Attentat en Isère : "Nous avons évité le pire"

Par Romain Charbonnier  |   |  700  mots
Le site d'AirPoducts, lieu de l'attentat. (Crédits : Laurent Cerino/ADE)
"Cela aurait pu être encore plus grave". Quelques heures après l'attentat commis, ce vendredi 26 juin vers 9 h 30, dans l'usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier dans l'Isère, les nombreux témoignages admettent avoir évité le pire.

"Avec les cuves visibles depuis la route, nous avons évité le pire". Un cadre de la société SRT, société rhodanienne de topographie, située à 200 m du lieu de l'attentat terroriste survenu ce vendredi matin, dans l'entreprise Air Products de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, à moins de 30 minutes de Lyon, est encore sous le choc de l'événement. Mais relativise :

"Vous savez, nous sommes aussi à 30 km de la centrale nucléaire du Bugey. Tout est dangereux par ici."

Les habitants installés à quelques mètres de l'entreprise ont également été inquiets :

"Nous avons cru au départ à un pétard que les enfants avaient jeté dans la maison", raconte Meryem, habitante depuis plus de 30 ans près de la zone d'activités. Nous avons eu très peur. Imaginez si le gaz avait explosé."

Les témoignages sur place sont unanimes. Si le gaz avait explosé, toute la zone d'activités et les habitations auraient été touchées.

"Le choix de l'usine n'est sans doute pas anodin", déclarera, sur place, le préfet de l'Isère Jean-Paul Bonnetain.

"Des mesures de sécurité drastiques"

L'entreprise iséroise spécialisée dans la production de gaz à usage industriel et médical est classée en zone Seveso.

"Elle dispose de moyens de sécurité drastiques conformes à son classement", souligne Jean-Paul Bonnetain.

À l'instar des autres entreprises situées en en zone à risque, Air Products (une quarantaine de salariés) est protégée 24 h/24 h par des vigiles et des caméras de vidéosurveillance, et les procédures d'entrées et de sorties sont très contrôlées, nous a-t-on indiqué.

"Comment est-ce possible que le véhicule avec le terroriste ait pu pénétrer dans le premier sas ?", se questionne encore Raymond Feyssaguet, maire UDI de la commune voisine Villefontaine qui connaît bien l'entreprise pour l'avoir visitée à "plusieurs reprises". "En 30 ans, et malgré son caractère à risque, elle n'a jamais connu la moindre alerte. Toutes ses unités de stockage à l'extérieur sont très protégées", ajoute-t-il comme pour rassurer les badauds venus en masse sur les lieux.

"Les vitres ont tremblé"

À plus de 200 m de la zone de l'attentat, les dizaines de journalistes présents à peine 30 minutes après l'explosion seront parqués derrière un cordon de sécurité. Policiers et gendarmes déployés à chaque carrefour, mitraillettes à la main pour certains. Mais les premiers sur place seront les habitants ou salariés travaillant dans les environs. Un homme, la quarantaine, passant à vélo, à proximité de la zone, témoigne même avoir vu la tête décapitée de la personne assassinée ainsi qu'un drapeau, "le plus choquant sans doute, car c'est le même que l'on voit à la télévision" (Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur refuse de confirmer si l'inscription est celle du réseau islamiste Daesh, NDLR), quelques minutes avant l'arrivée des pompiers. Certains, étaient chez eux au moment des faits.

"On a entendu un grand boum comme un gros pétard. Puis vers 10 h, on a vu les pompiers arriver à toute allure, explique encore choquée Zohra, habitante du quartier depuis 46 ans. On ne pensait pas que ça pouvait arriver ici !"

Autour, dans les entreprises proches, la plupart des salariés ont préféré ne pas sortir et ont poursuivi leur activité. Aucune directive de confinement ne leur a été transmise, nous indique-t-on.

"On a entendu une détonation faisant trembler les vitres. On a eu peur, et reçu des messages de nos familles inquiètes, alors nous avons fermé toutes les portes. Mais nous ne sommes pas allés voir pour aller voir", explique l'employé de la société SRT, entreprise travaillant pour Air Products.

Parmi la petite foule amassée devant le cordon de sécurité, d'autres habitants sont venus en "spectateur", pour "voir", "espérant passer à la télévision". Jusqu'à 16 h, dans le ciel isérois, l'hélicoptère de la gendarmerie tournait inlassablement. Le calme semblait revenu dans la zone, la circulations aux abords avaient pu reprendre, et quelques badauds refaisaient encore l'histoire, sous les yeux attentifs et en alerte des journalistes présents.