Les vignerons rhonalpins ne voient pas tous la vie en rosé

Par Yann Petiteaux  |   |  434  mots
Le rosé représente 42 % de la production des côteaux-de-l'Ardèche et seulement 2 % du beaujolais (photo YP).
La tendance forte qui porte actuellement le vin rosé profite à l'ensemble du marché viticole, y compris en région Rhône-Alpes, comme l'Ardèche ou le Forez. Mais l'ADN des grands terroirs régionaux reste au vin rouge.

Le vin rosé gagne du terrain en France. D'après les résultats d'une récente étude réalisée pour Vinexpo, ses ventes ont progressé de 12 % dans l'Hexagone entre 2007 et 2011. Si bien que la France représente aujourd'hui à elle seule un tiers de la consommation mondiale de rosé.

Si la Provence reste de loin la première région productrice en la matière, Rhône-Alpes n'est pas absente du marché. Notamment les vins d'Ardèche, qui ont misé depuis plusieurs années déjà sur la production de rosé. « Aujourd'hui, nous produisons plus de rosé que de rouge, souligne Pierre Champetier, président du syndicat de défense des vins de pays des côteaux-de-l'Ardèche. Nous sommes désormais une vraie région de rosé. »

« Nous en vendons toute l'année »

Au début des années 2000, les viticulteurs ardéchois n'en produisaient pratiquement pas. Aujourd'hui, le vin rosé représente 42 % des volumes, loin devant le rouge et le blanc. « Il n'est plus seulement un produit d'été que l'on boit à la plage, observe Pierre Champetier. Depuis quelques années, nous en vendons toute l'année, aussi bien en France qu'à l'export. »

Dans la Loire, la Cave des vignerons foréziens, qui regroupe une trentaine de producteurs des côtes-du-Forez, soit les deux-tiers de cette petite appellation, produit chaque année 1 400 à 1 600 hectolitres d'un rosé moelleux (IGP Urfé). « C'est plus de 50 % de la production, souligne le caviste, Sylvain Dechavanne. Sur ce produit, nous n'avons jamais enregistré de baisse en dix ans. Le rosé sec, lui, a repris un peu depuis deux ans. »

« La Provence tire l'ensemble du marché »

Dans les grandes appellations régionales, dont l'ADN est plutôt marqué par le rouge, la production de rosé reste relativement marginale. Celui-ci ne représente en effet que 7 % des volumes produits dans les Côtes-du-Rhône et... 2 % en Beaujolais. « Le rosé n'a jamais été une grosse priorité, même si certaines appellations comme Tavel en ont fait une spécialité », précise Sylvie Reboul, du syndicat des vignerons des côtes-du-Rhône. Reste que, à fin avril, les ventes de vins rosés de la vallée du Rhône ont progressé de 10 % en volume sur un an. « La Provence tire l'ensemble du marché, estime Sylvie Reboul. Ils ont su donner un statut spécifique à ce vin. »

En Beaujolais, le rosé est davantage considéré comme un complément de gamme, généralement vendu en direct et principalement à l'étranger : « 73 % des rosés que nous produisons sont exportés au Japon et 8 % aux Etats-Unis », souligne Anthony Collet, responsable marketing et communication d'Inter beaujolais.