Précarité : "Quand l'entreprise va bien, elle a un rôle sociétal à jouer" (Alain Mérieux)

Créé il y a quatre ans, le collectif l'Entreprise des possibles réunit à ce jour 135 entreprises et a déjà récolté 4,1 millions d'euros pour soutenir une soixantaine de projets associatifs déjà existants. Une mobilisation jugée nécessaire et dans la mission sociétale des entreprises, estime son fondateur Alain Mérieux. "On ne peut pas réussir une entreprise si, quand on sort de son bureau, on voit des gens en détresse. La réussite est globale et totale, ou bien elle n'existe pas".
On ne peut pas réussir une entreprise si, lorsqu'on sort de son bureau, on voit des gens en détresse. La réussit est globale et totale, ou bien elle n'existe pas, considère le chef d'entreprise Alain Mérieux.
"On ne peut pas réussir une entreprise si, lorsqu'on sort de son bureau, on voit des gens en détresse. La réussit est globale et totale, ou bien elle n'existe pas", considère le chef d'entreprise Alain Mérieux. (Crédits : DR Capture écran)

Le collectif l'Entreprise des possibles, créé par Alain Mérieux, travaille depuis quatre ans pour venir en aide aux sans-abris et personnes en difficultés de l'agglomération lyonnaise.

En tout, 135 entreprises ont rejoint le collectif et ont soutenu 60 projets avec 4,1 millions d'euros consacrés. En 2022, 3.500 personnes ont été aidées. Alain Mérieux vise plus du double l'an prochain, avec l'objectif d'arriver à 10.000 personnes aidées en 2023.

Travailler avec le tissu local

L'Entreprise des possibles s'est fixée pour mission de partir de l'existant et du terrain pour y apporter la force de frappe et la réactivité des entreprises."On a été prudents dans notre approche, étant donné qu'il y a, sur Lyon, un réseau associatif de gens remarquables. Il manquait peut-être juste la force de l'entreprise pour entrer dans ce terrain d'action. Il fallait mobiliser les entrepreneurs", explique Alain Mérieux.

Trois principes régissent aussi le collectif, qui se concentre sur les dons humains, financiers et immobiliers. "On a voulu créer une plateforme entre le monde de l'entreprise et le monde associatif avec trois volontés : rassembler, décloisonner, innover."

Avec la crise du Covid, l'inflation, la hausse des coûts de l'énergie, la guerre en Ukraine, les besoins risquent aussi d'augmenter. Pour 2023, l'Entreprise des possibles se concentrera sur deux priorités : "Les femmes à la rue avec enfants et les jeunes en déshérence, parce qu'il y a un trou d'air quand ils passent les 18 ans."

Pour ces deux champs d'actions, 1,1 millions d'euros ont été réunis pour 19 nouveaux projets. Malgré ces des nouvelles priorités, "notre principale action, c'est sur l'accès au logement."

Le tout, en passant via les réseaux d'entreprises et le savoir-faire des associations. "Les associations savent faire. S'occuper des sans abris, c'est un travail, ça ne s'improvise pas. Nous on peut leur apporter le supplément : on réagit vite, on peut apporter rapidement de l'argent et mobiliser les collectivités, la Préfecture..."

Le collectif veut aussi comme un facilitateur : "Il faut faire sauter les tabous. Par exemple, dans le dossier de la rue Sala à Lyon, il a fallu faire sauter les verrous de gens qui refusaient de s'occuper des autres. En plein quartier bourgeois, on a maintenant une quarantaine de femmes accueillies avec des enfants. "

La responsabilité des entreprises

Autre exemple, l'entreprise Starterre, adhérente à l'Entreprise des possibles, a reversé 400.000 euros pour soutenir l'action des associations qui viennent en aide à l'Ukraine. "Mon rôle ce n'est pas de faire ce que ont très bien les autres, c'est de mettre en commun nos ressources. [...] Les idées viennent du terrain et nous, on les favorise."

Selon l'industriel de la biologie, les entreprises ont une responsabilité sociétale et il espère pouvoir en recruter bien plus que les 135 actuelles : "On devrait avoir plus d'entreprises. Quand l'entreprise va bien, elle a un rôle sociétal important, à la fois parce qu'on crée de la richesse, des emplois, mais aussi par rapport à l'environnement et aux gens qui souffrent. On ne peut pas réussir une entreprise si, quand on sort de son bureau, on voit des gens en détresse. La réussite est globale et totale, ou bien elle n'existe pas."

Un discours que maintient Alain Mérieux aussi dans son secteur d'activité. L'Institut Mérieux porte par ailleurs un projet d'investissement dans la bio production à 100 millions d'euros à Valence, par le biais de sa filiale, la biotech ABL, qui vise à donner une nouvelle vie au pôle Ecotox, comme nous l'évoquions déjà ici.

"Un pays qui n'est pas capable de faire face à ses besoins de santé n'est pas un grand pays. La France avait une tradition pharmaceutique et biologique forte, il ne faut pas le perdre, mais il faut que des gens qui aient envie de se battre", commente Alain Mérieux.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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