Pour la première fois en 20 ans, Annecy augmente ses impôts locaux pour financer son virage environnemental

La ville d’Annecy augmentera ses impôts locaux à compter de l’année prochaine. Ce sera une première depuis une vingtaine d’années. Le maire écologiste François Astorg affirme n’avoir pas d’autre choix. Objectif : financer le plan d'investissement de 403 millions d'euros de la municipalité d'ici 2025. Quant à la principale formation d’opposition, Annecy Ensemble, elle critique une « explosion de la fiscalité », dans un contexte de flambée des coûts de l'énergie et de l'inflation.
(Crédits : CC/Wikemedia)

Le conseil municipal d'Annecy a entériné la volonté de l'équipe municipale du maire écologiste François Astorg d'augmenter la taxe foncière sur le bâti, qui passera de 28,29 % à 29,79 % à compter du 1er janvier 2023.

Cette hausse rapportera ainsi trois millions d'euros supplémentaires chaque année à la municipalité, auxquels s'ajouteront 800.000 euros issus de la hausse de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires, qui passera au maximum autorisé, soit 60 %, contre 20 % jusqu'à présent.

Ces augmentations serviront à financer le plan d'investissement de 403 millions d'euros de la municipalité d'ici 2025.

Et pour le maire d'Annecy, il n'y avait pas d'alternative possible. « Nous avons étudié la question en long, en large et en travers : nous avons validé cette décision en nous basant sur un principe de bonne gestion », explique François Astorg, en soulignant la baisse continue du taux d'épargne brute de la commune au cours des dernières années.

Car la répartition du financement du plan pluriannuel d'investissements s'établit ainsi : l'autofinancement permis notamment par la hausse du taux d'imposition du foncier bâti sera associé à une augmentation de l'endettement de la ville de 100 millions d'euros d'ici la fin du mandat, des subventions pour 50 millions d'euros, le versement de 20 millions d'euros par l'assurance suite à l'incendie de l'hôtel de ville (visant à financer sa rénovation), ainsi qu'une enveloppe de 20 millions d'euros en cessions de terrains et d'immeubles.

Objectif : financer un plan pluriannuel de 403 millions d'euros

A travers ce plan pluriannuel d'investissements de 403 millions d'euros sur cinq ans, la municipalité annécienne s'est fixée plusieurs priorités : avec, parmi elles, la rénovation énergétique et la modernisation des bâtiments qui seront privilégiées, à travers une enveloppe de 71,5 millions d'euros, dont 30 millions pour la rénovation de l'hôtel de ville incendié en 2019, et 14 millions d'euros pour sortir du diesel la flotte communale de 700 véhicules.

Les investissements sont également orientés vers les aménagements urbains (70,5 millions d'euros), les équipements sportifs (56,5 millions d'euros, dont 37 pour le centre nautique des marquisats), les équipements scolaires et de la petite enfance (45,8 millions d'euros), la culture (41,1 millions d'euros, dont 24 millions d'euros pour le projet des Haras en lien avec la filière de l'animation). La tranquillité publique et la sécurité recevront 10,5 millions d'euros, notamment pour la construction d'un commissariat et la vidéosurveillance.

La municipalité fera l'acquisition de réserves foncières, dans ce territoire très tendu sur le plan immobilier, pour un montant de 38 millions d'euros. Un programme de végétalisation bénéficiera à trois cours d'école chaque année, dans le cadre d'un programme global de 18,6 millions d'euros pour verdir la ville.

Pour financer ce programme, la municipalité s'appuie sur l'autofinancement, l'emprunt, des subventions, et donc la hausse des taxes locales. Elle a aussi dû se résoudre à écarter des projets prévus dans son programme initial. Les travaux du Parc des sports, déjà repoussés par la municipalité précédente, sont repoussés au mandat suivant.

« Mais ce n'était pas suffisant », explique François Astorg, qui pointe le patrimoine communal vieillissant insuffisamment entretenu dans le passé. Depuis son élection, le maire d'Annecy a envoyé deux lettres de cadrage pour limiter les dépenses et certains recrutements. Par contre, l'édile se refuse à couper dans le soutien aux associations, dont il souligne l'action dans le contexte de la pandémie.

« Si je peux baisser les impôts, je le ferai. »

Malgré ces économies, « nous n'avons pas d'autre choix qu'augmenter la fiscalité, qui n'avait pas augmenté depuis 2001 à Annecy », constate François Astorg.

Le maire reconnaît que cette hausse survient dans un contexte économique tendu pour les ménages, compte-tenu de la flambée des coûts de l'énergie. « Personne n'aime augmenter les impôts. (...) Si je peux les baisser demain, je le ferai, mais les défis d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que dans le passé », explique-t-il.

« Nous devons répondre aux défis du changement climatique et du service public. (...) Nous avons tous un devoir important vis-à-vis de l'Histoire et de nos enfants. Donc, oui nous devons éviter le levier fiscal autant qu'on peut, mais nous avons des objectifs à tenir », assure François Astorg, qui défend ses actions en matière climatique.

La municipalité engage des travaux sur l'isolation thermique des bâtiments du patrimoine public. « C'est une nécessité en matière énergétique, dit-il. Nous serons gagnants demain. » Quant à la végétalisation des cours d'école, « ce n'est pas un principe écolo bobo! Avec ça, on participe au rafraîchissement de la ville, et on accompagne la transition pour reconnecter les plus jeunes avec la nature. »

Le passage de la flotte municipale à l'électrique et à l'hybride nécessite des investissements, mais « nous en retirerons nécessairement des économies », affirme François Astorg.

L'opposition dénonce une flambée de la fiscalité

Pour sa part, Anthony Granger, membre du premier groupe d'opposition, Annecy Ensemble, qualifie la hausse des impôts locaux d' « explosion de la fiscalité ». En passant le taux du foncier bâti de 28,29 % à 29,79 %, la municipalité inflige une augmentation de 1,5 point, ce qui équivaut à une hausse de 5,3 %, souligne-t-il.

Avec la revalorisation des bases de calcul, la taxe foncière augmente depuis de +8 % cette année, poursuit-il. À cela s'ajoutent la hausse du stationnement en surface et des tarifs de la fête du lac.

« Nous dénonçons le bien-fondé de cette augmentation : on nous dit que c'est pour financer les investissements du mandat. Mais aucune économie n'est réalisé en fonctionnement », dénonce Anthony Granger.

Le conseiller municipal s'inquiète également de voir se répéter la hausse des impôts locaux au cours des prochaines années. « on me dit que non, mais il faudra rembourser dix millions d'euros de plus par an à la fin du mandat », affirme-t-il.

Enfin, l'agglomération du Grand Annecy ayant adopté son projet de transport en commun en site propre intégral, chiffré entre 550 et 700 millions d'euros, la portion de l'intercommunalité dans la taxe foncière bâtie grimpera à son tour. « Pour les entreprises, le coût sera triplé. Pour les ménages, il sera doublé », dénonce l'élu, qui prône des économies et une réduction du plan d'investissements.

De son côté, le président de la CCI de la Haute-Savoie a indiqué ne pas souhaiter s'exprimer sur ce sujet. Il a seulement mentionné que « d'un point de vue plus général, en matière de fiscalité des entreprises, la CCI de la Haute-Savoie considère qu'il est essentiel de ne pas alourdir -et à l'inverse de tout mettre en œuvre pour diminuer- les charges pesant sur les entreprises, notamment au regard du contexte économique actuel. »

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Commentaires 4
à écrit le 19/04/2022 à 11:30
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@Tartuflette74. La simplification du mastodonte n'a pas été faite par l'équipe de Rigaud. C'est un fait car il fallait "caser" tous les "sortants". N'est ce pas une des raisons de son échec électoral à la marge (quelques centaines de voix)? La nouvel...

à écrit le 21/02/2022 à 8:41
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Bonjour, La ville d'Annecy d'aujourd'hui n'est plus celle d'il y a 20 ans en arrière. En effet, son périmètre a évolué en 2017 suite à la fusion des 6 communes : d’Annecy, Annecy-le-Vieux, Cran-Gevrier, Meythet, Pringy et Seynod pour former une comm...

à écrit le 15/02/2022 à 14:52
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Contrairement à ce qu'affirme le Maire , il y avait des alternatives à cette augmentation d’impôt. Allez ! Au hasard, par exemple, la SIMPLIFICATION administrative du « mastodonte » Agglomération du Grand Annecy De simples communes nous sommes ...

le 18/04/2022 à 21:07
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La simplication du mastodonte voulu par JL Rigaut non ? Nous voyons les répercutions aussi de ses deux mandats désastreux. Moins de 2% d'augmentation sur la taxe foncière, c'est un non sujet, restons décent...

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