Chambéry oubliée de la reprise du marché immobilier collectif

Par Didier Bert  |   |  591  mots
Le marché des logements collectifs neufs chute dans l'agglomération de Chambéry alors que la tendance est à la reprise chez ses voisines d'Annecy et de Grenoble, tout comme sur le plan national, indique une étude menée par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) des Alpes.

Les réservations de logements collectifs neufs ont diminué de 13% dans l'agglomération chambérienne au premier semestre 2015, après avoir déjà enregistré une diminution de 7% en 2014.

Sur la même période de janvier à juin 2015, les agglomérations d'Annecy (+23%) et de Grenoble (+15%) ont connu des tendances totalement inverses à celle de la préfecture de la Savoie, constate la FPI Alpes, qui regroupe 37 promoteurs de l'Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie, en plus de ses adhérents dans la Drôme et les Hautes-Alpes. L'organisation a présenté ces chiffres durant une conférence de presse à laquelle assistaient des professionnels du marché immobilier savoyard, vendredi matin à Chambéry.

À contre-courant

La tendance chambérienne va aussi à l'encontre de la tendance nationale, où 90 000 logements devraient être réservés cette année, contre 85 000 en 2014, soit une hausse de 6% du nombre de réservations. « Nous étions descendu très bas après trois années de crise, analyse Olivier Gallais, le président de la FPI Alpes. La loi Pinel a incité des investisseurs à revenir acheter des logements pour les louer. »

Deux mesures inscrites dans la loi Pinel ont permis de relancer le marché, précise M.Gallais, qui cite l'autorisation de louer à ses ascendants et à ses descendants, et le choix de s'engager à louer durant six, neuf ou douze ans - contre neuf auparavant. Le changement de ministre du Logement - Sylvia Pinel avait remplacé Cécile Duflot au printemps 2014 - a aussi permis de sortir d' « une communication négative », affirme Olivier Gallais.

Or, cette reprise nationale n'est pas observée à Chambéry. Pourtant, les investisseurs représentent 40% des réservations au premier semestre, un chiffre supérieur à la moyenne française.

Morosité économique

C'est du côté des propriétaires-occupants que le bât blesse, analyse Olivier Gallais. « Ici, les gens sont très attentistes, observe-t-il. Ils sont en attente d'obtenir un emploi stable, voire deux pour les ménages. Tant qu'ils ne les auront pas, ils n'iront pas demander un prêt à leur banque. »

 « La baisse des réservations à Chambéry est le signe d'un manque de dynamisme économique », ajoute Jean-Jacques Bellemin-Comte, vice-président de la FPI Alpes pour les Savoie.

Chambéry délaissée

Du côté des promoteurs, l'optimisme ne semble pas de mise : dans la ville de Chambéry, les réservations ont chuté de 47% au premier semestre 2015. Et aucun nouveau logement n'a encore été mis sur le marché cette année. Quant aux organismes HLM, aucun d'entre eux n'a effectué de réservation auprès des promoteurs depuis le début de l'année, alors qu'ils représentaient plus du tiers des réservations en 2013 et en 2014.

Jean-Jacques Bellemin-Comte pointe l'écart qui s'est créé entre l'offre disponible de logements collectifs neufs et la demande présente dans l'agglomération de Chambéry, dans un contexte de stagnation des salaires depuis plusieurs années.

Des stocks à écouler

Et les délais de commercialisation ne cessent de s'allonger. 30% des projets sont vendus au compte-gouttes, au rythme d'un logement tous les deux mois, souligne M. Bellemin-Comte. Même pour un petit projet de 30 logements, les ventes peuvent s'écouler sur plusieurs années. À ce rythme, les promoteurs ne sont pas pressés de lancer de nouveaux projets, poursuit M.Bellemin-Comte.

 Et cela explique aussi qu'aujourd'hui il est possible pour l'acquéreur de négocier le prix d'un logement collectif neuf, reconnaît Olivier Gallais, mais les promoteurs ne casseront pas leurs prix. « Nos marges de 7% limitent notre capacité à ajuster nos prix de vente », affirme-t-il.