Lyon-Turin : la nomination d'Élisabeth Borne, une nouvelle susceptible de remettre le dossier sur les rails ?

Le tunnel du futur Lyon-Turin pourrait être prêt en 2030 sans que les trains venus de France puissent l’emprunter. C’est toujours le risque que court actuellement la France, en retardant mois après mois sa décision sur le tracé définitif de l’accès au tunnel alpin long de 57 kilomètres, alors même que l'Italie a déjà fait son choix. Désormais, les acteurs de la Transalpine en faveur de cette liaison espère que le choix d'une ancienne ministre des Transports en la personne d'Elisabeth Borne pour siéger à Matignon permettra à ce dossier de faire enfin des choix.
(Crédits : Jean-PIerre Clatot / AFP)

Promis, juré, le gouvernement français allait décider du tracé définitif de l'accès au tunnel transfrontalier du Lyon-Turin avant la fin du premier trimestre 2022. L'ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, l'assurait en septembre 2021.

Alors que la fin du second trimestre tant attendu se rapproche, aucun tracé n'a toujours été communiqué. Les observateurs du chantier pharaonique, estimé aux environs de 26 milliards d'euros, ne sont guère surpris : cela fait des années que le suspense dure.

Certains se raccrochent à ce qu'ils peuvent. Le lobby de la Transalpine, qui réunit des collectivités et des sociétés favorables à la liaison ferroviaire entre Lyon et Turin, saluait récemment la nomination d'Élisabeth Borne au poste de première ministre, voyant en cette nomination de l'ancienne ministre des Transports un geste en direction de la concrétisation d'un choix définitif.

La réalité est plus prosaïque. Le chantier du creusement du tunnel de 57 kilomètres sous les Alpes est en cours... mais on ne sait toujours pas comment la France va relier ce tunnel à son infrastructure ferroviaire.

La région Auvergne-Rhône-Alpes et le département de la Savoie, par la voix de leurs présidents respectifs Laurent Wauquiez et Hervé Gaymard, privilégient le scénario offrant le volume de fret le plus élevé, avec des tunnels sous les massifs de Chartreuse, Belledonne et Glandon, au coût de 6,7 milliards d'euros. Deux autres scénarios, aux environs de 5 milliards d'euros, privilégient soit le transport de passagers, soit l'économie des tunnels sous Belledonne et Glandon. L'Union européenne s'est déclarée prête à prendre la moitié de la facture des accès à sa charge.

Le spectre du tunnel sans raccordement toujours présent

Risque-t-on de se retrouver avec un énorme tunnel qui débouche sur la vallée de la Maurienne, sans raccordement au réseau? Ce scénario absurde paraît de plus en plus envisageable, et inquiétant aux yeux des partisans de la liaison à haut gabarit. En effet, une fois l'accès choisi, il faudra lancer les procédures et les travaux. Tout cela prendra du temps. Et le futur tunnel risque de plus en plus d'être prêt avant de pouvoir être raccordé.

L'Italie prévoit de faire circuler plus de 150 trains de fret et de passagers chaque jour en 2030. Comment la France compte-t-elle être prête dans huit ans, alors que plusieurs tunnels pourraient devoir être creusés sous les massifs savoyards, et que des lignes nouvelles de voie ferrée devront avoir été posées d'ici là ? Sans compter les recours administratifs qui pourraient se multiplier de la part de riverains mécontents de voir surgir une ligne à haut gabarit à côté de chez eux...

D'autant que ce scénario dispose d'un précédent. La liaison franco-espagnole entre Perpignan et Figueras avait donné lieu au percement d'un tunnel, inauguré en 2011. Mais dix ans plus tard, les accès n'était toujours pas achevés : l'exploitant TP Ferro avait dû être liquidé entre-temps.

Un nouveau président pour TELT

En attendant une décision gouvernementale, Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT), la société franco-italienne chargée de la gestion de la liaison ferroviaire transalpine Lyon-Turin, vient de changer de président. Le gouvernement français a nommé Daniel Bursaux, un ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts honoraire, qui était vice-président du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) au ministère de la Transition écologique jusqu'en janvier dernier.

Il succède à Hubert Dumesnil, qui présidait TELT depuis 2013. Ce dernier avait à l'époque été mis en difficulté dans l'émission de France 2, Pièces à conviction, en ne parvenant pas à montrer comment le Lyon-Turin allait faire gagner trois heures sur le trajet entre Paris et Milan, comme il l'affirmait.

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Commentaire 1
à écrit le 08/06/2022 à 23:43
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... en ne parvenant pas à montrer comment le Lyon-Turin allait faire gagner trois heures sur le trajet entre Paris et Milan, comme il l'affirmait ... Et pour cause : il n'y a plus de LGV entre Lyon et Turin depuis le 19 juillet 2013 puisque le Pro...

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