La Métropole de Lyon teste les livraisons nocturnes

Par Françoise Sigot  |   |  762  mots
La Métropole de Lyon achève une expérimentation unique en France. Fin mars s’achèvera une série de tests impliquant plusieurs enseignes et transporteurs et visant à tester la faisabilité et la pertinence des livraisons de nuit dans l’agglomération.Le premier bilan est encourageant.

Depuis juin 2014, plusieurs prestataires logistiques et des enseignes de la distribution expérimentent des livraisons de nuit sur le territoire de la métropole Lyonnaise. Réalisée sous l'égide du Club Demeter , une plate forme d'échanges et d'expérimentations d'idées innovantes liées à la supply chain et à la maitrise des impacts environnementaux, ce test grandeur nature vise à livrer entre 22 heures et 2 heures et entre 4 heures et 7 heures des enseignes de la distribution et de la restauration.

Plusieurs enseignes impliquées

Des créneaux durant lesquels il est plus facile de circuler donc à priori plus rapide de livrer pour les prestataires même si les surcoûts sont nombreux, notamment ceux liés aux salaires des livreurs et à l'achat de matériel spécifique.

« Nous n'avons pas encore établi le bilan économique précis de l'expérimentation, mais il se dégage déjà la conclusion que livrer la nuit est une action cohérente. Il faut toutefois que les enseignes soient réceptives à ce type de livraisons puisque cela implique une modification de leur organisation », explique Thierry Allégre, directeur support aux opérations chez Martin Brower, prestataire logistique de Mac Donald's qui durant deux fois huit semaines a livré cinq restaurants rapides de l'agglomération vers 22 heures ou vers 6 heures du matin. D'autres prestataires ont eux approvisionné deux Carrefour un Casino et deux Picard sur ces mêmes créneaux, tout comme des enseignes Cerise et Potiron et Monoprix.

Du matériel dédié

Pour réaliser ces livraisons nocturnes, les prestataires se sont engagés à n'utiliser que des véhicules et des transpalettes certifiés « Piek », une norme directement venue des Pays Bas qui garantit un seuil maximal de 60db, soit à peu près le volume d'une conversation entre deux personnes. Les chauffeurs ont par ailleurs été formés et les portiques de livraisons des magasins, notamment les rideaux de fer adaptés à cette norme anti bruit. Autant d'engagements scrutés à la loupe par Certibruit, association qui a pour objet l'échange d'information, la communication et la coordination des actions réalisées en commun par ses membres dans le domaine du bruit dans l'environnement particulièrement dans le cadre des activités de transport de fret et de livraison en milieu urbain.

Premier bilan positif

Avant même que cette expérimentation ne soit totalement bouclée, les partenaires dégagent de nombreux points positifs. « Nous n'avons enregistré aucune plainte des riverains», se félicite Martial Passi, vice président de la Métropole chargé des déplacements. Et ce, alors que les sites d'expérimentation ont pour la plupart été choisis parce que la collectivité avait justement été alertée par des riverains se plaignant du bruit. Du côté des enseignes, personne ne prend pour l'instant la parole pour dresser un bilan. Quant aux prestataires, ils semblent enclins à aller plus loin.

« L'expérience est appréciée par les entreprises, par les salariés qui travaillent dans de meilleures conditions, notamment parce que la nuit, la circulation est plus fluide et que les emplacements réservés aux chargements et déchargements sont plus libres », estime Emmanuel de Bienassis, secrétaire général de TLF (Transport et Logistique de France).

La pérennisation sous conditions

A quelques semaines du bilan définitif de cette expérimentation unique en France, la Métropole de Lyon plaide déjà en faveur d'une pérennisation.

« Cette expérience nous montre qu'elle est positive pour les salariés comme pour les riverains. De plus, elle aide à construire la ville intelligemment, puisque face à la thrombose de nombreuses voies de circulation dans la ville, libérer de l'espace pour circuler de façon plus fluide a du sens », insiste Martial Passi.

En septembre 2014, une enquête de la CCI de Lyon sur la livraison des marchandises dans les commerces de l'hyper centre lyonnais, révélait le chiffre impressionnant de 12 500 mouvements de livraison hebdomadaire.

Reste que la pérennisation de tels dispositifs de livraisons nocturnes ne semble pas acquise, même si Louis-François Gombert, président du Club Demeter souhaite que « cette expérimentation soit validée et devienne une habitude ». S'il semble certain que la Métropole est prête à revoir sa réglementation en matière d'horaires de livraisons pour favoriser les plages nocturnes, les prestataires et leurs clients veulent d'abord leurs comptes et additionner les surcoûts liés aux salaires et à l'achat de matériel, ainsi qu'à la réorganisation de leurs méthodes de travail avant de franchir un pas définitif.