En Savoie, après les élections, la fusion ?

Par Didier Bert  |   |  629  mots
Ces premières élections départementales seront-elles les dernières que vivront séparément la Savoie et la Haute-Savoie? C'est le vœu d'Hervé Gaymard (UMP) et de Christian Monteil (divers droite), bien placés pour conserver leurs fonctions de présidents respectifs des deux conseils généraux. Mais le Parti socialiste et le Front national ne l'entendent pas de cette oreille.

Dans les deux départements des Pays de Savoie, la droite aborde les élections départementales sans grande inquiétude. Hervé Gaymard, élu président du conseil général de Savoie en 2011 au bénéfice de l'âge, devrait connaître moins de difficultés pour rester en place, d'autant que l'UMP et l'UDI ont joint leurs forces.

En Haute-Savoie, les deux partis de droite et du centre se lancent plus divisés, mais le président Christian Monteil ne devrait guère être inquiété par l'opposition socialiste qui ne compte que trois élus sur 34 actuellement.

Vers une collectivité Savoie Mont Blanc?

Aussi, les regards sont déjà tournés vers l'après-élections avec la volonté affichée des deux présidents de fusionner leurs assemblées pour les réunir sous la bannière de l'Assemblée des Pays de Savoie, présidée par Hervé Gaymard. Cette instance de concertation créée en 2001 deviendrait alors la collectivité territoriale Savoie Mont Blanc à statut spécifique, demeurant toutefois intégrée à la région Rhône-Alpes-Auvergne.

Pour Hervé Gaymard, qui a vu la majorité parlementaire et le gouvernement refuser son amendement créant la collectivité territoriale Savoie Mont Blanc le 20 février dernier, « cette fusion nous permettrait de conserver nos compétences, y compris en matière de développement économique » affirme l'ancien ministre de l'Économie de Jean-Pierre Raffarin. Il rappelle que la Savoie est actionnaire majoritaire d'outils de développement économique tels que les stations de Courchevel et de Val-Thorens.

Avancer malgré tout

Ce refus parlementaire n'entrave pas la volonté des deux chefs des exécutifs départementaux. « Ce projet de fusion est sur les rails, mais il n'est pas sécurisé », illustre Christian Monteil, qui espère une adoption en deuxième lecture à l'Assemblée nationale au printemps.

Et si l'amendement était à nouveau rejeté? « Nous pourrons toujours faire grandir l'Assemblée des pays de Savoie, qui englobe déjà des compétences en tourisme, dans le soutien à l'Université de Savoie, en agriculture et en culture », avance M. Monteil, qui entrevoit le rapprochement des services de soutien au développement économique. « Nous pourrions fusionner le CRITT de Savoie et Thésame par exemple », avance M. Monteil au sujet de ces associations de soutien à l'innovation. « Et nous saurons inviter le sujet dans la campagne des élections régionales », prévient-il.

« De la poudre aux yeux »

« C'est de la poudre aux yeux », rétorque Thierry Repentin, le chef de file de l'opposition socialiste au conseil général de Savoie. « Ce projet de fusion flatte l'identité savoyarde, mais celle-ci n'en a pas besoin pour perdurer. » L'ancien ministre délégué aux Affaires européennes de Jean-Marc Ayrault affirme que « cela n'apportera pas de moyens nouveaux, et qu'au contraire, cela fera dépenser davantage d'argent public. »

M. Repentin affirme également qu'une telle fusion reviendrait à « donner les clés à la Haute-Savoie », en octroyant davantage d'élus à la Haute-Savoie (750 000 habitants) qu'à la Savoie (420 000 habitants). Avant d'ironiser sur le fait qu' « on croit tellement à la complémentarité des deux départements qu'on n'a jamais accepté de transférer plus de 2% de nos budgets respectifs à l'Assemblée des pays de Savoie. »

 « une commune, un département, une nation »

Dominique Martin, le responsable du Front national en Haute-Savoie, souhaite que les deux départements continuent d'exister. « La doctrine du Front national est assez simple : une commune, un département, une nation », explique-t-il, ajoutant regretter qu' « on cherche à les remplacer par les communautés de communes, les régions et l'Europe ».

M.Martin concède qu'une association des deux départements serait « un atout bien supérieur au niveau international », mais qu'il faudrait alors tenir compte que « la Savoie est un département pauvre et la Haute-Savoie est un département riche ».