Emmanuel Macron dans la Loire : 800 millions d'euros pour la robotique, annoncés chez Siléane

Une semaine après avoir esquissé les contours du plan France 2030, Emmanuel Macron est présent dans la Loire ce lundi 25 octobre. Le président de la République a profité de sa visite, en particulier au sein de la société de robotique industrielle Siléane, pour présenter son plan pour la robotique, doté de 800 millions d'euros dont 400 pour les robots embarquant de l'intelligence artificielle, comme ceux de Siléane justement. En raison de son passé industriel, le choix de la Loire pour illustrer l'industrie du futur n'est pas anodin.
(Crédits : Pool/Le Progrès)

(Article publié le 25/10/2021 à 7:00, mis à jour à 14:00)

Il s'agissait non seulement du premier déplacement d'Emmanuel Macron dans la Loire mais aussi de la première opération « service après-vente » du président, suite à son discours dévoilant les grandes lignes de France 2030.

Parmi les objectifs de ce grand plan à 30 milliards d'euros sur cinq ans qui doit permettre à la France de retrouver notamment le chemin de son indépendance industrielle et technologique, figurait justement le développement de la filière robotique.

Un secteur sur lequel le pays a perdu trop de places, selon l'Elysée. Le guichet unique "industrie du futur" mis en place dans le cadre de France Relance, - avec 8.000 projets de modernisation soutenus (soit un tiers des PME industrielles françaises)-, en est d'ailleurs une parfaite (et décevante) illustration.

Si ces investissements ont effectivement permis de renouveler un parc français vieillissant (17 ans en moyenne dans les PME) et d'améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises hexagonales, une partie non négligeable de ces investissements soutenus par l'Etat français est venue alimenter la balance export de pays étrangers. Notamment de l'Allemagne, dont le leadership en matière de fabrication de machines et robots industriels n'est plus à démontrer, mais aussi celle de plusieurs pays asiatiques.

Vers l'émergence d'une filière robotique d'excellence

"Nous souhaitions avancer rapidement pour avoir un effet de relance", justifie l'Elysée. " France 2030, c'est désormais une logique différente, nous voulons que la modernisation passe aussi par le développement d'acteurs français". Avec comme premier jalon, l'émergence d'une filière robotique d'excellence que l'Elysée imagine à l'image de Siléane.  C'est donc par la visite de cette PME stéphanoise qu'Emmanuel Macron, accompagné d'Agnès Pannier-Runacher (ministre déléguée à l'industrie) et de Bruno Le Maire (ministre de l'économie), a entamé son parcours ligérien car elle est, toujours selon l'Elysée, représentative de la robotique française de demain.

Il a choisi cette visite pour annoncer officiellement le lancement imminent d'un appel à projets spécifique à la robotique, dans le cadre du plan France 2030. Un appel à projets qui sera doté de 800 millions d'euros dont 400 millions pour booster le développement de robots embarquant de l'intelligence artificielle.

L'Elysée compte sur ces spécialistes de la robotique pour nouer des partenariats avec des groupes industriels et des entreprises plus modestes, afin d'améliorer la compétitivité globale de l'économie française. "Nous allons aider au déploiement d'une transformation industrielle qui permettra de réindustrialiser la France, plutôt que de regarder les solutions d'il y a 30 ans", a indiqué le chef de l'Etat, lors de cette visite.

Sileane, à la pointe de l'innovation robotique

Créée il y a une vingtaine d'années par Hervé Henry, Siléane (100 salariés ; CA 2021 attendu : 20 millions d'euros) développe des robots industriels associant vision et intelligence artificielle, capables de gérer des contextes aléatoires grâce à sa gestuelle adaptative.

Ses secteurs de prédilection : le tri des déchets, le chargement de machines, la logistique, le dévracage, les produits frais, la santé (conditionnement de poches de transfusion par exemple) etc. Elle a, par exemple, remporté fin 2020 un contrat de plusieurs millions d'euros avec un fabricant français de paracétamol pour une nouvelle ligne de conditionnement.

Les innovations de Siléane avaient déjà été identifiées par l'Europe. La PME stéphanoise est en effet lauréate du dernier appel à projet EIC Accelerator Pilot (ex-instrument PME du programme Horizon 2020).

Elle va recevoir une subvention de 2,3 millions d'euros pour développer un robot autonome de tri des déchets nucléaires. Un prototype est déjà installé à la Hague pour le compte d'Orano, l'ambition est désormais d'accélérer les étapes jusqu'à l'industrialisation, grâce à une enveloppe globale d'investissement de 4,5 millions. Trois millions avaient déjà été investis dans ce projet ces six dernières années.

"Cette subvention va nous permettre d'accélérer la R&D sur l'aspect intelligence artificielle, de nous structurer, d'investir dans une nouvelle extension de nos bâtiments mais aussi d'aller chercher toutes les certifications nécessaires. Ce secteur du nucléaire est en effet hyper réglementé", souligne Hervé Henry.

L'enjeu est majeur puisqu'on estime à 12 millions de m3 le volume de déchets nucléaires à traiter à l'horizon 2020, issus de l'exploitation des centrales mais surtout de leur démantèlement. Siléane espère plusieurs dizaines de millions d'euros supplémentaires de chiffre d'affaires, grâce à ce robot, d'ici 10 ans.

Une stratégie de maillage du territoire français,

Au-delà de ces grands projets, Siléane a probablement également retenu l'attention des conseillers d'Emmanuel Macron en raison de son implantation "dans les territoires", démontrant ainsi, si c'était nécessaire, que l'innovation n'est pas l'apanage des startups parisiennes.

D'autant que la PME déploie depuis peu une stratégie de maillage du territoire français, pour ne plus servir uniquement les grands projets industriels mais irriguer également des entreprises de taille plus modeste, à travers toute la France. La première pierre à l'édifice de cette nouvelle stratégie a été posée courant 2020 avec une prise de participation au capital de la PME lyonnaise Robsys.

La seconde pierre a été posée tout récemment avec la reprise de l'entreprise normande Visionic, fabricante de machines de contrôle. Pour 2021, Siléane vise un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros, 40 millions pour 2025.

La friche Gégé, autre exemple de reconversion des friches industrielles

Après Siléane, le président a pousruivi son périple ligérien à Montbrison pour décerner l'Ordre du Mérite à l'entrepreneur François Pralus et découvrir le projet de la friche Gégé. Désertée depuis plus de 40 ans, cette verrue industrielle d'1,5 hectares - abandonnée par le fabricant de poupées en 1979 -, va bénéficier d'un programme complet de reconversion.

Au menu de cette transformation : des logements locatifs et des logements en accession à la propriété, des commerces, une crèche, de nouveaux espaces publics etc. Montant de l'investissement : 16,9 millions d'euros dont 1,5 million financé par la première édition du fonds friches (France Relance).

Ce fonds, initialement doté d'une enveloppe de 300 millions d'euros a finalement été doublé cet été, devant le succès remporté (600 projets sélectionnés - 1.600 hectares recyclés pour la production de 4 millions de m² de logements et 2,5 millions de m² à usage économique). Le deuxième appel à projets a été clôturé la semaine dernière et les lauréats seront dévoilés mi-novembre. 1.200 projets ont été présentés, soit autant que sur la première édition.

La friche Gégé a été retenue pour la visite d'Emmanuel car elle illustre d'une part le pan reconversion des friches du plan France relance mais s'inscrit aussi dans le programme "Action Cœur de Ville"  engagé par le gouvernement et visant à redynamiser les centres des petites et moyennes villes. Montbrison avait ainsi signé en 2018 une convention cadre abondée à hauteur de 9,5 millions d'euros par l'Etat, l'Anah, Action Logement et la Banque des Territoires.

Le président de la République a été accueilli ce matin, à l'aéroport de Saint-Etienne Bouthéon, par le maire LR de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole, Gaël Perdriau, pour un échange "républicain" de 45 minutes, en compagnie de Bruno Le Maire. L'édile stéphanois les a ensuite accompagnés lors de leur visite chez Siléane. A cette occasion, Gaël Perdriau a rappelé au Président de la République que le territoire attendait toujours une réponse officielle concernant le dossier de l'A45. Il a également proposé au président qu'une "réflexion de fond sur les mutations de la nature du travail soit enfin lancée". Car "dans une financiarisation croissante de l'économie, les individus perdent toute utilité dans le schéma de production dominant aujourd'hui, les conduisant à une situation de désespoir social proprice à tous les extrêmes".

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Commentaire 1
à écrit le 09/11/2021 à 20:27
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Pas de jeunes 18 ans en math physique chimie, pas d ia ou de d éditorialiste pour la vision ou le tri des déchets nucléaires , pas de cursus formation pas de succès

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