
Révolte des canuts, imprimerie...La cause ouvrière fut fortement soutenue par une cohorte de représentants du « petit peuple » - commerçants, chefs d'atelier...- qui assurèrent à la maçonnerie locale ses particularismes mystique, social, et sociologique. Le catholicisme social et la maçonnerie ont entretenu une relation erratique, se nourrissant mutuellement. Le XIXème siècle constitue une période clé. La maçonnerie et les pensées humanistes et utopistes - notamment sur les rapports humains dans le monde du travail - produites par Saint Simon, Fourier, ou Proudon s'inspirent réciproquement. Vers 1830 naît à Lyon la première coopérative ouvrière que l'auteur, un maçon saint-simonien, va dupliquer au Brésil. Au XXème siècle, les dissensions provoquées par la guerre 14/18, l'appel du communisme - qui happe l'intelligentsia maçonnique de gauche - et le totalitarisme fasciste qui brise les maçons provoquent une crise irréversible qui n'épargne pas Lyon.
Peu de grands patrons lyonnais ont été maçons. Parmi eux Antoine Lumière, dont, selon le cinéaste Georges Combe, « les succès industriel et social, la gestion folle et humaniste découlaient de ses convictions maçonniques ». Nathalie Allais, qui produit une thèse d'histoire contemporaine et urbaine sur la franc-maçonnerie lyonnaise, insiste sur le facteur de « sociabilité » qui motiva nombre de maçons. Toutefois la forte prégnance de l'Eglise a longtemps évincé la franc-maçonnerie du microcosme industriel. « Il était antinomique d'être patron à Ainay et maçon » résume Michel Chomarat, commissaire général de l'exposition. Le changement des générations, l'internationalisation de la population et du tissu socio-économique, la faible représentativité du Medef, catholique bon teint, au sein du patronat lyonnais - symptomatique de ce mouvement progressif d'éloignement des potentats religieux - l'irruption de nouveaux capitaines d'industrie dans des secteurs d'activité indépendants des réseaux chrétiens, l'alternance politique à la tête de la municipalité, enfin le normalisation au niveau des national des relations entre l'Eglise et les obédiences - après que celles-ci aient produit un long combat anticlérical -, pourraient amorcer un renouvellement. Jean-Michel Daclin, adjoint au rayonnement international de la Ville, mise sur un attribut maçonnique « fondamental » : le refus du dogmatisme et du clanisme, et une volonté de décloisonner grâce auxquels la municipalité et l'agglomération « travaillent avec tout le monde, de gauche comme de droite ». Le maire Gérard Collomb, membre d'une loge parisienne du Grand Orient et gardien du titre « Lyon, ville humaniste » parviendra-t-il à revigorer cette identité longtemps essoufflée ?
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