TGV Annecy-Paris : pourquoi un changement d'heure secoue le monde économique

Par Didier Bert  |   |  623  mots
(Crédits : A. Février)
La volonté de la SNCF de décaler d’une heure le premier TGV quotidien entre les Pays de Savoie et Paris suscite l’inquiétude du monde économique et politique des deux départements.

Il y a quelques jours, la SNCF a annoncé sa volonté de décaler d'une heure le premier TGV reliant les Pays de Savoie à Paris (départ de la gare d'Annecy à 5h32, puis à 6h25 de celle de Chambéry, pour arriver à 9h15 en gare de Lyon à Paris). C'est le seul TGV à arriver en début de journée.

La SNCF entend tester, dès le 15 décembre et pour six mois, un nouvel horaire, qui ferait arriver le TGV à 10h12 à Paris. En cause : l'horaire actuel est marqué par une "très faible fréquentation", affirme-t-on à la direction régionale de la SNCF.

Par ailleurs, la direction régionale de la SNCF s'étonne d'entendre les médias évoquer une suppression de ce TGV, puisque le décalage d'horaire n'enlèverait aucun départ quotidien.

"Nous resterions à cinq TGV par jour", assure l'entreprise ferroviaire.

Décision inacceptable

L'annonce de ce test a suscité l'hostilité du monde économique et politique local.

"La qualité de la desserte journalière avec Paris constitue un enjeu essentiel en matière de développement économiqueCette décision unilatérale n'est donc pas acceptable pour la clientèle de chefs d'entreprise haut-savoyards qui effectuent un déplacement professionnel dans la journée!", explique la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la Haute-Savoie.

Ce décalage survient moins d'un an après la suppression de deux allers-retours de TGV entre les Pays de Savoie et Paris.

"Aujourd'hui je suis inquiet, lâche Guy Métral, le président de la CCI de la Haute-Savoie. Qu'est-ce qui nous attend pour les prochaines années?"

Même en maintenant ce premier TGV quotidien, le fait de décaler son départ d'une heure posera des problèmes pratiques aux cadres et chefs d'entreprise.

"On ne peut pas arriver chez nos clients à midi ou en milieu d'après-midi. Je comprends la volonté de la SNCF de rationaliser, mais il y a peut-être d'autres choses à faire que de couper la Haute-Savoie de Paris", pointe M.Métral.

Et le président de la CCI de montrer du doigt la manière dont l'annonce a été faite.

"Avant de prendre un positionnement unilatéral, la SNCF pourrait en discuter avec les dirigeants d'entreprises et les responsables politiques", suggère -t-il.

Suspension étudiée

Outre l'impact économique, les opposants à cette modification avancent l'argument écologique (prendre sa voiture pour rejoindre Lyon ou Genève par exemple) et territorial.

"Ce changement occasionne des désagréments fondamentaux pour ceux qui doivent ensuite se rendre sur leurs lieux de travail mais aussi l'isolement de notre territoire. En effet, cela obligera les usagers à partir la veille ou à se rendre à Lyon pour prendre le TGV vers la capitale", écrit le député Patrick Mignola (LREM) dans un courrier adressé au président de la SNCF et au secrétaire d'État aux Transports, demandant d'étudier "avec bienveillance le rétablissement de l'horaire".

Sollicité, M.Mignola n'a toutefois pas répondu à notre demande d'interview.

Face aux réactions des élus et des dirigeants économiques locaux, l'entreprise publique a finalement annoncé qu'elle réfléchit à une éventuelle suspension de sa décision de tester un horaire plus tardif. Elle donnera sa décision d'ici quelques jours.

En attendant, les associations et les usagers continuent à se mobiliseer sur les réseaux sociaux. Une pétition circule : elle a déjà recueilli près de 6000 signatures.

Il y a un an, la SNCF avait annoncé la suppression de deux TGV sur trois au départ de Valence à destination de Lyon, pour une période de deux ans. La direction régionale de la SNCF invoquait alors les travaux en garde de la Part-Dieu à Lyon, qui l'obligeait à réduire le nombre de dessertes.