Eclairage public : comment Thiers et d’autres villes du Puy-de-Dôme tentent d’alléger la facture

Alors que les prix de l’électricité ne cessent de grimper, de nombreuses collectivités modernisent leur éclairage public afin de réaliser des économies. Elles optent pour le remplacement des ampoules par des luminaires LED et/ou pour l’extinction des lampadaires la nuit. La ville de Thiers, dans le Puy-de-Dôme, vient de lancer un important chantier de rénovation de 2 millions d’euros avec l’objectif de réduire de 69% sa consommation électrique sur le centre ancien de la commune.
La ville de Thiers compte réduire sa consommation électrique de 20% grâce à la modernisation de son éclairage public.
La ville de Thiers compte réduire sa consommation électrique de 20% grâce à la modernisation de son éclairage public. (Crédits : DR David Derossis)

A Thiers, dans l'est du département du Puy-de-Dôme, ce sont 870 luminaires qui vont être remplacés à partir de cette année. La municipalité a voté, au printemps dernier, une modernisation de l'éclairage public. Le marché, attribué aux entreprises Citeos et Scie Puy-de-Dôme, prévoit notamment le passage de tous les points lumineux du centre historique en éclairage LED dernière génération, moins énergivore.

« Nous avons été accompagnés par un cabinet privé qui a réalisé un audit de notre éclairage. Nous avons dû faire un choix car nous n'avions pas les moyens financiers de remplacer tous les luminaires. Nous avons décidé de nous focaliser sur les éclairages les plus vétustes et ceux situés dans les zones les plus denses », détaille David Derossis, adjoint au maire de Thiers en charge de l'urbanisme et de la transition écologique.

Presque un quart des 4.000 points lumineux de la ville sont concernés, avec l'objectif pour la commune de réduire de 20% sa facture d'énergie. Et même de 69% sur le centre ancien. Pour cela, la municipalité envisage aussi de supprimer quelques mâts d'éclairage.

Lire aussiLes avantages économiques et environnementaux de l'éclairage LED

Grâce à cette rénovation, la ville d'un peu plus de 11.000 habitants devrait faire une belle économie, alors que sa facture globale d'électricité s'est élevée l'an dernier à 900.000 euros (495.000 en 2022 avant l'explosion des prix de l'énergie), dont 255.000 euros rien que pour l'éclairage public.

Projet coûteux de plusieurs années

La rentabilité de ce chantier de modernisation n'est, elle, pas attendue avant plusieurs années. Car cela va coûter plus d'1,4 million d'euros à la collectivité, auxquels s'ajoutent 600.000 euros pour la rénovation de l'éclairage des installations sportives et les feux tricolores. « C'est un investissement très conséquent pour notre commune. Nous sommes en train de monter des dossiers pour bénéficier de subventions, notamment grâce au fonds vert ou à Lum'ACTE », précise l'élu.

Le gouvernement vient justement de prolonger, pour cette année, l'aide aux collectivités Lum'ACTE pour la rénovation de l'éclairage public. Elle a déjà soutenu plus de 9.100 communes en France.

Lire aussi Rénovation des bâtiments, éclairage LED, déchets... la Bourgogne Franche-Comté répartit les subventions du « fonds vert »

Extinction de l'éclairage la nuit

La commune de Thiers a aussi pris la décision, en juillet dernier, d'éteindre un peu plus tôt l'éclairage de ses rues. Un effort de sobriété afin, là encore, de réduire la consommation électrique. La municipalité met en avant un éclairage juste, au bon moment, au bon endroit.

« L'extinction de l'éclairage la nuit a été mise en place en 2017 sur la commune. Mais nous avons décidé d'aller plus loin. Depuis l'an dernier, les luminaires s'éteignent à 22h dans les villages au lieu de 23h, c'est 23h30 contre minuit trente dans le centre-ville en hiver. La première année, cette extinction avait permis d'économiser 80.000 euros. Et puis, c'est aussi bénéfique pour la biodiversité. Nous prenons en considération la faune nocturne », explique David Derossis.

A Clermont-Ferrand, l'extinction de l'éclairage public entre minuit et 6 heures (effective depuis octobre 2022) a également permis de faire baisser la consommation énergétique. Soit - 18 % par rapport à l'année précédente, et cela alors que la ville pratiquait déjà un abaissement de 50 % de l'éclairage en milieu de nuit. Si les communes s'emparent de cette problématique, c'est que l'éclairage public est le deuxième poste de dépenses des collectivités locales après les bâtiments. Il représente jusqu'à 40% de la consommation électrique des collectivités. Ce sont 11 millions de points lumineux dans le pays, soit une puissance appelée de 1.300 mégawatts, l'équivalent de la puissance d'un réacteur nucléaire.

Autres communes lancées dans cette démarche

Cet intérêt croissant est confirmé par l'entreprise Scie Puy-de-Dôme, implantée à Courpière. C'est elle qui réalisera les travaux de rénovation pour la ville de Thiers. La société, spécialisée en premier lieu sur les réseaux de distribution d'électricité, exploite le réseau d'éclairage public de près de 70 communes dans l'est du département.

« L'an dernier, nous avons lancé une vingtaine de chantiers de rénovation d'éclairage public. L'opération la plus demandée, c'est le remplacement des luminaires. Car dans certaines communes, l'éclairage avait 20 ou 30 ans. Avec les Leds, les économies d'énergie sont de l'ordre de 50 à 80% pour les collectivités. Nous estimons que le retour sur investissement se fait dans les 5-6 ans », souligne Hugo Verdera, le dirigeant de Scie, filiale du groupe VINCI Energies depuis 2003.

Lire aussi Auvergne-Rhône-Alpes accélère sur les énergies décarbonées

L'entreprise d'une soixantaine de salariés (9 millions d'euros de chiffre d'affaires) met en place aussi des coupures d'éclairage ou des abaissements de puissance la nuit jusqu'à 50%. « Nous avons aussi la commune de Vertolaye qui a décidé de mettre en place un système de détection de présence sur un parking. L'éclairage s'allume en présence de riverains ou de voitures. Mais c'est encore à la marge car cela coûte plus cher, cela nécessite une technologie supplémentaire », continue le dirigeant, qui a bien conscience que les communes, si elles sont réceptives aux enjeux d'économie d'énergie, n'ont pour beaucoup pas la capacité financière pour investir. D'autres communes comme Thiers s'intéressent à la télégestion, pour piloter à distance les luminaires et être réactifs en cas notamment d'intervention des pompiers ou d'évènements festifs.

Recrutements

Face à cette demande, Scie est en train de structurer son service éclairage. Elle vient d'embaucher un technicien pour compléter son équipe de 10 personnes et pourrait réaliser d'autres recrutements dès cette année. « En trois ans, nous avons eu une croissance de 20% sur cette activité. Sur la partie éclairage, notre chiffre d'affaires sera de plus de 2,4 millions d'euros cette année », note Hugo Verdera. L'entreprise prévoit aussi de se développer sur la vidéosurveillance, les bornes de recharge électrique et sur le photovoltaïque avec notamment les ombrières solaires, rendues récemment obligatoires sur les nouveaux parkings accueillant du public.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.