Taxis contre UberPop : "Nous ne nous arrêterons que si l'appli cesse d'émettre"

Par Propos recueillis par Marie-Annick Depagneux  |   |  406  mots
Pascal Wilder, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône et secrétaire général de la Fédération nationale
Ce jeudi à Lyon et partout en France, les chauffeurs de taxis manifesteront contre UberPop, l'application américaine de transport entre particuliers. Pascal Wilder, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône et secrétaire général de la Fédération nationale, estime que les chauffeurs de taxis défendent l'ensemble des artisans et le modèle social français. Il promet d'autres manifestations à l'approche des vacances.

Acteurs de l'économie-La Tribune : Vous avez appelé les chauffeurs de taxis à manifester, en nombre, demain matin à Lyon contre UberPop. Combien de véhicules attendez vous ? Pensez vous d'ores et déjà organiser d'autres manifestations ?

Pascal Wilder. Nous avons appelé à des rassemblements aux quatre coins de Lyon qui convergeront vers la Part-Dieu où UberPop loue des bureaux. Nous espérons 500 véhicules au moins. Les chauffeurs sont à bout et nous avions peur que leur colère déborde par la base si nous ne prenions pas les devants. Nous avons déjà informé la Préfecture d'une nouvelle manifestation le 3 juillet, jour des départs en vacances. Nous pourrions aller jusqu'à des blocages au niveau des gares, des aéroports...

Nous pourrions aller sur les autoroutes. Les automobilistes aimeront notre mouvement car nous leur laisserons alors la voie libre. Plus tard, si les chauffeurs étaient prêts à faire cet effort nous pourrions opter pour des solutions plus radicales encore et faire monter tous les taxis de France sur Paris. La décision serait rapide à prendre.

La tension monte dans ce conflit. Un jeune parisien, client d'UberPop a été agressé samedi à Lyon. Comment réagissez vous à cette violence ?

Si les auteurs des faits, tout à fait regrettables évidemment, sont des chauffeurs de taxi c'est inadmissible. On leur retirera alors leur licence et ils seront traduits en justice. Mais, à ce stade, nous n'avons aucune certitude quant à ceux qui ont perpétré cet acte. S'il s'avérait que les auteurs ne sont pas des taxis, nous aurions une réponse judiciaire à ce qui serait de la pure diffamation. Et je voudrais rencontrer ce jeune homme pour échanger avec lui.

Cette concurrence déloyale que vous dénoncez ne serait elle pas l'occasion de demander une réduction de vos charges ? Ne faudrait il pas même remettre en cause le modèle économique des taxis en France ?

Quand on paye des charges, c'est toujours excessif. Quand nous facturons 10 euros il ne nous reste guère plus de 3 euros. Mais nous nous battons aujourd'hui pour défendre tous les artisans et le modèle social français. Nous acceptons la concurrence mais avec des gens qui ont des statuts et qui acquittent des charges. Ce n'est pas une application américaine qui ne paye rien en France qui doit dicter la loi. Notre mouvement ne s'arrêtera que si l'application UberPop cesse d'émettre. C'est au gouvernement de savoir comment faire.