Au plus toqué d'entre nous

Par André Marcon, Président de CCI France.

En démarrant cette lettre c'est le mot de Saint-Exupéry qui me revient à l'esprit : « On est de son enfance comme on est d'un pays. » Et pour toi les deux sont intimement liés. Attaché à ta terre, à tes racines auvergnates, depuis longtemps déjà tu rends au centuple à Saint-Bonnet-le-Froid ce que le village qui t'a vu naître et grandir t'a donné. Nécessaire et juste retour des choses, dirais-tu sans doute, car tu es un homme de fidélité.

Lire l'histoire de quelqu'un qui travaille

Je n'aurais pas forcément parié que mon frère - qui préférait à toute chose la vivacité des jeux de plein air - deviendrait un triple étoilé au Michelin dont la renommée attirerait la lumière sur notre village. Sans doute la passion pour la création et ce premier prix au concours de pâtisserie lorsque tu étais apprenti, sous la houlette d'un professeur que tu admirais, t'ont guidé dans la voie. Peut-être n'y a-t-il pas tout à fait de hasard. Tu as récemment ajouté à l'hôtel-restaurant, au spa, au bar à vin et aux gites, la Chanterelle, une pâtisserie-salon de thé où tu fais la part belle aux émotions sucrées. Ta madeleine à toi, en quelque sorte.

Ecrire ta carrière, ces 30 dernières années, c'est faire lire l'histoire de quelqu'un qui travaille avec persévérance, patience et ambition à la fois, pour casser les Baraques (pardon, futurs lecteurs, qui n'êtes peut-être pas encore familiers de notre région et de son patrimoine naturel. Mais il s'agit d'un référence au col des Baraques, culminant à 1 074 mètres et lieu d'observation privilégiée des oiseaux, que je tente ce mauvais bon mot pour signifier que tu as su prendre ton envol et entrainer avec toi une spirale de succès). Car si tu es entré dans la course, après ton tour de France pour te former, c'était pour faire de notre commune bien plus qu'une étape annuelle du rallye Monte-Carlo.

S'installer sur un territoire, c'est poser un acte de confiance

Et des bonnes nouvelles des territoires - selon la formule chère à notre ami l'économiste Michel Godet - notre pays en a besoin pour retrouver le chemin de la croissance.
S'installer sur un territoire, rural a fortiori, c'est poser un acte de confiance. C'est croire dans son potentiel et dans les hommes et les femmes qui le font vivre. C'est créer de l'emploi, de l'activité, de la visibilité. De la richesse, en somme. C'est aussi vouloir en booster l'attractivité et en faire reconnaître les forces. Saison après saison, tu exaltes les produits du terroir, tels ces champignons, en grand ordonnateur de la foire qui réunit chaque premier week-end de novembre en une cérémonie rituellement profane grands et petits, jeunes et vieux, amateurs et experts.

Depuis que tu es aux fourneaux, avec ton fils Jacques à présent, tu n'as eu de cesse d'investir, donc de faire travailler et valoriser les savoir-faire et les talents locaux et régionaux. En tant que maire de la commune, je m'en réjouis (au premier chef évidemment !). L'amour de l'art, l'art de l'amour des autres, pour favoriser et fortifier le bien-vivre ensemble... C'est peut-être cela aussi, cher Régis, être un grand chef.

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