Villes du futur : tout béton ou tout végétal ?

Selon l’ONU, d’ici à 2050, deux personnes sur trois vivront dans une aire urbaine. Un transfert de population qui aura des incidences sur la pollution de l’air, la bétonisation, la surpopulation, voire le réchauffement climatique tout en étant confronté aux besoins des citadins désireux de ne pas couper les liens avec la nature. Autant d'éléments qui s'invitent dans la conception des villes du futur. Entre besoins d'espaces et qualité de vie, qui prendra l'ascendant ? Les villes de demain seront-elles bétonnées ou végétales ? Cet article s'inscrit dans le cadre du second forum Génération 2050, organisé par la Tribune avec Acteurs de l'économie, qui se déroule le 3 décembre 2018 à l'Opéra de Lyon.
Demain, la végétation recouvrira-t-elle tous les murs de la ville ?
Demain, la végétation recouvrira-t-elle tous les murs de la ville ? (Crédits : DR)

Liuzhou, province de Guangxi, au sud-ouest de la Chine. Des immeubles couverts de végétation capables de capter jusqu'à 57 tonnes de CO2 par an ont remplacé les longues barres traditionnelles. Les habitants de 2050 ont abandonné leurs masques : ils se déplacent désormais en voiture électrique, ou à pied, dans un environnement assaini grâce à la quantité d'oxygène dégagée par les 40 000 arbres et un million de plantes de plus de 100 espèces plantés là.

Cette ville futuriste n'est pour l'instant qu'à l'état de projet. Elle a été imaginée par l'architecte italien Stefano Boeri et présentée à la COP 21 à Paris en 2015. L'imposant chantier devrait démarrer dès 2020. S'il devenait réalité, il changerait fondamentalement la place du végétal dans les mégapoles du monde entier.

Une France peu enthousiaste

Mais ces nouvelles conceptions de la ville peineraient à s'épanouir en France. Alors que le climat est pourtant une préoccupation majeure, les études actuelles sur la présence du végétal dans la ville d'aujourd'hui amènent à penser qu'il ne sera pas une priorité demain.

"Le végétal est en train de déserter le centre-ville et les politiques urbaines actuelles créent plus des îlots de chaleurs, alors qu'il faudrait planter pour lutter contre le réchauffement des zones urbainesDans les appels à projets, on prend plus en compte l'esthétique ou les contraintes pratiques pour la sécurité que la nécessité de végétation", estime Bernard Gauthiez, enseignant-chercheur en géographie et aménagement à l'Université Lyon 3.

Même les éco-quartiers, vitrines de l'écologie urbaine, seraient délaissés par la végétation.

"Si l'on prend l'exemple de Confluence, il y a très peu de verdure, les arbres plantés sont trop petits et la température relevée reste la même que celle sur la Presqu'île lyonnaise", poursuit-il.

De la bioluminescence au bambou

Pourtant, certains acteurs économiques ont fait le choix d'investir dans le végétal. Glowee, jeune pousse française, cherche à exploiter la bioluminescence - l'émission lumineuse produite par certains organismes vivants comme les lucioles, les vers-luisants ou une partie des organismes marins. L'idée est de se substituer à l'éclairage électrique "avec une solution biologique".

Autre domaine d'intervention : le traitement vert de l'eau. La cleantech Bamboo For Life, installée à Aix-en-Provence, exploite tous les bienfaits du bambou pour le traitement des eaux usées. Ces dernières sont concentrées dans une station d'épuration où lui sont retirés tous les déchets dans une zone de prétraitement. L'eau continue ensuite son escapade en passant à travers une bambouseraie où les plantes opèrent pour purifier l'eau. Ce principe est déjà en œuvre dans une cinquantaine de stations.

"Mon activité est bénéfique pour l'environnement, pour la planète, et génère des profits. Il faut que cela soit intéressant sur tous les plans pour que ce soit durable", explique Bernard Benayoun, co-fondateur de Bamboo for life.

Bien que les biotechnologies soient de plus en plus avancées, leur influence reste limitée. Bernard Gauthiez estime qu'il y a une "inertie des politiques urbaines" et une "inadéquation entre les discours et les pratiques". Pour lui, si on continue dans ce sens, les villes françaises du futur seront une véritable étuve, créée par le béton gris de la ville. Les arbres, indispensables à la capture du dioxyde de carbone et au rafraîchissement, se compteront sur les doigts d'une main.

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