Aéroport d'Annecy : la dernière pièce manquante du puzzle régional pour Vinci Airports

L’aéroport d’Annecy vient de passer sous la gestion du groupe Vinci Airports, qui compte déjà Grenoble, Chambéry, Clermont-Ferrand, Lyon-Bron et Lyon Saint-Exupéry au sein de son portefeuille régional. Avec un plan d'investissements de 10 millions d'euros sur les quinze prochaines années, qui comprend (entre autres) le développement des vols d'affaires et de loisirs, Vinci veut continuer de cultiver la particularité de l'aéroport d'Annecy, tout en augmentant notamment les rotations. Sur place, des élus et riverains ont cependant déjà fait entendre leurs craintes concernant l'accroissement des nuisances.
L'arrivée de Vinci aux commandes du dernier aéroport en Auvergne Rhône-Alpes qui n'était pas encore compris dans son portefeuille, celui d'Annecy, ne devrait pas se traduire pour l'heure par la relance d'une ligne commerciale. Sur place, les riverains ont déjà fait part de leurs craintes concernant le renforcement de nuisances, notamment concernant le développement du fret aérien.
L'arrivée de Vinci aux commandes du dernier aéroport en Auvergne Rhône-Alpes qui n'était pas encore compris dans son portefeuille, celui d'Annecy, ne devrait pas se traduire pour l'heure par la relance d'une ligne commerciale. Sur place, les riverains ont déjà fait part de leurs craintes concernant le renforcement de nuisances, notamment concernant le développement du fret aérien. (Crédits : DR)

À mi-chemin des aéroports de Lyon Saint-Exupéry et de Genève Cointrin, l'aéroport d'Annecy Mont-Blanc fait figure d'un petit Poucet dans le monde du transport aérien. Pourtant, Vinci Airports a tenu à obtenir la concession d'une durée de quinze ans, auprès du conseil départemental de la Haute-Savoie, remplaçant Edeis Concessions, qui avait dans un premier temps fait appel auprès du Conseil d'Etat, avant que sa demande ne soit rejetée en juin 2021.

Il faut dire que cet aéroport ne joue pas dans la même catégorie que ses deux voisins. « L'aéroport d'Annecy est dédié à l'aviation d'affaires uniquement. Il n'y a pas de vols commerciaux », précise Sabine Granger, la directrice des aéroports régionaux français de Vinci Airports.

Selon l'Union des aéroports français, l'infrastructure a enregistré 44.098 mouvements « non commerciaux » en 2020, soit une augmentation de 3,8 % par rapport à 2016.

La concession, entrée en vigueur début janvier 2022, ne prévoit d'ailleurs pour l'heure pas d'exception à cet état de fait : « Notre projet pour cet aéroport est d'avoir un développement mesuré du trafic, mais nous souhaitons renforcer l'attractivité de l'aviation d'affaires », pointe Mme Granger.

Une augmentation de la fréquence des vols d'affaires et de loisirs, ainsi que la mise en place de nouvelles lignes seront donc au programme, mais pas de quoi relancer donc à ce stade la dernière ligne commerciale Paris-Annecy, qui avait été stoppée en 2013 par la compagnie Chalair à l'issue de deux années de résultats d'exploitation en berne.

Mais Vinci Airports et le Conseil départemental de la Haute-Savoie ont déjà prévu d'investir 10 millions d'euros dans les 15 années à venir (à parité chacun), soit la durée de la concession accordée au groupe français. Objectif : améliorer la qualité de service et notamment la circulation des passagers, en opérant un réaménagement complet de l'aérogare.

Des rapprochements à venir

Un rehaussement de la qualité qui vise également à aligner l'aéroport d'Annecy sur les offres des autres aéroports régionaux de Vinci Airports. Avec, au programme, l'installation de panneaux photovoltaïques ainsi que de bornes de recharges pour alimenter les véhicules électriques.

L'infrastructure aéroportuaire devrait ainsi se rapprocher des standards en matière d'accueil offerts par l'aéroport de Chambéry, situé à 40 kilomètres, et qui est lui aussi sous concession avec Vinci Airports.

Durant la saison d'hiver, l'aéroport savoyard se place en troisième position en aviation d'affaires au niveau national. Sur l'année entière, l'aéroport de Chambéry surclasse d'ailleurs son voisin haut-savoyard, avec 5.200 mouvements contre 3.000.

Les deux aéroports ne risquent-ils pas de se cannibaliser à terme?

« Des clients d'aviation d'affaires veulent arriver spécifiquement à Chambéry ou à Annecy, selon leur destination finale, répond Sabine Granger. Au contraire, c'est un vrai axe stratégique parce que cela nous permet de proposer une offre globale à nos clients d'aviation d'affaires. Si nous avons une saturation sur Annecy ou sur Chambéry, nous pouvons proposer tout de suite une solution sur l'autre aéroport. »

Une telle complémentarité existe déjà entre Lyon, Grenoble et Chambéry, précise-t-elle.

« Il est intéressant d'avoir des aéroports dans le même réseau, parce que chaque aéroport à sa clientèle propre et des caractéristiques spécifiques, qui font qu'il n'y a pas de concurrence entre eux », explique pour sa part Tanguy Bertolus, le président du directoire de Lyon Aéroport.

"Carton plein" en Auvergne Rhône-Alpes

A l'heure où des élus locaux se questionnent encore sur la relance d'une ligne d'aviation commerciale tandis que d'autres en pèsent les nuisances, notamment en matière de bruit, Vinci Airports peut se targuer de disposer d'un portefeuille complet en Auvergne-Rhône-Alpes :

Lyon Saint-Exupéry offre en effet déjà plus d'une centaine de destinations, et des infrastructures qui permettent un trafic permanent dans toutes les conditions météorologiques, précise ainsi Tanguy Bertolus. Grenoble est quant à lui axé sur la gestion des tours-operators et des charters qui, connectés à un réseau de bus, permettent d'alimenter les stations. Tandis que Chambéry et Annecy se trouvent également à proximité des stations de sports d'hiver de chacun de leur département, pour une maille plus locale.

À l'aéroport d'Annecy, l'essentiel du développement sera donc axé sur le développement du potentiel foncier, en attirant des projets commerciaux. Accueillir une entreprise de maintenance, construire un hangar, développer des services dans le terminal... pourraient faire partie des développements envisagés dans les années à venir.

De décisions qui devront aussi se faire en concertation avec les riverains de l'aéroport, qui ont fait part de leurs craintes de voir les nuisances sonores et la pollution s'accroître. Avec, parmi les craintes relayées, celles de l'éventualité d'un renforcement du fret aérien, en lien avec la plateforme logistique Amazon, construite sur le bassin proche de Seynod, en 2020, et qui avait lui-même suscité une levée de boucliers des riverains.

Alors qu'une Association contre les dangers et les nuisances aériennes de l'aérodrome d'Annecy (ACDNA) ainsi qu'un "Collectif de résistance (et résilience) contre l'aérodrome et pour la sécurité (et santé) des habitants de l'agglomération d'Annecy" se sont montés dans l'environnement proche de l'aéroport, sur place, les soutiens et détracteurs de l'aéroport se renvoient la balle.

Le conseiller départemental de la Haute-Savoie, délégué à l'économie et aux grands projets, François Excoffier, espérait par exemple que l'arrivée de Vinci permette de répondre à une forte demande "sur un département où 10.000 nouveaux habitants viennent s'installer chaque année. J'espère que les nouveaux concessionnaires étudieront le rétablissement de lignes régulières, notamment vers Paris qui peuvent aider nos Hauts-savoyards", affirmait-il à nos confrères de France Bleu.

De son côté, le vice-président de l'agglomération du Grand Annecy, Denis Duperthuy, y opposait quant à lui une "vision du passé". "Je connais beaucoup de chefs d'entreprises qui disent qu'ils ne prennent jamais l'avion mais plutôt le train, c'est rentré dans les mœurs". Celui-ci se craignait notamment qu'un renforcement du trafic de fret ne se traduise par une augmentation des nuisances pour les riverains. Même chose pour

Pierre-Louis Massein, le maire délégué de la commune de Meythet (près de 8.300 habitants) où est situé cet aéroport, avait quant à lui appelé à l'ouverture d'une concertation préalable sur l'avenir de cet aéroport, arguant que l'infrastructure occupe près de 100 hectares au sein d'une zone résidentielle qui a connu une forte densification au cours des dernières années.

« Nous sommes en position de dialogue et d'ouverture, dans une dynamique de partenariat positif pour échanger ouvertement et trouver ensemble des solutions », assure pour sa part Sabine Granger.

(avec ML)

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Commentaires 2
à écrit le 11/02/2022 à 22:51
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L'aéroport d'Annecy Mont-Blanc ainsi que les aéroports de Lyon Saint-Exupéry, de Bron ainsi que 7 autres objets "Vinci" compris dans la région Auvergne Rhône-Alpes sont probablement actuellement ciblés par une armée adverse à l'OTAN. Par exemple, ave...

à écrit le 08/02/2022 à 5:38
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En plus il n'y a eu aucune corruption avérée, aucune. Vous pouvez donc dormir très profondément sur vos deux oreilles et de sa paupière, voiler ce troisième œil qui veillera à jamais sur vous [...]

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