Bouclier tarifaire : "Le gouvernement doit aussi travailler sur les entreprises de moins de 20 salariés" (Vincent Gaud, CMA AuRA)

L'INVITE ECO. Avec des factures d'énergie multipliées par deux, voire dix, le secteur artisanal doit s'adapter. Sur le terrain, la CMA peut les aider à faire des diagnostics, mais aussi en demandant des aides à l’État, comme le souligne Vincent Gaud, président de la CMA Auvergne Rhône-Alpes. Récemment, le réseau CMA a aussi alerté sur le projet de loi de finances 2023, risquant de réduire leurs ressources. Président depuis un an, il porte aussi un plan de mandat tourné vers la neutralité carbone et l'international.
(Crédits : DR Capture écran)

Après la crise sanitaire, l'artisanat doit faire face à la crise énergétique. Mi-novembre, une dizaine de représentants de l'hôtellerie-restauration ont cosigné une lettre ouverte du président de Région, Laurent Wauquiez, adressée à la première ministre Elisabeth Borne, pour lui demander des mesures d'urgence d'accompagnement du secteur face à la hausse des coûts de l'énergie.

Vincent Gaud président de la Chambre des métiers et de l'artisanat Auvergne Rhône-Alpes a aussi signé cette lettre. Aujourd'hui, il n'y a "pas de réponse précise de la ministre, mais en tout cas une volonté de trouver des réponses pour nos artisans qui sont pleinement impactés."

"L'impact est énorme"

Car "l'impact est énorme", constate le président de la CMA AuRA. Le secteur de l'artisanat s'est "déjà battu pour avoir un bouclier tarifaire pour les entreprises de moins de dix salariés et de moins de deux millions d'euros de chiffre d'affaires. C'est une avancée importante. On demande maintenant au gouvernement de travailler aussi pour les entreprises de moins de vingt salariés, sans limite de chiffre d'affaires."

Concrètement, "ce sont des boulangers qui ne pourront pas ouvrir tous les jours, ou faire plusieurs fournées dans la journée, à cause des dépenses énergétiques liées à leurs fours." Les factures, selon les secteurs de l'artisanat sont multipliées par deux, voire dix pour l'industrie artisanale. "Dans la plupart des cas dans les petites entreprises, c'est fois deux ou fois trois", note Vincent Gaud.

Les bouchers-charcutiers se sont aussi regroupés hier devant l'Assemblé Nationale. "C'est compliqué. Je comprends le gouvernement dans une logique d'économie. Mais les artisans ont montré pendant le Covid qu'ils étaient là et, aujourd'hui, on a peut-être tendance à les oublier. Mais on va continuer à faire en sorte que le gouvernement nous entende."

Pour aider les artisans, la CMA met à leur disposition ses outils de diagnostic sur l'ensemble de tous ses flux. "On va faire un état des lieux et lui indiquer comment progresser soit en faisant des travaux (changer l'éclairage, mieux gérer ses déchets...)."

Pareil sur la ZFE : "On accompagne les artisans et on n'est pas contre, car il faut passer cette transition énergétique." En aidant à l'investissement, avec les aides régionales ou métropolitaines.

Les entreprises artisanales pourraient aussi disposer, en contrepartie, d'un avantage structurel : "Par rapport à une grande entreprise, l'artisanat a la chance d'avoir une capacité de réactivité. Mais le problème, c'est que dans l'artisanat les entreprises sont plus fragiles, moins structurées, avec moins de trésorerie."

Aussi, le panier moyen des consommateurs commence également à diminuer face à l'inflation. Chez les bouchers ou les boulangers, les clients se tournent vers les produits les moins chers. "Le risque, c'est que la chaîne va s'amplifier, avec des résultats difficiles."

Alerte sur le projet de loi de finances 2023

A l'occasion du Congrès des maires qui s'est tenu du 22 au 24 novembre, le réseau des CMA a aussi alerté sur le projet de loi de finances 2023 qui risque de réduire leurs ressources.

"Ce qui est en train de se passer est un peu injuste. Le réseau des CMA est établissement public administratif d'État. Actuellement, les artisans payent une taxe, dans le cadre de leurs cotisations foncières des entreprises. Cette taxe, jusqu'à maintenant, redescendait à environ 90% dans les réseaux des CMA pour leur permettre de faire une offre de service quasi-gratuite. Le gouvernement, aujourd'hui, a décidé de nous reprendre une partie de la taxe, près de 60 millions d'euros sur cinq ans pour le réseau des CMA".

Et d'ajouter : "Nous trouvons cela injuste car les artisans ont été présents durant le Covid, nous sommes l'interlocuteur unique des ces petites entreprises et aujourd'hui, le gouvernement nous enlève une partie de la taxe dans son projet de loi de finances. Le risque est simple : nos services deviendront payants et nous seront moins présents sur les territoires."

Vinent Gaud est par ailleurs président de la CMA AuRA depuis un an. Il porte un plan de mandature 2021-2026. Parmi les points clé de ce plan, on retrouve : la neutralité carbone (pour les événements de la CMA), une poussée forte vers l'international, "car beaucoup d'artisans vont aussi à l'export". "Nous nous engageons également à ce qu'en 2026, trois fois plus de nos entreprises artisanales accueillent des apprentis" et à ce qu'il y ait un déploiement des maisons de l'artisanat et de l'entrepreneuriat partout en région. "Nous allons changer de communication et réinvestir les centre-villes."

Pour rappel, en AuRA la CMA compte 27 agences pour 700 salariés. "Un conseiller de la CMA est présent à moins de trente minutes de chaque artisan d'Auvergne Rhône-Alpes", se félicite Vincent Gaud.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

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Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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