La Suisse cofinance une ligne de bus en France

Par Didier Bert  |   |  553  mots
Annemasse Agglo a acquis onze nouveaux bus pour la ligne Tango.
La Confédération helvétique versera 3,3 millions d'euros pour financer la ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) Tango, qui parcourt l'agglomération d'Annemasse en territoire entièrement français.

C'est un partenariat jusqu'ici inédit. La Suisse participe au financement d'une ligne de transport en commun française. La ligne Tango dessert la gare d'Annemasse en Haute-Savoie, mitoyenne du terminal suisse de Moëllesulaz, desservie elle-même par les Transports publics genevois (TPG).

Des intérêts communs

Ce cofinancement était prévu dans le Projet d'agglomération transfrontalière signé en 2012 entre le canton de Genève, les collectivités locales françaises et l'État français.

Cette participation a été officialisée par une convention de versement de fonds fédéraux, signée mardi 17 février par François Longchamp, président du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève, et par Christian Dupessey, président d'Annemasse Agglo (Haute-Savoie).

Réunies dans le Grand Genève, le district de Nyon, le canton de Genève et les collectivités de l'Ain et de la Haute-Savoie visent à mieux coordonner l'offre de transport en commun sur l'ensemble du territoire transfrontalier.

Désengorger le Grand Genève

Chaque jour, 97 000 résidents de Haute-Savoie traversent la frontière pour aller travailler à Genève, engorgeant les voies de circulation automobile.

Le BHNS Tango doit contribuer à multiplier par trois l'utilisation des transports en commun dans l'agglomération d'Annemasse. Le projet franco-suisse vise à enlever chaque jour 4000 automobiles des routes frontalières. « Seules des infrastructures de transport pensées pour toute l'agglomération genevoise permettront d'améliorer notre situation », affirme François Longchamp. À elle seule, la ligne Tango pourrait être utilisée par 12 000 frontaliers.

Un bus à fréquence rapide

La participation suisse représente 15,3% du financement total (21,3 millions d'euros) du BHNS Tango, déjà en service sur un tracé de 7,5 kilomètres sur les communes d'Annemasse et de Ville-la-Grand. Cette ligne de bus verra sa fréquence s'intensifier progressivement de 15 à 9 minutes. La vitesse commerciale est annoncée comme supérieure à celle des automobiles en période de pointe, grâce à l'utilisation de voies réservées sur 40% du trajet, et à la priorité donnée aux bus lors des traversées de carrefours.

Autre atout mis en avant pour convaincre les automobilistes transfrontaliers de laisser leur véhicule au garage : de nouveaux bus plus confortables seront prochainement mis en service sur la ligne Tango.

« Par cette réalisation transfrontalière, nous construisons ensemble le Grand Genève dans l'intérêt de tous les habitants français et suisses », croit Christian Dupessey.

Dans quelques années, la ligne de bus Tango pourra desservir également le CEVA (Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse), un RER transfrontalier qui reliera Annemasse et Genève en dix minutes, et qui devrait être opérationnel d'ici 2020. Une ligne de tramway s'ajoutera à l'offre de transport en commun transfrontalier en 2018.

Un nouvel élan?

Cette signature intervient moins d'un an après que les électeurs genevois aient refusé à 51,1% de cofinancer la construction de cinq parkings-relais en France, destinés aux travailleurs frontaliers.

Deux de ces parkings-relais sont desservis par le BHNS Tango sur la commune d'Annemasse, permettant aux automobilistes de laisser leur véhicule aux portes de l'agglomération. Ces parkings relais seront bien construits d'ici 2018, malgré le renoncement suisse.

En chiffres

  • Coût total de la BHNS Tango : 21,3 millions d'euros

Participations financières

  • Conseil général de la Haute-Savoie : 37,1%
  • Annemasse Agglo : 33,4%
  • Confédération suisse : 15,3%
  • État français : 9,4%
  • Commune d'Annemasse : 3,6%
  • Région Rhône-Alpes : 1,2%