Auvergne Rhône-Alpes : ces friches qui pourraient renaître sous l'impulsion de France Relance

650 millions d'euros vont être débloqués par l'Etat d'ici 2022, dans le cadre de France Relance, pour le recyclage des friches. Auvergne Rhône-Alpes a particulièrement tiré son épingle du jeu, tant du côté de l'appel à projets "Reconversion des friches polluées" piloté par l'Ademe, ou de celui sur le "Recyclage foncier des friches". Car en raison de son histoire industrielle ancienne et fournie, la région doit en effet répondre, plus que d'autres, à une problématique qui concerne à la fois petites et grandes friches de son territoire.
AURA s'est taillée une belle part à la fois dans l'appel à projets Reconversion des friches polluées piloté par l'Ademe -puisque la région représente un tiers des projets retenus à l'échelle nationale-, mais aussi dans l'appel recyclage foncier des friches, où l'on compte, parmi les 46 lauréats, des dossiers comme celui de la Friche Gégé à Montbrison (42).
AURA s'est taillée une belle part à la fois dans l'appel à projets "Reconversion des friches polluées" piloté par l'Ademe -puisque la région représente un tiers des projets retenus à l'échelle nationale-, mais aussi dans l'appel "recyclage foncier des friches", où l'on compte, parmi les 46 lauréats, des dossiers comme celui de la Friche Gégé à Montbrison (42). (Crédits : Epora)

La reconquête des friches industrielles se pose aujourd'hui comme un enjeu majeur d'aménagement durable des territoires. Tant en termes de revitalisation qu'en termes de maîtrise de l'étalement des sols artificialisés.

Les millions de m² laissés vacants au sein de friches en perdition - en centre-ville comme en périphérie urbaine ou sur des espaces ruraux -, deviennent de moins en moins acceptables dans un contexte d'ambition nationale de "zéro artificialisation nette" inscrite dans le projet de loi Climat et Résilience.

Un enjeu dont les territoires sont désormais clairement conscients à en croire le succès rencontré par l'appel à projets "recyclage foncier des friches" lancé en décembre dernier par l'Etat, dans le cadre du plan de relance, pour accompagner financièrement la reconversion, souvent couteuse, de ces friches.

A tel point d'ailleurs, qu'au vu du nombre de dossiers déposés ces derniers mois, l'Etat a décidé de doubler l'enveloppe de 300 millions d'euros initialement prévue. 300 millions seront ainsi alloués dès cette année, et 350 de plus en 2022. Au total, 544 projets vont bénéficier cette année d'une subvention. Ils ont été officialisés début juin.

Ces opérations permettront de traiter 1.300 hectares de friches et de générer plus de 3.4 millions de m² de logements ainsi qu'1,6 millions de m² de surfaces économiques.

46 dossiers retenues dans la région

Dans cette dynamique, Auvergne-Rhône-Alpes n'est pas en reste. Plus de 120 dossiers ont été déposés, 46 ont été retenus pour un montant total de subventions de 28,69 millions d'euros.

Des chiffres qui, selon la Préfecture de Région, reflètent "la prégnance des enjeux de recyclage foncier en Auvergne-Rhône-Alpes, pour répondre aux besoins de renouvellement dans les secteurs à forte pression démographique et économique, parfois conjuguée à des contraintes géographiques majeures et de reconversion d'anciens bassins industriels".

Parmi les projets lauréats, on compte celui de la Friche Gégé à Montbrison (42) par exemple. Ce site emblématique du fleuron industriel de la confection de poupées, implanté en centre-ville, accueillera à terme des logements sociaux, un pôle médical et un restaurant scolaire. Une opération inscrite par ailleurs au programme "Action Cœur de Ville".

Autre exemple : le site militaire d'Ostérode à Rillieux-la-Pape (69) qui va être transformé en ressourcerie, capable de traiter 280 tonnes d'objets par an et générera 89 emplois dont 14 en insertion.

On peut également citer le projet d'aménagement du secteur de la gare à Modane (73), ou celui de la grande plaine Bamba à Clermont-Ferrand (63) visant à passer d'un quartier à l'habitat social déqualifié à un écoquartier. A la manœuvre pour coordonner ces projets, la DREAL.

De nombreuses friches polluées à éradiquer

Mais si la région a été bien servie globalement sur cet appel à projets "Recyclage foncier des friches", c'est sur la partie "Reconversion des friches polluées" qu'elle a vraiment fait grimper les compteurs.

Ce fonds, piloté par l'Ademe, est comptabilisé dans l'enveloppe globale des 650 millions mais a été doté spécifiquement de 40 millions d'euros (contre 3 à 5 millions annuels habituellement).

Destiné aux anciens sites industriels ICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement) ainsi qu'aux anciens sites miniers, il va accompagner, en 2021, les travaux de 36 projets en France (soit 165 hectares qui génèreront 300.000m² de logements et 400.000 m² d'espaces économiques).

Sur ces 36 projets retenus par l'Ademe au niveau national, un tiers concerne la région Auvergne-Rhône-Alpes... soit bien au-delà donc du poids économique du territoire. 18 dossiers avaient été déposés, pour un total de subventions de 6,8 millions d'euros.

"Historiquement, la région AURA a toujours été très industrialisée. Après l'Ile-de-France, c'est elle qui peut avoir potentiellement le plus de sites pollués", justifie Florian Philippon, chef de projets SFUSP (Services Friches Urbaines et Sols Pollués) pour l'Ademe AuRA et Bourgogne.

Autre explication de ce nombre très important de lauréats régionaux : "Auvergne Rhône-Alpes est très dynamique économiquement, les demandes d'espaces fonciers sont fortes, cela motive et attire les projets de reconversion".

Parmi les projets retenus, celui de Saint-Denis de Cabanne (42) pour la reconversion de l'ex-site Altrad en une quarantaine de logements. "C'est l'exemple typique d'une petite commune qui s'est retrouvée avec une friche importante en plein cœur de son centre-ville", commente Florian Philippon.

Le chef de projets de l'ADEME cite également le projet Applifil à Vichy (03) pour une transformation en logements et cité judiciaire. C'est ce dossier, justement, qui a décroché la subvention la plus importante dans la région : 1,6 million d'euros.

A noter également, la réhabilitation de l'ancien site Trefimetaux à Pont-de-Cheruy (logements, commerces et bureaux) ou encore le projet porté par la CNR à Lyon pour son hôtel logistique urbain (ex-site STEF et Transalyon).

Les points noirs de la reconversion : les petites friches et les territoires ruraux

Malgré cet excellent score, il reste encore de nombreuses friches polluées à recycler dans la région. Florien Philippon pointe des enjeux importants pour les espaces urbains dont l'étalement a encerclé des activités industrielles qui ont dû déserter, laissant derrière elles des verrues parfois en plein cœur de ville.

"Le sujet est également majeur pour des territoires comme la Vallée de l'Arve ou l'Auvergne. Les industries s'y étaient installées massivement autrefois, près des cours d'eau. Aujourd'hui, la désindustrialisation a fortement impacté certaines communes, il faut les accompagner pour relancer une dynamique positive".

Et de remarquer qu'à Lyon, "les friches trouvent quant à elles rapidement de nouvelles destinations, mais France Relance permet aussi de soutenir des territoires ruraux pour lesquels la pression foncière est moins importante et dont la reconversion s'avère plus difficile".

Florian Philippon signale ainsi que la Loire, le Rhône et l'Isère sont les trois départements d'AuRA à compter encore le plus de friches polluées, sans que ce soient pour autant ceux pour lesquels la reconversion est la plus ardue.

"La problématique est plutôt du côté des territoires ruraux, ou difficiles d'accès, qui ne correspondent plus forcément aux nouveaux standards économiques menant aux regroupements et aux pôles économiques. Celles qui poseront le plus de problèmes sont les petites friches".

En effet, les plus importantes, éloignées des villes, ont souvent déjà été captées par des projets photovoltaïques. Aujourd'hui, il reste évidemment celles qui intéressent le moins les investisseurs privés. "Les collectivités locales, accompagnées d'acteurs comme Epora, la SERL, EPFL 73 et l'Ademe, sont donc en première ligne", glisse-t-il.

Un nouvel appel à projets pour le recyclage des friches sera lancé en octobre 2021, pour un déblocage des fonds courant 2022.

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