Forum Une époque formidable  : "Les jeunes ne doivent pas déroger à leurs idéaux"

La jeunesse a occupé une place centrale dans les débats du quatrième forum Une Époque Formidable, organisé par La Tribune, dont l'ambition était de bousculer les consciences et les certitudes pour explorer les manières de réenchanter l'avenir. Devant plus de 300 scolaires présents pour l'occasion au théâtre des Celestins, les débatteurs aux horizons différents (sociologues, philosophes, scientifiques, dirigeants d'entreprise, économistes, universitaires) ont délivré leurs visions, leurs expertises et plusieurs messages – d'espoir notamment – à destination de la nouvelle génération.
(Crédits : Gaspard Maia/LT)

"Les jeunes ne doivent pas déroger à leurs idéaux. Je leur dis : 'Faites-vous confiance !'"

C'est le message qu'a choisi de délivrer la cheffe Anne-Sophie Pic, triplement étoilé au Guide Michelin, en conclusion de son intervention lors du 4e forum Une Époque Formidable, organisé par La Tribune.

Une façon de dire aux plus jeunes, présents en nombre au Théâtre des Célestins, qu'ils ne doivent, jamais, céder à la peur. Et de prendre exemple sur son parcours personnel en cuisine :

"La peur est le pire ennemi de l'audace. Elle m'a immobilisée à mes débuts. Pour dépasser ses limites et se transcender, il faut se faire confiance. Il faut oser."

Pourtant, comme le rapporte le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein, les jeunes nourrissent une défiance vis-à-vis de l'avenir. " Lorsqu'on demande aux jeunes s'ils sont impatients de vivre dans leur futur, seulement 18 % répondent favorablement ", s'alarme-t-il, alors qu'il y a urgence, selon lui, à "reconfigurer le futur".

"Nous avons compris que l'avenir va dépendre de nos actions. L'époque actuelle est un véritable test pour l'intelligence humaine."

"Il ne faut jamais se mettre dans une position d'impuissance"

Ce que résume le paléoanthropologue et maître de conférence au Collège de France Pascal Picq :

"Nous vivons une époque potentiellement formidable car nous avons pour défi de repenser le monde dans sa globalité pour changer de paradigme. En ce qui concerne le climat, nous connaissons les solutions à mettre en place. Nous avons donc la possibilité de changer rapidement."

Clara Gaymard, la co-fondatrice de la société d'investissement responsable Raise, abonde :

"La génération qui arrive n'a jamais eu autant de pouvoir de faire bouger les choses. Et il n'est pas nécessaire d'être puissant, connu ou célèbre pour avoir un impact. Tout le monde à la capacité d'agir, il ne faut jamais se mettre dans une position d'impuissance."

"L'éducation scolaire devrait comporter du jardinage"

Une responsabilité immense pour construire le monde de demain alors que la jeunesse d'aujourd'hui "arrive au sein d'une société en échec", dénonce l'auteur, agriculteur et philosophe Pierre Rabhi qui appelle à une reconnexion de l'homme avec la terre.

"Les jeunes naissent hors-sol, ils ignorent la terre. Il est impératif de se reconnecter à la réalité. Je pense que l'éducation scolaire devrait comporter du jardinage. Faire un jardin ce n'est pas simplement faire pousser des légumes, mais se reconnecter à la terre en observant le miracle de la nature. Cela permet aussi de se remettre dans le cycle réel de la vie. On ne peut pas planter aujourd'hui et récolter demain."

Un constat partagé par l'ingénieure agronome et environnementaliste, Isabelle Delannoy :

"Les jeunes générations ont une condition matérielle de vie sans aucune mesure avec les générations précédentes, mais leurs conditions immatérielles de vie sont désastreuses !"

"Manque de confiance envers le gouvernement et les institutions"

Ce quatrième forum Une Epoque Formidable a également été l'occasion d'aborder la question des fake news, qui pullulent notamment sur les réseaux sociaux très utilisés par les jeunes. Pour la directrice de Fréquence Écoles, Dorie Bruyas, "le véritable problème n'est pas que les jeunes n'ont pas confiance dans l'information", mais ce que cela révèle sur le fonctionnement de la société :

"Cette méfiance vis-à-vis des médias relève d'un manque de confiance envers le gouvernement et les institutions".

Son remède contre "l'infox" : l'éducation aux médias pour "développer chez les jeunes — et les moins jeunes — une capacité de projection, d'empathie, pour comprendre d'autres modes de pensée, utiliser d'autres regards."

"Il faut que les citoyens soient capables de décrypter l'information. Cette compréhension de l'information a un impact sur le vivre ensemble", martèle également le journaliste pour Spicee Thomas Huchon. Et de préciser :

"La majorité des fakenews relayées sur les réseaux sociaux sont publiées par les plus de 60 ans. D'où l'importance d'une éducation aux médias pour tous, et pas seulement pour les plus jeunes. C'est l'affaire de tous pour faire que le lien de confiance soit renoué entre le public et les professionnels de l'information."

"Nos représentants ne savent plus se représenter la société"

Une méfiance généralisée envers les médias qui s'accompagnent d'une défiance envers la classe politique, comme le constate le politologue et spécialiste de la sociologie électorale Pascal Perrineau :

"Avant, il y avait une reconnaissance naturelle des élites. Dans les années 70, cela commence à se déstructurer à cause des grandes crises pétrolières et du chômage de masse. Le politique ne pouvait alors plus changer profondément les choses. Nous connaissons actuellement une crise de la représentation politique car nos représentants ne savent plus se représenter la société. Je suis d'ailleurs frappé comme les jeunes générations sont dans la recherche d'un « homme fort » et de verticalité du pouvoir. "

Le sociologue et éditeur Jean Viard va dans le même sens :

"Les élites sont disqualifiés quand les changements sont trop rapides pour qu'ils aient le temps de comprendre les changements du monde. Et là, comme l'élite ne sait pas où on va, on veut lui couper la tête. Le populisme est une réponse simple à une question complexe. Le modèle le plus probable est que l'on aille vers des sociétés autoritaires, avec une période de dictatures démocrates à l'image de Trump, Salvini ou Poutine... , craint-il.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 11/10/2019 à 23:05
Signaler
OUI LES JEUNES NOUS POUVONS LEUR FAIRE CONFIANCE. Dans la Mesure où ils ont reçu l'Éducation. La Connaissance. Les Valeurs qui font les Femmes et les Hommes mais également la Nation. L'information Honnête et Précise de la Part des Élites et de...

à écrit le 11/10/2019 à 22:44
Signaler
OUI LES JEUNES NOUS POUVONS LEUR FAIRE CONFIANCE. Dans la Mesure où ils ont reçu l'Éducation. La Connaissance. Les Valeurs qui font les Femmes et les Hommes mais également la Nation. L'information Honnête et Précise de la Part des Élites et de...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.