Wauquiez : un plan d'économies nébuleux

Par Marie-Annick Depagneux  |   |  697  mots
Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, a annoncé ce jeudi vouloir réduire de 300 millions d'euros les dépenses de fonctionnement sur la durée de son mandat, dont 75 millions en 2016. Dans le même temps, il veut programmer quatre milliards d'investissements, sans être plus précis à ce stade.

Laurent Wauquiez avait convié la presse, ce 3 mars, pour présenter les orientations budgétaires 2016, les premières de son mandat à la tête de la région Auvergne Rhône-Alpes.

D'entrée de jeu, l'élu a donné le ton, se livrant, une nouvelle fois, à une attaque en règle du précédent exécutif présidé par le socialiste Jean-Jack Queyranne, sans jamais citer qui que ce soit :

"La situation financière est plus dégradée que ce que l'on pouvait attendre. Il faut nettoyer les écuries".

Il a rappelé avoir commandé un audit à E&Y, en brandissant la menace d'engager des poursuites si nécessaires.

"Politique de gaspillage"

Plus concrètement, Laurent Wauquiez a ainsi pointé sur la période 2005-2015 des dépenses de fonctionnement qui ont progressé de "900 millions d'euros quand les recettes, elles, n'ont augmenté que 790 millions d'euros".  Dans le même temps, la dette a crû de "1,6 milliard" et les impôts "se sont alourdis de 400 millions".

Entouré de son directeur général et de son conseiller, il s'est dit déterminé à "marquer une rupture claire avec la politique du gaspillage" dès cette année. Il a ainsi annoncé "75 millions d'euros de baisse des dépenses" et "300 millions sur la mandature".

Voitures, taxis

À la question de savoir sur quoi porteront les réductions, le numéro 2 du parti LR, a stigmatisé les "150 voitures de fonction" dont le nombre pourrait être ramené autour de "90 pour une économie de 300 000 euros".

Autres exemples dénoncés : "170 000 euros par an de frais de taxi pour Rhône-Alpes", "726 000 euros de déplacements à l'international", ou encore "780 000 euros pour les expositions au siège de Confluence organisées par des tiers" dans le cadre de prestations externalisées.

Mais comment arrive t-il à 75 millions ? Aucun document n'a été présenté aux journalistes. Guère de précisions non plus sur les quatre milliards d'euros qu'il prévoit d'investir avec l'ambition de créer "70 000 emplois". Et la Région doit par ailleurs "revenir sur les routes".

À ce propos, "j'ai toujours dit que je considérais que l'A45 était vitale. Cela suppose une redéfinition du contrat de plan État-Région".

"Reine des neiges"

Le patron de la Région va t-il supprimer des postes de contractuels ?

"L'idée est de faire que la Région rende les mêmes services pour moins cher", a t-il concédé laconiquement . "Des fonctions jusque là externalisées seront rapatriées en interne."

En attendant, et selon plusieurs témoignages, "des agents sont payés à ne rien faire et n'ont aucune consigne". Dans le même temps, "les collègues des lycées travaillent comme des malades à l'installation des portiques de sécurité et sur les bourses au mérite", reconnaît une fonctionnaire.

L'ambiance serait plutôt à l'inquiétude même si certains pensent que les choses vont maintenant se mettre en place. D'aucuns ont même attribué à Laurent Wauquiez le surnom de "Reine des neiges", ce personnage de Disney qui finira par libérer son peuple.

70 jours plus tard

"Quand Laurent Wauquiez a été élu, il a déclaré qu'il allait faire la révolution en cent jours. On est à 70 jours et il ne s'est rien passé", observe pour Acteurs de l'économie-La Tribune, Jean-François Debat, ex-vice-président aux Finances, et aujourd'hui président du groupe Socialiste, démocrate et apparentés.

Ce dernier dénonce des invectives et des chiffres "balancés en l'air en interdisant toute contradiction sérieuse car nous ne disposons pas à ce stade des documents" qui étayeront le débat d'orientations budgétaires le 17 mars prochain.

Lire aussi : Après son élection, Laurent Wauquiez veut que les élus montrent l'exemple

Pour ce qui est de la hausse des dépenses de fonctionnement, entre 2005 et 2015, elle est liée à "l'augmentation du nombre de TER, de contrats d'apprentissage de chômeurs en formation professionnelle ainsi que les nouvelles compétences transférées", justifie le conseiller régional socialiste. "Quant à la dette, l'important est la capacité de désendettement et elle est de six ans ; ce qui est raisonnable."