PermiGo, l'auto-école 2.0 qui casse les codes

Par Maxime Hanssen  |   |  709  mots
La startup lyonnaise propose un service d’auto-école numérique et flexible pour ses clients. En révolutionnant les usages, elle souhaite réduire les coûts et démocratiser l'obtention de l'examen.

Emmanuel Macron souhaite libéraliser le permis de conduire. Une jeune startup n'a pas attendu le ministre de l'Economie pour révolutionner le secteur. Le concept de PermiGo ? "Permettre aux usagers de passer le permis à moindre coût et de façon plus flexible grâce à l'utilisation des nouvelles technologies", explique Serge Haroutiounian, l'un des deux cofondateurs de PermiGo. Incubée à l'EMLyon, elle vise un million d'euros de chiffre d'affaires pour l'année 2015.

Services numériques et mobilité

Agrémentée seulement depuis décembre 2014, cette auto-école nouvelle génération propose un service numérique qui s'adapte aux contraintes des personnes. L'inscription, le code, la réservation des heures de conduite, le paiement et le suivi de la formation se font exclusivement en ligne.

Elle met au cœur de sa stratégie la mobilité. Autour de l'unique boutique située à Lyon dans le 6eme arrondissement, des moniteurs sont affilés à certaines zones géographiques de la Ville. Ainsi, les candidats peuvent changer de secteur en fonction de leur emploi du temps, et prendre leur cours à proximité de leur travail ou de leur domicile. "Nous permettons la mobilité aux clients. Cependant, dans un souci d'efficacité et afin de travailler avec les mêmes moniteurs, nous conseillons de se fixer au maximum sur trois zones", explique Serge Haroutiounian. Et pour assurer le suivi, fini le carnet de conduite. Les moniteurs sont équipés de tablettes numériques.

PermiGo propose notamment un forfait "classique", composé de 20 heures de cours de conduite, la présentation illimitée aux examens. Elle facture 690 euros pour cette prestation. Actuellement, l'auto-école ne peut présenter que quatre candidats par mois, ce qui parait peu pour permettre aux "bons" candidats "d'obtenir leur permis dans un moyenne de 4 à 5 mois".  "Ce quota va fructifier automatiquement. Plus on présentera de candidats à la préfecture et plus nous obtiendrons de créneaux", estime le cofondateur de l'entreprise.

Un business plan ambitieux

Pour réduire les prix, l'entreprise souhaite jouer sur plusieurs leviers. Elle limite, dans un premier temps, ses investissements salariaux et matériaux. Actuellement, elle est composée, pour son antenne lyonnaise, de quatre collaborateurs, dont un responsable pédagogique en CDI et deux moniteurs indépendants diplômés. C'est sur ces derniers, généralement équipés de leur propre véhicule de travail, que l'entreprise souhaite s'appuyer pour  développer son activité. "Mais dans un second temps, une fois que nous aurons atteint le seuil de 80 % de réservation sur le planning, nous nous tournerons vers le salariat avec l'objectif de 100 employés d'ici trois ans en France", détaille Serge Haroutiounian , qui est passé par les bancs de l'Idrac Lyon.

Avec un local unique, la startup réduit ses frais, tout en rayonnant sur l'ensemble de la Métropole de Lyon, alors que ses concurrents traditionnels disposent parfois de sept ou huit magasins. "Avec notre principe, notre marché est plus grand, contrairement aux auto-écoles qui sont traditionnellement attachées à un quartier", avance le jeune entrepreneur. Par ailleurs, le maintien d'un local, outre l'obligation légale, permet selon lui de rassurer les clients. C'est aussi un lieu de perfectionnement au code, en complément de l'enseignement numérique: " nos formateurs proposent lors de ces séances un suivi ciblé des élèves, en fonction de leur entrainement sur le net. Ils peuvent ainsi travailler efficacement sur leurs points faibles", souligne l'entrepreneur.

30 villes françaises

Avec déjà 66 apprentis conducteurs en un mois et demi, "l'entreprise est en avance sur son business plan", estime-t-il. Dotée d'un capital de 72 000 euros, puis soutenue par un prêt de 100 000 euros, la startup vise un million d'euros de chiffre d'affaires d'ici fin 2015 et 300 clients sur la Métropole de Lyon. Avant d'imaginer réaliser une levée de fonds entre "500 000 et un million d'euros", pour assurer son développement : en multipliant les partenariats (Uber, EM Lyon, Central Motor, etc.) et en se déployant dans les autres villes de France. 30 PermiGo stores d'ici 2018 sont prévus, avec en ligne de mire, Paris, dès avril 2015. Et un œil rivé sur le Parlement : "la nouvelle loi pourrait valider l'existence des auto écoles en ligne et ainsi nous donner une plus grande légitimité", espère Serge Haroutiounian.