A travers son agence économique l'Aderly, le Grand Lyon veut accueillir "moins, mais mieux" mais aussi plus vert

Entre la crise sanitaire, le changement de direction à la tête de l'exécutif métropolitain, puis le décès soudain de son directeur en août dernier, l'Aderly a connu plusieurs bouleversements. Cette semaine, l'agence économique du Grand Lyon a présenté sa nouvelle feuille de route (très attendue) pour les années à venir, et qui se veut désormais en adéquation avec les ambitions écologistes de la Métropole, à savoir se diriger vers "plus de qualitatif et moins de quantitatif".
En 2021, l'Aderly a accompagné l'implantation de 62 projets, contre environ 110 annuels habituellement. Malgré la crise sanitaire, ce résultat préfigure l'une des ambitions du nouvel exécutif écologiste : "repositionner l'Aderly sur du qualitatif plutôt que sur du quantitatif", et notamment sur "des filières stratégiques".

"Nous travaillons depuis plusieurs mois sur une feuille de route. Il ne faut pas perdre l'ADN de l'Aderly [Agence pour le développement économique de la région lyonnaise], mais nous volons avoir une approche durable en bonne intelligence. [...] S'il n'y a pas de cohésion, ça diverge rapidement, ce qui n'est pas le cas", mettait en garde Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, lors de la présentation du bilan et des objectifs de l'Aderly.

A ses côtés, le président de la Métropole, Bruno Bernard, "réaffirme son soutien à l'Aderly", "le maintien du budget" et souhaite "que notre politique à destination des entreprises corresponde à notre politique globale."

Fondée en 1974 par la Métropole de Lyon, la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, le Conseil Général du Rhône et le MEDEF Lyon-Rhône, l'Agence pour le Développement Economique de la Région Lyonnaise, connue sous le nom de "l'Aderly", se pose en effet comme le principal outil d'aide à l'implantation des entreprises, françaises et internationales du territoire lyonnais.

Un rôle par ailleurs renforcé depuis que la Loi NOTRe a confirmé la compétence économique des Métropoles et des Régions mais l'arrivée du nouveau exécutif écologiste, en juillet 2020, avait suscité des questionnements sur les orientations à venir.

Une période de transition qui s'amorce

Les deux principaux financeurs de l'Aderly ont donc d'abord tenu à souligner leur entente, à l'aube d'un nouveau tournant.

D'autant plus que l'agence a connu certains bouleversements ces derniers temps : à commencer par la crise sanitaire, qui a mis à l'arrêt les échanges "en présentiel", avec l'international, ou freiné les projets d'implantations. A ceci s'ajoute en effet le changement d'exécutif de la Métropole en 2020, passé de la présidence de David Kimelfeld (LREM) au Bruno Bernard (EELV), et qui implique nécessairement une adaptation sur le fond. Et enfin, en août dernier, l'agence perdait son directeur, Jean-Charles Foddis, décédé soudainement.

Maintenant, il s'agit donc de "repositionner l'Aderly plutôt sur du qualitatif que sur du quantitatif", et notamment sur "des filières stratégiques", a acté le Grand Lyon. Une volonté qui s'exprime déjà dans les chiffres puisqu'en 2021, l'Aderly a accompagné l'implantation de 62 projets, contre environ 110 annuels habituellement.

Dans son rapport d'activité, on constate par exemple qu'avant la crise sanitaire, 114 implantations avaient été enregistrée en 2019. Il faut remonter d'ailleurs à 2013 pour trouver le nombre le plus bas, qui était de 77 entreprises implantées.

Le nombre de 62 projets reste toutefois un chiffre encourageant aux yeux de Philippe Valentin, compte-tenu du contexte actuel : "On ne pensait pas en arriver là", admet-il.

Au total, 36 entreprises proviennent de France, et 26 de l'étranger, dont 5 du "grand international". La majorité (19) s'inscrit dans le secteur des "services d'intérêt sociétal", puis la santé (12), l'industrie (9) et la sobriété numérique (6).

Vers un "rééquilibrage" annoncé vers les territoires

"Il existe un besoin de rééquilibrer les territoires, sur la question de la mobilité notamment", commente Bruno Bernard. Il a notamment rappelé les besoins de foncier, chantier sur lequel la Métropole travaille, et les difficultés de recrutement.

Par ailleurs, un audit lancé cet été par la Métropole et dont les conclusions ont été rendues en septembre "a permis de rentrer en dialogue avec la CCI et de mettre à plat la feuille de route", notamment dur les volets organisationnels et financier.

"Comme pour n'importe quelle association, nous sommes redevables aux citoyens", d'après Emeline Baume, la première vice-présidente déléguée à l'économie de la Métropole de Lyon.

Le processus de recrutement pour trouver un successeur à Jean-Charles Foddis est en cours, avec un candidat qui devrait être révélé "au printemps". La co-direction est assurée jusqu'à cette date par Aymeric de Mollerat, directeur adjoint, et Corinne Chirat, secrétaire générale.

Une concentration sur quatre grandes filières

En 2022, l'Aderly a ainsi choisi de se concentrer maintenant sur quatre grandes filières : la santé, la transition écologique (construction, énergie, sobriété numérique), la mobilité douce dont la logistique urbaine et la relocalisation de l'industrie (notamment le textile).

"Les missions de l'Aderly évoluent pour aller chercher et accompagner l'implantation de nouvelles entreprises et nouveaux acteurs socioéconomiques jugés utiles voire nécessaires pour le développement du territoire en veillant à cinq principes d'action : utilité, pérennité, collegialité, territorialité, exemplarité", affirme le Grand Lyon.

Avec Utopies, l'Aderly a aussi pu analyser le degré "d'évasion d'achat" des entreprises locales. "Elles importent des produits que nous pourrions au contraire sourcer", résumait Émeline Baume, vice-présidente déléguée à l'économie.

Utopies a en effet révélé l'existence d'un phénomène de fuite chiffré à 37% à l'échelle du territoire concernant la demande locale. "Comment les éviter et chercher des pépites ?" poursuit Émeline Baume. "Notre parti pris est de faire de l'innovation un point fort pour baisser l'empreinte carbone", poursuit la vice-présidente.

Mais dans le même temps, l'études d'Utopies révèle une hausse de +38% des achats réalisés localement. Sur la relocalisation de l'industrie, Bruno Bernard espère notamment que la Région co-financera quelques projets de la Vallée de la Chimie, alors que le nouvel éxecutif métropolitain est bien décidé à faire de l'industrie l'un des marqueurs de sa transition écologique.

Objectif : encore une soixantaine d' implantations en 2022

Pour 2022, l'Aderly espère ainsi mener 60 projets d'implantation, dont 40% à impact et 10 issus de l'ESS. Pour coller avec la notion de rééquilibrage du territoire évoquée par Bruno Bernard, l'agence souhaite aussi que 25% des projets soient situés en dehors-Métropole.

Reste à savoir comment l'exécutif parviendra à marier cette volonté avec les retombées économiques enregistrées chaque année à l'échelle du territoire.

Une récente étude "Local footprint", menée par l'agence Utopies sur le territoire de l'aire métropolitaine Lyon Saint-Étienne, avait d'ailleurs analysé les flux générés par les entreprises implantées par l'Aderly entre 2010 et 2019, en s'appuyant sur les données de 569 entreprises "encore en activité sur les 884 qui se sont implantées ces dix dernières années".

En tout, 17% sont issues des services, 12% des sciences du vivant, 15% de l'industrie,17% des cleantech et 25% du numérique. Elles représentent 10.400 emplois direct et 1.775.000.000 d'euros de chiffres d'affaires et 2,5 milliards de PIB généré (dont 69% sur le territoire).

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