Covid-19 : Tissages de Charlieu se convertit à la production de masques pendant la crise

Par Stéphanie Gallo Triouleyre  |   |  477  mots
L'équipe des Tissages de Charlieu avec ses masques maison (Crédits : DR)
L’entreprise ligérienne, spécialisée dans le textile pour l’habillement et l’ameublement, a complètement stoppé sa production pour se consacrer uniquement à la production de masques.

En moins d'une semaine, Les Tissages de Charlieu, dans la Loire, ont basculé l'intégralité de leur production de tissage jacquard et uni pour l'habillement et l'ameublement vers la production de masques de protection. Les premiers exemplaires ont été produits mardi, récupérés hier sur place par les premiers clients, des établissements de santé de la région.

La PME ligérienne de 70 salariés (8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018) est désormais en capacité de produire, en interne et sans aucune sous-traitance, quelque 100 000 masques de confinement par jour.

40 prototypes

"Nous avons été informés jeudi de la recherche active de l'Etat d'industriels capables de produire des masques. Immédiatement, mes équipes, déjà habituées à innover en permanence, se sont mobilisées et nous avons transmis nos premiers prototypes à la DGA", raconte Eric Boël, le dirigeant des Tissages de Charlieu.

Quelque 40 prototypes plus tard, la version définitive est prête.

"Il s'agit de masques de confinement, qui ne prétendent pas se substituer aux masques de haute protection homologués mais qui permettront de dépanner au plus vite ceux qui en ont besoin dans les structures de soin et les entreprises par exemple".

Ces masques trois couches sont tissés en coton et polyester en partie  recyclés. Ils sont lavables et réutilisables.

"Nous avons travaillé en collaboration avec des confrères, notamment l'entreprise Valmy à Roanne qui produit des masques jetables, ainsi qu'avec les structures de soin. Grâce à notre savoir-faire et à ces échanges, nous avons ajusté nos prototypes au fur et à mesure des demandes et des retours de chacun. Les lignes de production ont dû être adaptées aussi. Les équipes ont fait, en trois jours, le travail de développement réalisé en 3 mois habituellement. Il y a eu une mobilisation générale des salariés", insiste, ému, Eric Boël.

Mobilisation

Une mobilisation qui se traduit par ailleurs par la présence à leur poste de travail de plus de 90% du personnel.

"Je vois autour de moi beaucoup d'entreprises obligées de fermer leurs portes en raison du retrait des salariés. Mon équipe aurait pu rester chez elle, avec ses proches dans cette période difficile, et pour le même salaire, mais elle a fait le choix de venir travailler. Les salariés veulent contribuer à l'effort collectif. C'est aussi ça l'industrie française, ça fait du bien".

 L'entreprise est déjà submergée de demandes qu'elle va s'efforcer de contenter au mieux. Pas question néanmoins de parler de chiffre d'affaires dans cette période :

"Ce n'est absolument pas le sujet du moment : l'objectif est d'apporter notre pierre au combat contre le coronavirus".

Eric Boël a d'ailleurs déjà entrepris de partager les informations avec d'autres tisseurs français afin de démultiplier les capacités de production sur tout le territoire national.