Les citoyens intègrent les citoyens

La prévention de la récidive, point important de la lutte contre la délinquance, confiée uniquement à des dispositifs sociaux et à l’institution judiciaire et pénitentiaire, atteint ses limites. Il devient donc nécessaire de repenser l’implication de la société dans le processus de sortie de la délinquance et de retour à une vie ordinaire

De la même façon que la condamnation et la peine sont l'affaire de tous, puisque les jugements sont prononcés au nom des citoyens, la resocialisation doit être l'affaire de chacun d'entre nous.
La condamnation et la peine sont des éléments constitutifs du sentiment de sécurité d'une société. Ils sont aussi nécessaires à la prise de conscience par le condamné de la gravité de ses actes et du tort fait aux victimes. Il n'est pas question de les supprimer mais de les utiliser comme points de départ d'une réintégration durable.

Alternatives

Chez les magistrats, la volonté existe déjà de rechercher des alternatives à l'emprisonnement et des peines de substitution mais les moyens donnés sont insuffisants et il manque des passerelles entre le monde judiciaire et le monde économique. De la même façon le régime pénitentiaire qui a commencé sa mutation, doit devenir plus humain. Tâche difficile, car la privation de liberté crée inéluctablement d'énormes tensions, mais tâche absolument indispensable pour ouvrir le chemin de la resocialisation. Comment changer la donne ? Une voie consiste à rapprocher cette institution du reste de la société en créant des liens au travers d'associations et  avec des entreprises  publiques et privées. Beaucoup de structures sont déjà actives dans ce secteur mais la plupart interviennent après la libération. Peu sont présentes en amont, au stade du jugement et de l'incarcération. La présence du secteur associatif apporte un lien avec le monde extérieur et plus d'humanité à un monde carcéral souvent artificiel et parfois anormal. L'administration ne doit pas craindre ces contacts dont elle garde la maîtrise et qui facilitent sa tâche. Elle doit admettre aussi que la réinsertion est l'affaire de professionnels spécialisés mais aussi de l'ensemble de la société. Les bénévoles partagent un temps d'échange et apportent un savoir spécifique par leurs parcours, leurs professions, leurs engagements. Par leurs expertises, ils donnent un complément pertinent à l'accompagnement fourni par le système judiciaire et pénitentiaire. Ces bénévoles ont une seconde mission aussi importante que la première : leur connaissance du milieu carcéral leur permet de diffuser à l'extérieur une image moins diabolique des délinquants. Ils sont ainsi les premiers acteurs d'une diminution des peurs et des rejets.

La resocialisation dépend d'une société bienveillante

C'est la condition indispensable pour que des personnes marginalisées puissent retrouver une place. Cette bienveillance s'exprimera à plusieurs niveaux. Des associations spécialisées, servant de sas à la sortie de prison devront développer des formes d'accompagnement les plus éloignées possible de l'assistanat. L'objectif d'une réinsertion réussie est un retour à une vie autonome et ordinaire. Cela prend du temps. Les accompagnements doivent donc s'inscrire dans la durée et offrir des réponses à l'ensemble des questions posées : équilibre personnel, logement, emploi. Ainsi le social ne peut pas être une exclusivité de spécialistes mais un défi et un devoir pour tous les citoyens. Nous devons également comprendre qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises causes en fonction des personnes concernées. Chacun, suivant sa sensibilité, sera plus efficace dans un secteur ou dans un autre, sans jugement de valeur. N'oublions pas que l'homme, responsable, est toujours capable de changer et de s'améliorer.

Des besoins d'appuis

Pour atteindre ses objectifs, le secteur associatif a besoin de l'appui et des apports du secteur économique. Le monde de l'entreprise doit apporter des moyens financiers et mettre à disposition des associations des experts, des tuteurs, des formateurs... Ils accompagneront vers l'emploi les personnes qui en sont éloignés.Les employés engagés dans ces actions seront les interprètes des personnes accompagnées vis-à-vis de l'ensemble du personnel. Cette acceptation des différences aura des effets positifs sur les relations humaines à l'intérieur même de l'entreprise. Dans une période où les fonds publics se réduisent drastiquement, les entreprises apportent des compléments indispensables et plus pérennes que les subventions d'Etat. Quels retours peuvent-elles en attendre ? Un meilleur ancrage dans la société, une image d'engagement dans des causes difficiles et sans retour économique immédiat, un climat interne tourné vers l'acceptation des différences, éventuellement des apports de main-d'œuvre dans des secteurs en tension.  C'est par ce changement d'attitude de l'ensemble de la société que l'on peut donner espoir à ceux qui souhaitent sortir de la délinquance et espérer une baisse sensible de la récidive. Paradoxalement, c'est en parvenant à vaincre nos peurs et nos rejets que nous renforceront durablement notre sentiment de sécurité.

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