Lyon-Turin : le début du chantier annoncé pour 2016

Par Jean-Baptiste Labeur  |   |  515  mots
Le sommet franco-italien entre François Hollande et Matteo Renzi ce mardi a acté le démarrage du chantier avec la signature d'un avenant à l'accord de 2001. Mais la question du financement est loin d'être totalement réglée.

Le président de la République François Hollande et le président du conseil italien Matteo Renzi ont annoncé ce mardi à Paris le lancement des travaux de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, fixant la date de 2016. Le projet, vieux de plus de vingt ans, a donc franchi une nouvelle étape importante lors de ce sommet franco-italien, avec la signature d'un avenant à l'accord de 2001, permettant de lancer les travaux de ce chantier pharaonique dont le tunnel de base de 57 kilomètres représente à lui seul un coût de 8,5 milliards d'euros.

"C'est une semaine décisive, qui apporte toutes les garanties nécessaires au lancement de ce chantier historique. La liaison ferroviaire Lyon-Turin fret et voyageurs est un levier de croissance économique" a réagit Jean-Jack-Queyranne, président PS de la région Rhône-Alpes.

2,2 milliards à trouver pour la France

Le financement de ce tronçon pourrait être assuré à 40 % par l'Union européenne. Les deux pays vont déposer conjointement d'ici jeudi un dossier d'appel à projet européen (NDLR : la clôture de l'appel à projets de la Commission européenne, relatif au mécanisme d'interconnexion en Europe 2014-2020 intervient le 26 février). Il restera à l'Italie à régler une ardoise de 2,9 milliards d'euros. 2,2 milliards d'euros resteront à la charge de la France.

Le financement, côté français, n'est pourtant pas encore bouclé. L'abandon de l'écotaxe plombe le budget du Lyon-Turin. Le Premier ministre, Manuel Valls, a confié en décembre à deux parlementaires, le député socialiste Michel Destot et le sénateur UMP Michel Bouvard, la mission de trouver un financement alternatif. Une eurovignette pour le péage des poids lourds ou une surtaxe sur les sociétés d'autoroutes sont envisagées.

Les opposants maintiennent la pression

De chaque côté des Alpes, le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin (TGV et fret) reste très contesté. EELV dénonce ce mardi dans un communiqué :

"Une catastrophe économique. C'est un projet du siècle dernier que la France et l'Italie s'évertuent à soutenir en dépit du bon sens et de l'opposition des populations concernées. Ce n'est pas parce l'Europe en finance 40% qu'il faut gâcher ces fonds publics".

Mais l'opposition ne se cristallise pas que du coté des Verts. Certains élus de droite comme Dominique Dord redoutent une inflation des coûts et remettent en cause également le bien-fondé de sa réalisation, en considérant que les prévisions de trafic sont surestimées. Les opposants au projet font valoir que l'actuelle ligne du Mont-Cenis reste sous exploitée.

Par ailleurs, deux députées européennes écologistes ont saisi l'office antifraude européen (OLAF) qui a ouvert une enquête début février sur de possibles conflits d'intérêts en France dans la passation de marchés publics, et des soupçons de liens avec la mafia calabraise côté italien

Au total, l'ensemble de la future ligne Lyon-Turin devrait coûter 26 milliards d'euros, selon la Cour des comptes. Elle pourrait entrer en service en 2030.

Actualisé le 24/02/15 à 18h17

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