Rhône-Alpes : le BTP au bord de l'asphyxie

Par Maxime Hanssen  |   |  486  mots
Le secteur des Travaux publics manifestait mardi partout en France contre le projet de loi de finance en discussion à l'Assemblée. À Lyon, devant la préfecture du Rhône, environ 800 personnes s'étaient réunies, pour exprimer leur inquiétude face à la baisse des dotations des collectivités territoriales.

"En 40 ans de métier, je n'ai jamais vu une manifestation dans le BTP, c'est dire l'urgence de la situation."  Jean-Marc Cornut, président de la fédération régionale des travaux publics en Rhône-Alpes était alarmiste ce mardi devant la préfecture du Rhône. Environ 800 salariés, cadres et dirigeants de petites et grandes entreprises du secteur, se sont rassemblés, comme un peu partout en France, au moment où les députés examinaient le projet de loi de finance 2015.

La baisse des dotations de l'Etat, (12,5 milliards d'euros dont 1 milliard en Rhône-Alpes), vers les collectivités locales a des conséquences désastreuses sur le carnet de commande selon les entreprises du BTP. Elles estiment la baisse de 30 à 40 % pour 2015, après un recul de 25 % en Rhône-Alpes en sept ans, et la suppression de 3 000 emplois. "Désormais, ce sont 4 000 nouveaux emplois qui sont directement menacés, et 2 000 indirects", poursuit Jean-Marc Cornut.

Collectivités tétanisées

" Nous sommes conscients qu'il faut des économies. Il est plus facile pour les collectivités de rogner sur les frais d'investissements plutôt que sur les frais de fonctionnement", souligne Phillipe Puthod, président du syndicat professionnel de l'industrie routière Rhône-Alpes.  "Les politiques ne font pas le 'sale boulot' en réduisant les dépenses de fonctionnement. Résultat, l'investissement est sacrifié et nous devons licencier", ajoute Jean-Marc Cornut.

800 personnes étaient devant la Préfecture du Rhône ce mardi.

Les carnets de commandes des entreprises du BTP sont aussi impactés par les conséquences des municipales comme l'explique Philippe Puthod :

"Les deux premières années de mandat permettent une réorientation des projets. C'est un ralentissement classique avant une reprise à mi-mandat. Mais cette fois-ci, c'est pire. Même les travaux d'entretien ne sont plus assurés."

Le report de la programmation pluriannuelle des investissement (PPI) du Grand Lyon, du 1er juin 2014 au 1er Juin 2015, dans le cadre de l'avènement de la Métropole, est également un coup dur pour le secteur, inquiet du manque de visibilité.

Des pistes d'amélioration

Ces entreprises, habituées à évoluer dans un contexte difficile depuis plusieurs années, affirment qu'elles auront du mal à " faire face à une année blanche". Avec moins de commandes publiques, elles sont de plus en plus nombreuses sur les appels d'offres.

Pour garder la tête hors de l'eau, le secteur propose une mesure concrète : rembourser la TVA aux collectivités locales qui investissent l'année de réalisation des travaux, et non en décalage de 12 à 24 mois. "Cela permettrait de donner de la trésorerie aux collectivités", affirme Frédéric Delmotte, directeur de Frédérique Beaufrère TP. Et sur le long terme, il s'agirait d'assurer un financement pérenne en débloquant le système de l'Agence de financement des infrastructures de transport (AFIT), par une fiscalité sur le "consommateur-payeur" efficace et durable.