylvain, le potentiel de cette nouvelle technologie de production d'énergie décarbonée est gigantesque, « plusieurs centaines de millions d'euros de chiffre d'affaires à terme ». Avec en ligne de mire notamment, les grands fleuves d'Amérique du Sud ou d'Afrique ainsi que les espaces maritimes.

Le business model futur devrait intégrer de la vente d'hydroliennes bien entendu mais aussi l'exploitation d'une partie au moins des machines.

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