Covid-19 : 50 entreprises textile d'Auvergne-Rhône-Alpes et des centaines de particuliers mobilisés pour la production de masques

Par Stéphanie Gallo Triouleyre  |   |  608  mots
(Crédits : 1083)
Une cinquantaine d’entreprises textile d'Auvergne-Rhône-Alpes participent à un élan de solidarité pour parer à l’urgence de la fabrication de masques de protection contre le coronavirus.

Une cinquantaine d'entreprises textile de la région ont répondu présentes à l'appel de la DGA pour la production, en urgence, de masques de protection contre le coronavirus afin d'équiper les personnels soignants avant les livraisons tant attendues de masques FFP2.

"C'est incroyable ! Dès que nous avons relayé cette demande, en début de semaine, nous avons reçu des appels d'entreprises de toute la région. Chacune voulant apporter ce qu'elle pouvait : des composants pour les masques ou des capacités de production. L'industrie textile locale a été hyper réactive. Notre rôle est de coordonner ces propositions", souligne Pierric Chalvin, délégué général d'Unitex Auvergne-Rhône-Alpes, organisation professionnelle de la filière textile.

Plusieurs d'entre elles ont conçu, en un temps record, des prototypes. C'est le cas par exemple des Tissages de Charlieu à Roanne dans la Loire qui a d'ores et déjà lancé la production, de Kraft Cie et de AJ Biais dans la Loire également, de Boldoduc et des Tissages de Beaulieu dans le Rhône ou encore de 1083 dans la Drôme.

Boldoduc et 1083 font appel aux particuliers pour la confection

"Nous avons mis au point un masque lavable multicouche, intégrant un filtre en non tissé. Il s'agit d'une technologie différente de celles des Tissages de Charlieu. Il a été développé en une semaine et est en cours de test par la DGA. Nous espérons pouvoir lancer la production au milieu de la semaine prochaine et fabriquer 50 000 masques par jour", explique Jean-Charles Potelle, dirigeant de Boldoduc, PME spécialisée dans le textile technique (350 salariés, 15 millions d'euros de chiffre d'affaires).

La fabrication de ces masques nécessitant une part de confection, tâche que Boldoduc ne peut réaliser en interne aux niveaux de production envisagés, l'entreprise a décidé de lancer un appel aux bonnes volontés sur les réseaux sociaux.

"Nous avons demandé l'aide de personnes disposant de machines à coudre à domicile. Nous avons eu plus de 400 retours positifs en quelques heures ! C'est vraiment incroyable !", commente-t-il.

Les kits de montage seront livrés aux domiciles des particuliers volontaires, avec un tutoriel.

"Sans obligation de résultat, ce n'est pas une question de chiffre d'affaires cette histoire", insiste Jean-Charles Potelle, expliquant que ce n'est pas non plus une histoire d'argent pour les volontaires puisque la plupart a choisi l'option offerte par l'entreprise de verser 40 centimes par masque à une association caritative plutôt que de percevoir la rémunération.

'Ces personnes sont souvent des salariés des entreprises textile mis en chômage technique. Je salue leur honnêteté de ne pas percevoir une double rémunération. Cet élan de solidarité fait chaud au cœur'.

De l'autre côté de la région, à Romans-sur-Isère, le fabricant de jeans équitables, 1083, s'est lancée dans une démarche analogue.

"Le CHU de Grenoble a diffusé un cahier des charges et a demandé aux entreprises locales de travailler dessus. Dès mardi matin, nous avons pris la décision d'arrêter complètement la production de jeans pour faire des masques. Mercredi, nous en avons produits quelques dizaines, jeudi quelques centaines, nous montons progressivement en puissance. Une dizaine de Romanais se sont déjà proposés pour nous aider à la confection car nous avons plus de capacités de coupes que de capacités de confection. Nous sommes soutenus par des entreprises locales. Un magasin de tissu nous a offert du tissu par exemple, une entreprise de livraison va s'occuper des livraisons etc etc", raconte le fondateur de la PME de 70 salariés (CA 2019 : 8,3 millions d'euros), Thomas Huriez.