Olympique lyonnais : des pertes historiques liées à la pandémie et à la baisse des droits TV

Le club sextuple champion de France annonce une perte historique de 107 millions d'euros pour l'exercice 2020-21. Effondrement de la billetterie suite aux restrictions liées à la pandémie, marché des transferts atone, défaillance du diffuseur TV Médiapro sont autant d'éléments qui ont fait drastiquement chuter le chiffre d'affaires du club. Mais l'institution se veut optimiste et ambitieuse pour les prochaines saisons.
Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) de l'OL est négatif pour la première fois depuis 2016 et l'exploitation de son nouveau stade, installée à Décines (Rhône).

Comme anticipé il y a un an par ses dirigeants, OL Groupe, qui chapeaute le club de football de l'Olympique lyonnais, affiche un deuxième exercice consécutif dans le rouge.

Cette fois-ci, le bilan 2020-2021 génère même une perte historique pour la holding cotée en Bourse : 107 millions d'euros, conséquence de l'effondrement de son chiffre d'affaires de 35%, à 177 millions d'euros. La saison dernière, le club sextuple champion de France avait accusé un déficit de 36 millions d'euros, soit quasiment un triplement des pertes par rapport au bilan de l'exercice achevé au 30 juin.

Il faut remonter à la clôture des comptes de l'année 2019 pour voir le club rhodanien afficher un résultat net positif à 6 millions d'euros.

Les capitaux propres du club reste robuste à 120 millions d'euros, mais en baisse significative depuis deux ans (230 millions au 30 juin 2020) tandis que sa trésorerie s'améliore, à 69 millions d'euros. Des résultats qui s'expliquent notamment par les deux prêts garanties par l'État (PGE) souscrits pour un montant total de 169 millions d'euros. Revers de la médaille, la dette financière s'envole à 329,8 millions d'euros.

L'Olympique n'est pas le seul club de Ligue 1 dans une situation financière compliquée. Dans un entretien au journal L'Equipe fin juillet, Jean-Marc Mickeler, le président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), soulignait que l'endettement des clubs s'est envolé, passant de 500 millions d'euros à la fin de la saison 2018-2019, à « plus de 1 milliard aujourd'hui ». En clair, les clubs sont « financièrement exsangues, alertait-il. On est à l'os. »

Stade à huit clos, revenus en berne

Même causes, pires symptômes pour expliquer ce bilan 2020-2021 l'Olympique lyonnais : alors que les résultats du groupe en 2019-2020 ont été stoppés en pleine "remontada" par l'arrivée du Covid-19 - l'activité sur les 9 premiers mois atteignaient alors des records -  les nouvelles mesures de restriction ont plombé encore davantage les comptes du club.

Le groupe note un manque à gagner de 150 millions d'euros sur le dernier exercice. Le chiffre d'affaires (hors trading joueurs) est en recul de 35% à 118 millions d'euros contre 180,7 un an auparavant.

Finalement, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) de l'OL est négatif pour la première fois depuis 2016 et l'exploitation de son nouveau stade, installée à Décines (Rhône). Il ressort à -33,9 millions d'euros. L'Ebitda a été "fortement impacté" par les matches à huis clos de la saison dernière et l'absence d'activités événementielles (concerts, séminaires, etc.). Les recettes liées à la billetterie sont en chute libre (-94% sur un an, 2 millions de rentrée d'argent), selon OL Groupe.

Au delà des restrictions liées à la pandémie, il faut ajouter la chute des revenus liés aux droits TV, affaiblis par deux facteurs : la défaillance de Mediapro (droits TV de la Ligue 1) à l'automne 2020 et par la non-participation de l'OL à la lucrative Ligue des champions la saison dernière. Le club ne s'était pas qualifié au terme du championnat 2019-2020, interrompu prématurément par le confinement.

Pour rappel, la chute des droits de la Ligue 1 est liée à la défaillance du diffuseur sino-espagnol Mediapro. À l'issue de sa consultation sur les droits de la Ligue 1 (entre 2020 et 2024), en 2018, la Ligue de football professionnel avait obtenu un montant record de 1,153 milliard d'euros par an. Mais la pandémie a poussé la nouvelle chaîne à déposer le bilan. La nouvelle répartition des droits, après un nouvel appel d'offres a débouché sur une somme totale moindre : 250 millions d'euros par an, payé par le nouvel entrant Amazon et 332 millions d'euros par an par le diffuseur historique Canal +. Un butin à se partager - moindre - entre les différents clubs.

Les revenus de la vente de joueur en chute libre

La baisse des recettes globale d'OL Groupe n'a pas pu être compensée par la vente de joueurs. Le marché européen des transferts est resté atone, après des mercatos (hiver et été) déjà très calmes en 2020. "Après une chute de 40 % en 2020, nous anticipions une stabilisation, mais le volume des transactions accuse une nouvelle baisse de 20 % cette année », expliquait, en septembre, au journal Le Monde, Raffaele Poli, responsable de l'Observatoire du football au Centre international d'étude du sport (CIES) de Neuchâtel (Suisse).

L'Olympique lyonnais n'a pas échappé à cette spirale déflationniste : ce segment recul de 35%, à 45 millions d'euros, contre 82 l'an dernier. Le bilan est sauvé pour environ un quart par des primes d'intéressement perçues par le club sur des cessions passées.

Rappelons que le club a réaffirmé l'an dernier sa stratégie basée sur son centre de formation - pour porter son équipe première et engrangé des recettes lors de transferts importants, ainsi que le recrutement de jeunes talents à haut potentiel. Or, l'été dernier, l'Olympique lyonnais n'a pas réussi à céder sa pépite lyonnaise Houssem Aouar, sans doute la valeur marchande la plus importante de l'effectif, dont le départ était pressenti. Aucune offre significative et convaincante n'est arrivée sur le bureau de Jean-Michel Aulas.

Toutefois, les dirigeants se veulent optimistes pour l'avenir. OL Groupe croit en la "résilience" de son modèle économique et, "avec le retour du public", en ses chances de "repartir tel qu'on l'avait imaginé avant le Covid", Thierry Sauvage, directeur général, lors d'une conférence de presse mardi.

Pour l'exercice en cours, l'entreprise mise notamment sur une croissance de ces activités partenariales. Il table sur un revenu de 38 millions d'euros sur ce segment, fort de nouveaux contrats signés avec MG Motors ou AliExpress. OL Groupe table aussi sur le redressement de ses activités billetteries, avec déjà une assise de 18.000 abonnés.

Le pôle de loisirs de 23.000 m², attenant au stade et regroupant des activités récréatives et professionnelles (hôtels, lieux de séminaires, etc), inauguré officiellement en juin 2021, devrait également booster les revenus.

Objectifs maintenus mais décalés

Finalement, OL Groupe table toujours sur un chiffre d'affaires de 400-420 millions d'euros et un Ebitda supérieur à 100 millions, mais à un horizon décalé d'un an - soit à la fin de l'exercice 2024-2025.

Pour l'exercice 2021-2022 qui se clôture en juin prochain, les dirigeants de l'Olympique lyonnais n'ont toutefois pas dit si le groupe reviendrait dans le vert dès cette année.

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