Article initialement paru dans le numéro 143 d'Acteurs de l'économie - La Tribune.
RTE, l'entreprise qui achemine l'électricité entre les fournisseurs et les consommateurs a élaboré "cinq scénarii pour la réussite de la transition énergétique, de l'hiver prochain à 2035". L'exploitant du réseau électrique français estime que, dès 2020, la France "pourrait envisager la fermeture des centrales à charbon ou de quatre réacteurs nucléaires atteignant 40 ans de fonctionnement".
Si l'Ain le décidait, le département pourrait se porter candidat et se passer de la centrale nucléaire du Bugey et de ses quatre réacteurs en activité. Mais RTE va plus loin : en 2025, "24 réacteurs nucléaires pourraient être fermés (sur les 58 français, NDLR) à condition d'accélérer le développement des énergies renouvelables et de la construction de nouvelles centrales au gaz".
À leur tour, les départements de la Drôme, de l'Ardèche et de l'Isère pourraient fermer leurs sites nucléaires (les quatre réacteurs du site de Tricastin, autant pour Cruas-Meysse et les deux réacteurs de la centrale de Saint-Alban/Saint-Maurice). Ainsi, la région tout entière pourrait tourner la page du nucléaire.
Un paysage quasi à l'identique
En échange de cet abandon, les consommateurs devront néanmoins accepter quelques coupures d'électricité et modifier leurs rapports quotidiens à l'énergie. Ils devront également céder une partie de leurs espaces à des champs d'éoliennes ou des fermes de panneaux voltaïques.
Pourquoi ne pas profiter des quelques centaines d'hectares libérés par ces centrales à l'arrêt pour implanter de nouveaux projets ? "Ce sont des terres polluées par la radioactivité. Elles sont inutilisables pendant plusieurs milliers d'années", rappelle Alain Joffre du réseau Sortir du nucléaire, dont le collectif surveille en particulier les installations de Cruas et Tricastin.
Et même si la science faisait un bon en avant en matière de traitement de la radioactivité, il faudrait, quoi qu'il en soit, plusieurs dizaines d'années pour disposer de ces terrains. Superphénix, la centrale de Creys-Malville, en Isère, a été arrêtée en 1997. Vingt et un ans plus tard, le réacteur est toujours en cours de démantèlement.
À Bugey, il a fallu 12 ans de discussions pour lancer les travaux de démantèlement du réacteur numéro 1. Au rythme actuel, et avec la volonté d'EDF de reporter de plusieurs décennies l'échéancier de déconstruction, la date de fin du démantèlement du caisson se situerait à l'horizon... 2080.
L'activiste milite pour convertir les centrales obsolètes en sites d'enfouissement, lieux de stockage des déchets radioactifs. Une façon d'éviter de polluer de nouvelles terres comme aux alentours du Bugey où EDF construit, pour la fin de l'année, une "installation provisoire d'entreposage des déchets dans l'attente du stockage définitif des déchets radioactifs de moyenne activité à vie longue issus des neuf réacteurs actuellement en déconstruction". "
Faire disparaître les centrales ne supprimera pas tous les risques, reconnaît le militant. Car il faudra toujours être vigilant sur l'évolution des déchets, leurs déplacements, etc."
En 2050, si ce n'est qu'il n'y aurait plus de fumée pour obscurcir le ciel bleu et que nous aurions réglé une partie des questions de sécurité, les réacteurs des centrales nucléaires domineront toujours les vastes plaines ou fleuves régionaux.
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