Rareté du foncier, des talents et de l’énergie : « Il faut faire aujourd’hui avec moins de ressources » (Aderly)

Par La Tribune Auvergne-Rhône-Alpes  |   |  1000  mots
« Accueillir des entreprises internationales reste dans l’ADN de l’agence », affirme Bertrand Foucher, même si l'ambition de faire plus qualitatif que quantitatif pour l'agence se traduira aussi par le fait de réduire le nombre de projets accueillis, ou encore de favoriser « les projets à multiples impacts ». (Crédits : DR)
L'INVITE ECO. Elle se pose comme le principal outil d'aide à l'implantation des entreprises dans la capitale des Gaules, qui rassemble plusieurs partenaires (Métropole de Lyon, CCI de Lyon, Conseil Général du Rhône, Medef Lyon-Rhône). L'agence d’attractivité Aderly vient d’accueillir son nouveau directeur, Bertrand Foucher, quelques mois après la disparition soudaine de votre prédécesseur Jean Charles-Foddis. Un double tournant pour cet outil, puisque l’arrivée des écologistes à la Métropole de Lyon s’était également traduite par l’objectif de repositionner l'Aderly plutôt « sur du qualitatif que sur du quantitatif », et notamment sur « des filières stratégiques ».

Sa mission sera de prôner qu'une autre forme de développement économique est possible. Bertrand Foucher, le nouveau directeur de l'agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly) vient de prendre ses fonctions il y a quelques jours dans un contexte délicat, quelques mois après la disparition soudaine de votre prédecesseur Jean-Charles Foddis. Diplômé de l'EDHEC, il avait d'abord travaillé 20 ans dans le secteur du conseil aux entreprises (chez Capgemini ou Accenture), mais on le connaissait surtout pour l'expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée de Villeurbanne, dans laquelle il avait pris les rênes de l'EBE EmerJean, qui a depuis fait des petits.

« Cette nouvelle mission fait aujourd'hui la synthèse entre deux grands pans de mon parcours, et notamment la question de l'emploi avec l'expérimentation Territoire Zéro Chômeurs. La question des talents est devenue un enjeu majeur après avoir subitement surgi et tout l'enjeu va désormais être, pour les entreprises, de pouvoir les attirer et les valoriser. Cela pourra se faire à travers les grandes écoles mais aussi auprès des publics plus vulnérables, où il existe un gisement à valoriser », a affirmé le nouveau directeur, au micro de l'émission Lyon Business.

Faire des choix pour se renforcer, et être plus sélectif sur les projets

A l'heure où la métropole écologiste travaillait justement depuis un an sur le repositionnement de la feuille de route de l'Aderly pour coller à ses ambitions, le Grand Lyon avait déjà annoncé en février dernier les grandes lignes de son nouveau projet pour l'agence, quelques semaines avant le recrutement officiel de son directeur : repositionner l'Aderly plutôt sur du qualitatif que sur du quantitatif", et notamment sur "des filières stratégiques".

« La trajectoire avait été initiée dès 2018 et traduit une tendance européenne déjà présente dans les grandes villes comme Berlin, Rotterdam, et qui ne concerne pas que Lyon. Il y a aussi l'idée de faire des choix pour se renforcer, et d'être plus sélectif sur des projets d'accompagnement liés à des domaines stratégiques comme la santé ou l'énergie», confirme Bertrand Foucher.

« Remettre le développement économique au service du territoire », telle est donc l'ambition prônée par le nouveau directeur, alors que plusieurs voix s'étaient élevées au sein de l'opposition métropolitaine pour dénoncer « l'objectif de faire moins ».

« Il existe déjà, sur le plan du développement économique, une forme de rareté du foncier et des talents, mais aussi sur la question de l'énergie, qui fait que l'on doit aujourd'hui faire avec moins de ressources. (...) Il faut aussi préserver nos capacités de manœuvre pour les entreprises andogènes déjà présentes sur le territoire », a affiché Bertrand Foucher.

Pour lui, l'essentiel est donc désormais moins du côté de l'accroissement des revenus générés par les entreprises, que de celui « d'avoir des projets à multiples impacts, à la fois sur la création d'emplois, l'accompagnement à la transition écologique et avec une dimension de coopération entre les différents acteurs de l'écosystème lyonnais ».

Objectif 70 nouvelles conquêtes en 2022, l'international reste « dans l'ADN »

Avec en moyenne, près de 110 entreprises accompagnées annuellement avant la crise sanitaire, l'Aderly a donc désormais l'objectif de partir plutôt sur 70 nouveaux projets d'implantations sur 2022. A l'exception de l'année 2021, où la période Covid avait aboutit à 62 projets enregistrés, il faut remonter d'ailleurs à 2013 pour trouver un chiffre similaire (77 entreprises implantées).

Le focus sera donc mis à la fois sur l'accueil d'entreprises à impact (pour 40%), en lien avec l'ESS (10% du total souhaité) mais aussi sur les projets à rééquilibrer hors de la métropole (25%). « L'ESS cernant réalité beaucoup de secteurs d'activité comme la santé, les mobilité, l'énergie, l'industrie et notamment la réindustrialisation du territoire. Cela constitue un domaine stratégique », note Bertrand Foucher.

Pour autant, celui-ci concède que l'accueil des entreprises internationales, quelle que soit leur taille, « reste une des priorités et dans l'ADN de l'agence ».

« Notre cible de 70 projets à accueillir inclut 40 % de projets à capitaux étrangers, contre 60% globalement pour la période avant-Covid. L'internationalisation fait clairement partie de notre feuille de route, mais il existe plus globalement une tendance générale à la relocalisation est un recentrage économique sur les places européennes ».

Du côté de la Vallée de la Chimie, qui reste un marqueur fort de la scène lyonnaise, Bertrand Foucher rappelle que ce dossier est piloté par une mission dédiée et portée par la Métropole écologiste.

« Nous sommes directement associés dans les missions de prospection mais au dela de cette localisation, l'enjeu est de pouvoir accueillir des entreprises qui font système avec le milieu de la recherche ». il cite à ce titre en exemple « un équipementier automobile que nous accompagnons actuellement et qui nourrit un grand projet de centre de R&D et d'open innovation qui vise à s'articuler avec l'ensemble des acteurs du territoire, avec des matériaux produits à base de matières recyclées. C'est une donnée essentielle dans la composition du monde de demain ».

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici

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Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 360 (Orange), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.