"Nous étions allés en Ukraine pour trouver des développeurs" (Emilie Le Goff, Troops / French Tech Onelse)

L'INVITEE ECO. Elle a pris la tête de French Tech Onelse en juin 2020. Deux années mais aussi deux crises plus tard, l'une sanitaire l'autre géopolitique, Emilie Le Goff, co-présidente de French Tech One Lyon Saint-Etienne et pdg de la startup de Troops revient sur les défis des jeunes pousses lyonnaises. Pour Emilie Le Goff, qui était elle-même aller chercher un tiers de ses effectifs en Ukraine, le nerf de la guerre demeure en premier lieu encore le recrutement (et désormais la gestion de crise).
(Crédits : DR)

Les startups lyonnaises qui sont nées au cours des deux dernières années auront traversé deux épisodes inédits : la crise sanitaire d'une part, mais aussi les conséquences qui commencent à émerger de la guerre en Ukraine.

Et si la crise Covid aura plutôt eu tendance à faire émerger un vent de digitalisation "propice" aux jeunes pousses, soit "une accélération de 3 à 5 ans de la digitalisation" dans plusieurs applications, les impacts de l'invasion russe qui se poursuit actuellement aux portes de l'Europe font quant à elles peser de plus lourdes inquiétudes pour certaines jeunes pousses.

A commencer par Troops, la startup d'Emilie Le Goff, un éditeur de logiciels spécialisé dans les fonctions RH et l'intérim, dont près d'un tiers de ses effectifs sont habituellement basés en Ukraine.

"Nous étions allés chercher des compétences en Ukraine, et notamment des développeurs, car nous sommes en pénurie sur notre territoire. Nous étions allés à la fois à Barcelone, à Berlin mais aussi en Ukraine, car il existait justement beaucoup de compétences dans ce domaine", ajoute Emilie Le Goff.

Et trois semaines après que la Russie ait envahi le pays, celle-ci a dû commencer par gérer l'urgence, et notamment l'évacuation de ses salariés qui étaient répartis au sein de différentes grandes villes (Kiev, Odessa, etc). Certains auront pu quitter suffisamment tôt le territoire, "tandis que pour les autres et notamment pour les hommes, qui peuvent être mobilisés, nous avons pris des bureaux à la frontière slovaque, où ils peuvent rester dormir, en attendant qu'ils puissent éventuellement traverser". Avec l'objectif de les mettre en premier lieu en sécurité.

Les approvisionnements à surveiller

Pour l'heure, les impacts de ce conflit pour les startups sont encore divers car ils dépendent en premier lieu de l'existence ou non, d'équipes ou d'activités sur place, estime celle qui se pose aussi comme la co-présidente de French Tech Onelse.

Mais des questions à plus long terme se matérialiseront sûrement sur le terrain de l'économie et des approvisionnements, estime-t-elle. "Ce pourrait être le cas sur le déploiement à l'international notamment, pour les startups qui voulaient se développer dans les pays de l'Est, mais surtout en matière d'approvisionnements, notamment des produits technologiques, en lien avec les circuits électroniques, qui sont produits en Ukraine".

Sur la scène des startups, un tout autre défi de souveraineté, lui aussi, demeure : celui de faire émerger des licornes françaises, conformément à la feuille de route accordée à la mission French Tech depuis sa création en 2013. Presque dix années plus tard, si l'échelon national a déjà devancé son objectif en dénombrant désormais 26 licornes, ce n'est pas vraiment le cas en région, où les écosystèmes locaux peinent à franchir le cap.

Une mission : fabriquer des licornes

Lyon a su démontrer ses atouts, avec la présence de très grosses levées de fonds (Agicap), et en se positionnant aussi, à travers la Région Auvergne Rhône-Alpes, comme le second écosystème après Paris au sein du dernier classement FT120/Next40, qui résonne un peu comme le CAC40 des startups (avec des lauréats comme LumApps, Agicap, Amolyt Pharma, le réseau social Mym).  Mais que lui manque-t-il ?

Une chose est certaine pour Emilie Le Goff : la crise sanitaire aura très certainement surfé sur un vent d'exode urbain, partant du coeur des grandes métropoles comme Paris vers les villes moyennes et métropoles de province comme Lyon. A travers l'adoption du mode de visioconférence durant cette période également, elle estime que cette crise aura aussi permis aux investisseurs d'aller voir se qui se passe en région, et aux lyonnais de jouer dans la même cour que les parisiens.

Alors qu'on parle souvent de l'écueil du financement, les jeunes pousses lyonnaises auront tout de même levé 230 millions en 2021 au sein de 59 opérations (contre 67 millions et 44 opérations en 2019). Plus que l'argent, Emilie Le Goff pointe la question du recrutement qui demeure comme l'un des freins majeurs.

Retrouvez l'intégralité de l'interview en replay ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis cette rentrée pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 360 (Orange), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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Commentaire 1
à écrit le 16/03/2022 à 14:16
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Pourtant Grenoble est pas loin avec son université qui forme beaucoup d'informaticiens , mon BTS est Grenoblois.

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