Plan Etat-Région : 900 millions d’euros pour les quatre métropoles d’Auvergne-Rhône-Alpes

Laurent Wauquiez présente cette fin de semaine en assemblée plénière régionale les détails du volet métropolitain du Contrat de Plan Etat-Région 2021-2027. L’enveloppe de 900 millions d’euros abondera les projets jugés structurants des quatre métropoles du territoire : Lyon, Grenoble, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand.
La rénovation des serres du Parc de la Tête d'or sera cofinancée dans le cadre du CPER 2021-2027
La rénovation des serres du Parc de la Tête d'or sera cofinancée dans le cadre du CPER 2021-2027 (Crédits : Ville de Lyon)

On connaissait déjà le détail du volet départemental du Contrat de Plan Etat-Région Auvergne-Rhône-Alpes 2021-2027, présenté à l'octobre dernier, avec une enveloppe record de 4,4 milliards d'euros à se partager entre les 12 départements pour financer quelque 320 projets. Soit un milliard de plus que les précédents CPER des Régions Auvergne et Rhône-Alpes. Ces contrats de plan Etat Région, créés en 1982, visent à faire converger les financements publics vers les projets jugés les plus structurants pour les territoires afin de permettre des politiques publiques plus cohérentes. Pour cette « édition 2021-2027 », 28 milliards sont mobilisés par l'Etat (dont 8 milliards dans le cadre du plan de relance) pour l'ensemble de la France et au moins 20 milliards par les régions.

Un (très) long processus

Après le volet départemental, Laurent Wauquiez va désormais présenter à l'assemblée régionale, ces 9 et 10 mars, le volet métropolitain. Cette présentation vient clôturer un long et chaotique processus de discussions avec les exécutifs métropolitains de Lyon, Saint-Etienne, Grenoble et Clermont-Ferrand. Les quatre présidents s'étaient émus fin août dernier, dans un courrier collectif adressé à Laurent Wauquiez et au préfet de région de l'époque (Pascal Mailhos), des méthodes de travail de l'Etat et de la Région. Ils écrivaient alors avoir découvert « avec stupéfaction qu'un nombre infime des projets que nous vous proposions de prioriser était retenu (...) et, qu'au bout du compte, les co-financements envisagés par la Région et dans une moindre mesure par l'Etat sur nos projets étaient au global très loin de nos attentes, une fois déduits les cofinancements d'ores et déjà acquis précédemment ».

Les quatre présidents insistaient : « cela n'apparaît pas à la hauteur du rôle institutionnel que jouent nos métropoles, ni de l'importance des projets que nous pourrions porter ensemble ».

Au service des territoires

Six mois plus tard, les lignes semblent avoir bougé et des compromis ont été consentis. Une soixantaine de projets des quatre métropoles seront ainsi accompagnés par l'Etat et la Région, pour un montant total de 897,25 millions d'euros. Les axes directeurs qui ont joué les arbitres : le soutien à l'activité économique pour créer des emplois en misant sur l'industrie, la recherche, les énergies décarbonées et l'agriculture, le financement d'équipements sportifs, de voies vertes, d'aménagements touristiques et d'établissements culturels. Dans le cadre du volet Enseignement supérieur, recherche et Innovation (ESRI) du CPER, d'un montant de 320 millions d'euros, des financements seront également accordés aux projets de l'enseignement supérieur.

« Les montants en jeu, sensiblement plus élevés que sur la précédente période de programmation, nous permettront de mener collectivement des projets relatifs à la transition écologique, à l'aménagement du territoire ou encore à la culture. Chaque citoyen de notre région bénéficiera de cet accord trouvé entre l'Etat et les collectivités locales », note la Préfète de Région, Fabienne Buccio dans un communiqué de presse.

Elle est appuyée en ce sens par Laurent Wauquiez, dans le même communiqué : « Alors que notre pays traverse une crise sans précédent, ce CPER est un formidable message d'espoir ». Sollicité par la Tribune pour détailler les différents aspects de ce CPER, ce dernier n'avait pas encore donné suite à nos demandes à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Une histoire de compromis

Dans le détail, 506,41 millions d'euros sont fléchés vers la Métropole de Lyon (1,4 million d'habitants), 123,77 M€ pour Saint-Etienne Métropole (406.000 habitants), 126,76 M€ pour la métropole de Clermont-Ferrand (296.000 habitants) et 140,31 millions pour Grenoble Alpes Métropole (433.000 habitants).

Parmi les projets retenus à Lyon pour un cofinancement Etat-Région-Métropole : la rénovation du pont de Vernaison, la modernisation des serres du parc de la Tête d'Or, la rénovation de l'auditorium de Lyon, la Renaissance du Musée des Tissus, le campus Région du numérique, la création de deux pôles entrepreneuriaux, les projets liés à la filière hydrogène dont le Pipe hydrogène Vallée de la chimie etc. Sollicité, Bruno Bernard a souhaité réserver ses commentaires dans l'attente de précisions de la part du président de la Région.

A Clermont-Ferrand, au programme de ce nouveau CPER : la Cité du court métrage, l'agrandissement de la Halle aux blés, la réhabilitation des thermes de Royat etc.

Du côté de Grenoble, les 140,31 millions d'euros permettront d'abonder aux projets de rénovation d'Alpexpo par exemple, de la rénovation de la friche Allibert, ou encore au plan Vélo et à la voie verte Grenoble Oisans, au projet Vizille Tourisme etc.

« Le processus a pris beaucoup de temps, avec de grandes périodes de vide puis des accélérations soudaines et injustifiées comme à l'été dernier mais finalement nous avons trouvé un terrain d'entente. Nous aurions évidemment préféré avoir plus, mais nous avons trouvé un compromis. », réagit Christophe Ferrari réagit le président de la métropole grenobloise (majorité : alliance gauche et écologistes).

Selon les chiffres fournis par Christophe Ferrari, la Région avait initialement mis sur la table un financement de 18 millions d'euros dont 17,6 étaient destinés au projet Alpexpo. Finalement, ce seront 28,5 millions d'euros qui seront investis par la Région (dont 18 pour la rénovation d'Alpexpo). « Nous avons défendu nos projets et nos ambitions pour parvenir à un accord ». Christophe Ferrari souligne, au passage, que sa collectivité reste néanmoins le premier financeur des projets retenus.

Une tension cristallisée à Saint-Etienne

A Saint-Etienne, à l'annonce du montant de l'enveloppe allouée pour le territoire (123 millions d'euros), le ouf de soulagement est perceptible du côté d'Hervé Reynaud, maire LR de Saint-Chamond annoncé comme candidat aux futures élections sénatoriales et président par intérim depuis quelques mois de Saint-Etienne Métropole. Il en assurait jusqu'ici la première vice-présidence aux côtés de Gaël Perdriau (ex-LR, exclus du parti).

Ce dernier, - fragilisé par l'affaire du présumé chantage à la vidéo intime sur son premier adjoint (affaire en cours d'instruction) révélée par Médiapart, puis par des propos prêtant des activités pédocriminelles à Laurent Wauquiez (qu'il a reconnu depuis comme « grossiers et sans fondement »)-, avait dû se mettre en retrait à l'automne dernier de la présidence de la Métropole. Mais c'est bien lui qui avait mené l'essentiel des discussions avec la Région pour ce CPER, dans un contexte politique tendu entre les deux hommes depuis déjà quelque temps. D'ailleurs, même depuis sa place de président « en retrait », Gaël Perdriau alertait encore le 22 février dernier les élus métropolitains sur les insuffisances de la Région dans cette contractualisation Etat-Region-Métropole, notamment sur les impayés du dernier CPER.

« Bien que l'exécutif régional assure mettre en œuvre une politique d'aménagement du territoire soutenant la totalité, sans exception, des collectivités locales, il n'en demeure pas moins que des financements régionaux sont encore manquants. Ainsi 26,33 millions (sur 51 NDLR) n'ont pas été réglés par la Région bien que contractualisés », a-t-il ainsi écrit dans un courrier adressé à l'ensemble des élus de l'assemblée métropolitaine.

Et d'alerter : « En aucun cas, les anciens projets ne doivent être recyclés. Ainsi l'Arena et la patinoire métropolitaine ne peuvent être comptées deux fois, dans l'ancien CPER et dans le nouveau. Que ce soit pour la Région ou le Département ».

Dans les faits, les financements affectés à la nouvelle patinoire de Saint-Etienne, par exemple, se retrouvent bien effectivement dans les budgets du nouveau CPER alors qu'ils avaient déjà été annoncés dans le précédent. Il y a bien, donc, un double comptage du budget alloué à la construction de ce nouvel équipement. Mais pour Hervé Reynaud, globalement, les torts sont partagés dans la mesure où, du fait de la conclusion tardive, en 2019, d'un avenant au CPER, tous les projets n'avaient pu être lancés et suffisamment avancés pour en faire les demandes de financement en bonne et due forme.

Quoi qu'il en soit, dans cet environnement et sans entrer dans la polémique de chacun des financements, Hervé Reynaud estime que les 123 millions d'euros alloués à Saint-Etienne Métropole représentent une bonne nouvelle. Enveloppe à laquelle viendront s'ajouter 30 millions d'euros du Département.

« Lorsque j'ai pris les manettes, nous étions à 0 ou presque, avec un niveau de tension extrême entre la Région et notre métropole. Nous avons beaucoup échangé avec Laurent Wauquiez, nous avons pu avancer dans la bonne direction. Je n'ai pas réussi à faire revenir la Région en arrière sur tous les dossiers que nous aurions souhaité pousser, notamment les dossiers stéphanois, mais je suis heureux pour nos 53 communes que nous ayons pu trouver un terrain d'entente. Cela montre que nous avons recréé un lien de confiance avec nos partenaires ».

Pour Saint-Etienne Métropole, ce CPER 2021-2027 viendra ainsi abonder les projets, par exemple, de restructuration de la Cité du Design, de la création d'un centre de recherche et de l'innovation ophtalmologique, du développement du site touristique le Corbusier, du pôle entrepreneurial industrie Manufacture, du projet campus Tréfilerie, de la rénovation de la résidence universitaire de la Métare etc.

D'autres projets devraient s'ajouter à la liste stéphanoise, comme à celle des trois autres métropoles de la région car il reste encore un aspect du CPER à négocier, et pas des moindres : le volet mobilités. Il devrait déboucher dans les prochaines semaines ou mois. Au plus vite espèrent les présidents des métropoles car la conclusion du CPER 2021-2027 a déjà deux ans de retard...

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