Liquidation sans surprise d'Elifrance

Par Yann Petiteaux  |   |  416  mots
Elifrance a notamment souffert du moratoire sur le prix de rachat par EDF de l'électricité produite par les installations photovoltaïques.
Depuis 2012, le fabricant de panneaux photovoltaïques basé à La Talaudière (Loire) affichait 200 000 euros de pertes par mois. Les représentants des salariés dénoncent l'attitude de la direction du groupe italien Pufin, qui a repris la société en 2010.

« Voilà, c'est fait », soupire un salarié, fataliste. Aucun repreneur ne s'étant manifesté, le tribunal de commerce de Saint-Etienne a prononcé, ce mercredi 16 septembre, la liquidation judiciaire de la société Elifrance (ex-Flextronics). Une décision qui ne surprend guère les 99 salariés du fabricant de cartes électroniques et de panneaux photovoltaïques implanté à La Talaudière (Loire). « Je suis même étonné qu'on ait tenu aussi longtemps », reconnaît le délégué du personnel. La société n'ayant plus que 400 000 euros de trésorerie le financement d'un plan de sauvegarde de l'emploi pourrait être difficile.

« Constater un décés »

Elifrance avait été placée en redressement judiciaire le 22 juillet dernier. « Beaucoup trop tard, c'est un peu comme si l'on appelait le médecin pour constater un décès », affirme un proche du dossier. L'entreprise, rachetée il y a cinq ans par le groupe italien Pufin, affichait en effet 200 000 euros de pertes par mois depuis 2012. « Le groupe Pufin n'a pas été à la hauteur, accuse un représentant du personnel. Ils ont pris l'outil, ils en a sucé la moelle jusqu'au bout sans investir avant de finir par le jeter, un peu comme le fait Mittal. »

Selon les salariés, le groupe italien dirigé par Massimo Pugliese et spécialisé dans la production dans le domaine de l'énergie solaire a multiplié les erreurs de gestion et laissé partir les clients. « En 2010, on travaillait avec des groupes comme Thalès, et Safran, précise le délégué. Ils trouvaient que l'on faisait du bon boulot, mais les relations avec la direction générale du groupe Pufin étaient mauvaises. »

Chute des ventes et de la rentabilité

A cela s'ajoute une conjoncture difficile. En 2011, le tassement du secteur et le moratoire sur le prix de rachat par EDF de l'électricité produite par les installations photovoltaïques ont fait chuter les ventes et la rentabilité d'Elifrance. Ainsi en 2014, le chiffre d'affaires de l'entreprise a été marqué par un recul de 4,2 millions d'euros et 2,4 millions d'euros de pertes.

Rappelons que, début septembre, le président de Saint-Etienne métropole, Gaël Perdriau, avait écrit au ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, et à la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, afin de les interpeller sur ce dossier et solliciter un accompagnement dans la recherche d'un repreneur. Sans résultat. Propriétaire des locaux de l'entreprise, la communauté d'agglomération avait financé il y a quatre ans son agrandissement de 1 100 mètres carrés.