Grenoble, première agglo de France à 30km/h

Par Marie Lyan  |   |  679  mots
A compter du 1er janvier 2016, Grenoble roulera au pas. L'agglomération de Grenoble Alpes Métropole a annoncé mardi que la circulation serait limitée à 30km/h dès l'an prochain dans 43 des 49 villes de l'agglomération, afin d'assurer une "circulation apaisée" et de réduire la brutalité des accidents.

C'est un grand pas dans lequel le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a volé la vedette à la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Alors que celle-ci s'était engagée à généraliser les zones 30 d'ici 2020, l'équipe d'Eric Piolle convaincu la majorité des maires de l'agglomération grenobloise (43 sur 49 communes), qu'elles soient de droite ou de gauche, de généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h à l'ensemble de leur territoire, en ne conservant que quelques axes principaux à 50 km.

"Nous allons construire une ville plus respirable", a estimé Eric Piolle, qui affirme poursuivre un double objectif : "réduire la part d'accident brutaux" et "rendre la ville plus apaisée". Dans son communiqué de presse, la ville de Grenoble, qui a agi comme chef de file en entrainant avec elle jusqu'au dernier moment des municipalités comme Echirolles ou Saint-Martin d'Hères, rappelle que "le risque de décès lors d'un choc ( à 30 km/h ndlr) est divisé par neuf par rapport à un choc à 50 km/h".

Réinventer la ville ?

A Grenoble, ce sont donc 80% des voies qui passeront à 30 km/h dès le 1er janvier 2016 (contre 25% aujourd'hui), tandis que les principaux axes comme les Grands Boulevards seront à 50 km/h. La métropole échelonnera ce calendrier jusqu'à juillet 2016 en fonction des villes.

Pour faire appliquer cette mesure, la métropole a pour l'instant mis de côté les sanctions, et mise sur l'installation de radars pédagogiques ainsi que sur la création de nouvelles zones piétonnes ou de "zones de rencontres" limitées à 20 km/h.

En plus d'agir sur la circulation, la ville de Grenoble souhaite réinventer l'espace public, à travers de la végétalisation et des aménagements piétonniers. Elle rappelle que la métropole a lancé une boite à idées pour que les habitants proposent des aménagements de rues, qui bénéficieront de fonds prioritaires entre 2016 et 2020.

"Cela va modifier les comportements : quand on roule à 50 km/h, on a des accélérations, des décélérations et des chocs beaucoup plus brutaux. Il s'agit de dire que nos voies sont partagées entre tous les usagers, y compris les piétons", a fait valoir Yann Mongaburu, vice-président en charge des déplacements à Grenoble Alpes Métropole.

Une disposition difficile à appliquer ?

Permise par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en juillet dernier, la généralisation de la limitation de vitesse à 30 km/h s'inscrit dans la lignée de l'engagement d'Eric Piolle, qui souhaite également tester dès janvier prochain la mise en place de pastilles écologiques pour interdire la circulation des voitures les plus polluantes lors des pics de pollution.

Des mesures qui risquent de ne pas être du goût de tous dans l'agglomération iséroise qui enregistre près de 900 000 déplacements quotidiens en voiture.

Si la ville et la Métro s'attendent à recevoir d'ici janvier les objections des acteurs économiques et des sociétés de transports, qui se demandent déjà comment elles pourront respecter leurs délais dans une agglomération où la congestion routière est déjà fortement présente, la ville de Grenoble s'appuie sur une modélisation représentant un trajet de 1km pour démontrer que ce changement aura finalement peu d'impact sur le temps de trajet moyen en ville, qui serait de 18,9km/h pour une zone 50, et de 17,3 km/h pour une zone 30.

Yann Mongaburu s'appuie quant à lui sur une étude réalisée par la métropole pour affirmer qu'"aujourd'hui, la vitesse moyenne de circulation est de 19 km/h en ville".

Cependant, la ville de Meylan (LR) a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne ferait pas partie des signataires : pour Jean-Claude Peyrin, premier adjoint à la mairie et membre de la commission mobilité de la métropole, il existe déjà des zones 30 à Meylan. "Mais pour instaurer une limitation de vitesse, il faut que les automobilistes la considèrent comme légitime. Interdire pour interdire, ce n'est pas utile", estime-t-il. Le débat est lancé.