Pourquoi vivons-nous une époque formidable par Pascal Picq

Pascal Picq. Parler d’une époque formidable alors qu’on a plutôt l’impression de vivre une période de tous les dangers frise l’inconscience, au mieux la provocation. Un paradoxe que défend le paléoanthropologue Pascal Picq. Il participera le 7 octobre prochain lors du Forum Une époque Formidable organisé par La Tribune au Théâtre des célestins. En amont de son intervention, nous vous proposons de commenter cette tribune. Certaines de ces remarques et interrogations seront reprises lors du débat : "Biodiversité et climat : Le capitalisme sauvera-t-il ce qu'il a détruit ?".
(Crédits : DR)

Nous vivons une époque formidable dans le sens où elle interroge le devenir de notre espèce Homo sapiens sur une planète qui, n'en déplaise aux climatosceptiques et ignorants de ce qu'est l'évolution, subit des contraintes imposées par notre succès évolutif qui mettent en danger notre survie.

Une époque formidable parce que, et sans occulter les problèmes, l'humanité n'a jamais aussi bien vécu sur la Terre et que nous sommes dans une situation inédite dont l'issue n'appartient qu'à nous, les humains : soit bâtir un nouveau monde pour les générations futures ; soit continuer sans s'en soucier.

Ce qui nous amène à cette question : quel système socio-économique est responsable de la situation actuelle ? Est-il apte à répondre aux défis qu'il a engendrés ?

Le capitalisme tout désigné ?

Le responsable et coupable tout désigné serait le système capitalisme devenu international. Comme, depuis le début du XXIe siècle, le système capitalisme a triomphé de tous les autres systèmes qui se sont opposés, souvent violemment, au cours du XXe siècle, il se trouve investi de toutes les responsabilités que ce soit pour le passé, le présent et le futur.

Alors, est-ce que le capitalisme est responsable de tout ce qui est advenu et est-il capable de se transformer pour proposer des solutions pour l'avenir de l'humanité ? Malheur au vainqueur !

La domination de l'économie de marché depuis la fin XXe siècle place ce qu'on appelle le capitalisme dans une situation de responsable de tous les sévices infligés à notre planète.

Est-il, à la fois par essence et par mode de fonctionnement, capable de s'adapter aux conséquences de son succès fulgurant et d'apporter des solutions pour un avenir souhaitable ?

Capacité d'adaptation ?

Sans vouloir exonérer le libéralisme économique de ses responsabilités, les autres systèmes n'ont hélas pas un meilleur bilan à proposer pour les atteintes aux biodiversités et leurs contributions à l'environnement dans toutes ses composantes. Mais, quel que soit le système politico-économique, une même dynamique les animait jusque-là : le progrès pour la société.

On ne peut pas avancer sur ces questions des biodiversités et du climat sans traiter celle du social. Depuis les Lumières, la domination du monde occidental s'est construite sur les sciences, les techniques, les industries et le commerce dynamisé par l'idée de progrès le l'Homme par l'Homme.

Et cette idée de progrès, inscrite dans l'Humanisme et dont on retrouve une conception exacerbée dans la mouvance transhumaniste, repose sur le « solutionnisme » : il appartient au génie humain, notamment par l'innovation sociale et technique, d'inventer les solutions pour s'extraire des contraintes de sa condition, qu'elle émane d'une création ou d'une évolution.

Globalement, progrès, croissance, santé, espérance de vie, liberté, éducation, loisirs, tout cela s'est accompli et le monde entier s'est rangé dans une pseudo-logique de l'histoire ; Marx a perdu, Hubert Spencer, le chantre de ce qui deviendra le néolibéralisme et le darwinisme social, a gagné. Désormais, le débat ne se situe plus entre systèmes, mais au sein du système capitaliste et ses composantes. Son triomphe le place devant des obligations éthiques, sociales et, ce qui est nouveau, environnementales.

Les éléments idéologiques qui opposaient les différents systèmes politico-économiques jusqu'à la fin du XXe siècle se retrouvent dans sa sphère, moins idéologiques et plus pragmatiques, certes, l'idéalisme y perdant devant le réalisme. Alors si le capitalisme en soi n'est pas responsable de tous les problèmes actuels, il devient responsable des solutions à leurs résolutions.

Si les néolibéraux spencériens contempteurs d'un capitalisme responsable sur le plan social et environnemental se revendiquent de Charles Darwin, qu'ils sachent qu'ils n'ont rien compris aux théories darwiniennes et que Charles Darwin détestait Spencer.

S'il y a bien une leçon qu'ils devraient retenir de Darwin, c'est que l'une des principales aptitudes pour survivre est de s'adapter aux conséquences du succès. Cela passera par une révolution idéologique et humaniste basée sur une coévolution économique, sociétale et environnementale.

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Commentaires 3
à écrit le 26/09/2019 à 7:21
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La plaie du monde actuel, c'est l'humanisme, qui encourage la surnatalité. Cette doctrine mortifère nous mènera à notre perte, sous couvert de bons sentiments.

le 28/09/2019 à 10:14
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Ne vous en déplaise, ce n'est pas l'humanisme qui encourage la surnatalité en notre époque mais le capitalisme actuel qui a besoin de débouchés pour ses produits pas de débouchés = pas de croissance or je ne vous apprends rien (si vous avez travail...

à écrit le 26/09/2019 à 5:58
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qui ne sera pas, car le capitalisme, c'est la concentration des richesses et du pouvoir entre quelques personnes qui ne sont que des personnes. Elles ont accumulé un magot, le "fruit de leur talent et de leur labeur" pensent elles, et elles ne change...

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