Air Canada : une ligne Lyon-Montréal très ambitieuse

Par Jean-Baptiste Labeur  |   |  741  mots
En juin 2016, Lyon Saint-Exupéry sera à nouveau connecté directement au continent américain, avec l'ouverture d'une ligne régulière vers Montréal, opérée par Air Canada. Sept ans après la fermeture du Lyon New-York par Delta, la compagnie canadienne ambitionne de devenir la porte d'entrée en Amérique du Nord au départ de Lyon.

À partir du mois de juin, l'aéroport de Lyon-Saint Exupéry retrouvera enfin une ligne transatlantique régulière. Mais cette fois, il ne s'agit pas d'un Lyon New-York comme en 2000 et 2008, mais d'une liaison Lyon-Montréal. Jusqu'ici, seule la compagnie Air Transat opérait cette destination, mais seulement en été. Air Canada, qui dessert toute l'année Montréal et Toronto depuis Paris, débutera son activité sur Lyon le 17 juin 2016 avec cinq vols hebdomadaires en été, puis trois en hiver.

Porte d'entrée sur l'Amérique du Nord et New-York

"La compagnie souhaite se développer à l'international, et cela faisait quelques années que nous réfléchissions à ouvrir une ligne depuis Saint-Exupéry. Nous pensons que Montréal sera la porte d'entrée vers l'Amérique du Nord depuis Lyon", souligne David Gégot, directeur France d'Air Canada

Les Canadiens mettent en avant leur hub de Montréal qui permet un transit facile vers des dizaines de destinations aux États-Unis et notamment... New-York.

"En transit à Montréal, les passagers passent les formalités douanières et d'immigration US sur le sol canadien. Ce qui est un gain de temps important. Une fois aux États-Unis, c'est comme si vous arriviez d'un vol domestique", détaille David Gégot.

Dans les faits, c'est un donc un peu un Lyon New-York par défaut qui se remet en place.
"Clairement, notre point faible en termes d'attractivité, c'est l'aéroport. Pour les Américains, l'absence de desserte transatlantique était un frein", estime Alain Gallianno, vice-président de la Métropole de Lyon, chargé de l'attractivité et des relations internationales. "Il y a un très bon marché à prendre. Pour Lyon et Rhône-Alpes, c'est une très bonne opportunité", relève de son côté Philippe Bernand, président du directoire d'Aéroports de Lyon

20 000 clients visés la première année

La desserte de Montréal au départ de Lyon représente aujourd'hui un volume estimé de 100 000 passagers annuels, que ce soit avec la ligne saisonnière directe, mais aussi via Paris et des hubs européens. Le Lyon-Montréal sera opéré avec un Boeing 767-300 de 24 places business et 187 en classe éco. Air Canada espère, en ouvrant sa  ligne directe, passer de 15 % à 70 % de part de marché. La compagnie table sur 20 000 clients la première année d'exploitation, avec un taux de remplissage de 85 %.

Après les échecs de la liaison Lyon New-York, ces quinze dernières années, notamment en raison d'une clientèle d'affaires insuffisamment présente, cette nouvelle ligne peut-elle être rentable et pérenne ?

"Le contexte économique n'est plus le même qu'en 2008, et l'absence de concurrence sérieuse sur cette ligne est un élément d'attractivité. Mais le trafic affaire est la clé du succès. Sur Paris-Montréal, les voyageurs business représentent 50 % des passagers", répond David Gégot qui précise que plusieurs entreprises françaises et étrangères de la région ont déjà manifesté leur intérêt pour cette desserte.

"On a souvent eu par le passé une offre en décalage avec ce qu'attendait la clientèle affaires. Ce n'est pas le cas cette fois", ajoute Philippe Bernand.

Sur le Lyon New-York, fermé par Delta en 2009 après 15 mois d'exploitation, la clientèle était à 80 % française, un déséquilibre rédhibitoire. Air Canada vise cette fois une clientèle moitié française, moitié nord-américaine.

Un potentiel pour le fret

Si une trentaine d'entreprises canadiennes sont implantées dans la région Rhône-Alpes, les Américaines sont encore plus nombreuses. "Nous avons des liens étroits avec Montréal depuis une trentaine d'années sur le plan économique, académique et politique ce qui constitue aussi un avantage", souligne Alain Galliano

Sur cette ligne Air Canada mise aussi sur le fret, qui représente 15 % de la rentabilité d'une ligne long-courrier. Sur le plan touristique, on se réjouit également de cette ouverture.

"Vis-à-vis de cette clientèle, cela nous permet de conforter notre tourisme quatre saisons. C'est ce qui nous démarque des autres destinations françaises" explique Olivia Ponsi en charge du marché Nord-Américain chez Rhône-Alpes Tourisme.

L'organisme constate déjà que la clientèle de cette zone augmente de 14 %, et de 25 % pour les Canadiens anglophones. Si le succès est au rendez-vous, Air Canada envisage de renforcer son offre dès 2017 avec un avion de plus grande capacité.