Retrait du Flash-ball : Verney-Carron s'inquiète pour son avenir

Par Yann Petiteaux  |   |  477  mots
La branche sécurité représente 40 % du chiffre d'affaires de Verney-Carron.
Après avoir été écarté du marché de remplacement du fusil d'assaut Famas, l'armurier stéphanois Verney-Carron anticipe un éventuel retrait progressif de son célèbre Flash-ball des services de police et de gendarmerie. Une position qu'il estime « injustifiée ».

« Cela fait deux ans qu'on est sur la sellette », s'agace Guillaume Verney-Carron, directeur général du fabricant d'armes éponyme. Après le défenseur des droits, c'est au tour de la patronne de l'IGPN, Marie-France Monéger, de décrier le Flash-ball. Lors de son bilan annuel, fin mai, cette dernière a préconisé le retrait progressif du célèbre lanceur de balles de défense mis au point il y a vingt-cinq ans par la firme stéphanoise. Quelques mois après avoir été écarté du marché portant sur la fabrication du futur remplaçant du fusil d'assaut Famas, Verney-Carron essuie donc un deuxième coup dur.

« D'un côté, on dit qu'on veut transformer les PME françaises en ETI, et de l'autre on sort les rares fabricants français de la commande publique. Je ne comprends pas », lâche le dirigeant.

« On essaie de trouver un responsable »

Pour Verney-Carron, la prise de position de la directrice de la police des polices est « injustifiée ». Il dénonce un « usage disproportionné » du Flash-ball ainsi qu'un manque de formation des personnels de police et de gendarmerie à l'utilisation du lanceur de balles.

En effet, cinq tirs suffisent à obtenir l'habilitation, renouvelée tous les deux ans avec seulement trois tirs. Guillaume Verney-Carron souligne également que certains accidents ont été attribués à tort au Flash-ball alors qu'un autre lanceur intermédiaire est arrivé sur le marché en 2010.

« En accusant le Flash-ball, on essaie de trouver un responsable », estime le dirigeant.

D'autant que l'entreprise affirme avoir fait parvenir aux services de police un nouveau type de munitions, plus précis et plus stable, sans réponse à ce jour. L'interdiction progressive du Flash-ball mettrait en danger la pérennité de l'armurier stéphanois. La branche « sécurité » de Verney-Carron (Flash-ball, accessoires, munitions) représente en effet 40 % de son chiffre d'affaires. L'essentiel de cette activité est réalisée à l'export, particulièrement en Afrique et Asie du Sud-Est. « Le message envoyé par la France pourrait faire capoter des affaires en cours », déplore Guillaume Verney-Carron. Le dirigeant attend notamment une réponse concernant l'équipement de la police nationale d'un pays d'Amérique du Sud.

Lyon et Marseille équipées

La mauvaise publicité autour du Flash-ball pourrait également refroidir un certain nombre de polices municipales. Un marché que cherche à développer Verney-Carron. Récemment, Verney-Carron a équipé celles de Lyon et Marseille. Et elle vient de lancer une version Mini Pro, plus petite et mieux adaptée au travail de patrouille. « Il y a un vrai marché potentiel », juge le dirigeant.

Créée en 1820, Verney-Carron est l'un des derniers fabricants d'armes français. Il emploie 90 salariés pour un chiffre d'affaires (stable) de 11,5 millions d'euros. Parallèlement à sa branche sécurité, l'entreprise familiale fabrique et commercialise des armes de chasse, principalement en France où elle pèse 10 % du marché.