Fin décembre 2016, le groupe Figaro est retenu par le tribunal de commerce comme repreneur des actifs du réseau social professionnel Viadeo. Pourtant, quelques jours auparavant, une autre candidature, plus généreuse socialement, se détachait également : celle de SFAM, une société de courtage d'assurances basée à Romans-sur-Isère.

Malgré ce léger revers, la société clôture l'année 2016 avec un chiffre d'affaires de 135 millions d'euros, soit une croissance de 1 800 % en cinq ans. Passée de 100 à 700 salariés en deux ans, l'entreprise ne compte pas s'arrêter là. En 2017, elle prévoit un chiffre d'affaires de 240 millions d'euros. "Les chiffres peuvent paraître importants, mais ramenés à la taille de la population, il reste de quoi faire", s'amuse Sadri Fegaier, fondateur de l'entreprise. Car la société drômoise, qui vient de franchir le cap des deux millions de clients, s'est spécialisée dans l'assurance d'objets multimédia (tablette, ordinateur ou téléphone portable). Selon le baromètre du numérique, publiée par le Crédoc pour le compte du Conseil général de l'économie (CGE), de l'Arcep et de l'Agence du Numérique, en 2016, 65% des Français de 12 ans et plus ont un smartphone.

Volume

SFAM s'est d'abord développée dans la région Rhône-Alpes avant d'attaquer le marché français en 2010 avec un produit bien spécifique :

"Nous avons pris la tendance inverse du marché de l'assurance affinitaire en proposant une assurance tous risques pour les produits connectés. Quelque soit le sinistre, nous prenons tout en charge. Aujourd'hui, le consommateur est prêt à prend une assurance uniquement sous cette condition", explique Sadri Fegaier.

Pour proposer une telle assurance "le volume est l'enjeu principal" : commerciaux et téléopérateurs sont au cœur du business model. Aussi, fin 2016, SFAM rachète un centre d'appels B2S à Roanne. Une première opération de croissance externe qui devrait s'accompagner de nouvelles au cours de l'année 2017, notamment dans le secteur des services.

Objectif Europe

Parmi les chantiers entamés par la société drômoise figure en effet le développement d'une partie service pour le consommateur basée sur l'IoT (l'internet des objets connectés), dont les contours sont encore tenus secrets. C'est d'ailleurs dans cette optique que Sadri Fegaier s'était positionné pour le rachat de Viadeo : "Il devait être une brique de ce service."

Fort de sa stratégie premium qui s'est pour l'heure avérée payante, SFAM souhaite désormais s'attaquer au marché européen. Déjà présente en Belgique, l'entreprise compte également se déployer en Suisse et en Espagne, "des pays où sont implantés nos distributeurs", détaille le chef d'entreprise. Parmi eux, la Fnac par exemple. Avant de partir à l'international ? "Ce n'est pas la priorité, nous ne voulons pas nous disperser et partir dans tous les sens", explique le fondateur, également actionnaire majoritaire de la société. L'autre partie du capital est détenue par le fonds Winch Capital 3, géré par Edmond de Rothschild, depuis janvier 2016. Toutefois, si l'entreprise poursuit croissance - notamment externe - d'autres pourraient faire leur entrée.

Son développement passe également par la diversification des secteurs d'activités.

"Notre cœur de métier reste le multimédia, mais peu à peu nous lançons de nouveaux produits pour élargir la gamme, en allant vers l'optique par exemple. Les mutuelles remboursement de moins en moins alors les distributeurs vont avoir de nouveaux produits pour leurs clients."

Si le groupe a réaffirmé son ancrage local en construisant son siège de 8 000 m² - pour un montant de 10 millions d'euros - à Romans-sur-Isère, il prévoit une installation complémentaire à Paris au cours de l'année. De quoi répondre aux ambitions du groupe.