Municipales 2020 : A Grenoble, la course aux municipales s’accélère

Par Marie Lyan  |   |  857  mots
Alain Carignon (sans étiquette) et Eric Piolle (EELV) (Crédits : DR)
Le coup d’envoi de la course aux municipales 2020 à Grenoble a été bel et bien réalisé cette semaine, avec l’entrée en lice de deux nouveaux candidats : l’actuel édile EELV Eric Piolle, vient, sans grande surprise, de se déclarer candidat à un second mandat, quelques jours après l’ancien maire, Alain Carignon (ex LR, sans étiquette), qui signe ainsi son retour après 24 ans d’absence, et une condamnation pour corruption en 1996.

C'est désormais officiel. Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle (46 ans) est candidat à sa propre succession à la tête de la ville. Si sa volonté de "poursuivre le travail engagé" ne semblait pas faire de doute, l'élu vient d'annoncer officiellement sa candidature pour un second mandat ce mardi auprès de plusieurs médias locaux, en portant un T-shirt "Nous avons l'espoir en commun", qui pourrait devenir son slogan de campagne.

L'élu a confirmé sa volonté de "rassembler un arc humaniste" autour des valeurs "issues notamment du Conseil national de la Résistance, du féminisme, de la défense des biens communs", autour d'une "logique de projet".

Citant les derniers grands événements qui se sont déroulé au cours de ses six dernières années de mandat en matière d'écologie, - tels que la Cop 21, les grandes marches pour le climat, mais aussi la sortie de Nicolas Hulot du gouvernement -, l'élu estime ainsi qu'il est temps "d'accélérer les transitions" dans les domaines de l'alimentation, de la santé, des mobilités, du logement social.

Alors qu'Eric Piolle avait rassemblé, en 2014, une coalition composée des écologistes, ainsi que du Parti de gauche (devenu La France Insoumise) et de citoyens, l'élu souhaite impulser "une coalition de gauche renouvelée" dont les contours n'ont pas encore été précisés, mais qui se veut déjà "la plus large possible".

Dans une interview accordée à notre confrère de Libération, Eric Piolle est cependant conscient que tout n'est pas joué :

"Je ne suis pas dans la logique du sortant, partant avec sa petite avance. Je veux trouver le moyen de donner envie d'accélérer à plein de gens, politisés ou pas, y compris les sociaux-démocrates qui veulent bouger".

Le retour de l'ancien maire Alain Carignon

Quelques jours plus tôt, c'est également un ancien maire, Alain Carignon, 70 ans, qui a annoncé sa propre candidature en début de semaine. Cela faisait deux ans que l'ancien élu, qui avait réalisé deux mandats à la tête de la ville entre 1983 et 1995, sillonnait de nouveau la ville, avec l'objectif de 2020 en tête.

Malgré sa condamnation en 1996 pour corruption, pour laquelle il avait à l'époque écopé de 29 mois de détention pour "abus de biens sociaux et usages de faux", Alain Carignon présentera sa candidature et souhaite même l'appuyer à travers un livre d'une soixantaine de pages, qu'il a choisi d'intituler : "Alain Carignon est un homme libre, Grenoble 2020".

Cette fois, l'ancien ministre de l'Environnement de Jacques Chirac ne demandera pas l'investitute LR et s'affiche "sans étiquette", avec des ambitions qu'il résume en quatre points :

"Faire de Grenoble un modèle écologique européen, donner un grand coup de poing sur la sécurité, lancer un plan social de sortie de la pauvreté et aménager une grande desserte ferrée de la ville".

Emilie Chalas déjà en lice

Ces deux candidatures vont rejoindre celle de la députée de la 3e circonscription de l'Isère, Emilie Chalas, déjà investie officiellement par la Commission d'investiture nationale (CIN) de LREM cet été. En pleine construction de son équipe et de son projet, qui se veut "alternatif" et "centré notamment sur l'écologie, la sécurité et la mobilité", cette dernière souhaite elle aussi ouvrir la porte à la droite comme à la gauche, ainsi qu'aux candidats déçus de l'investiture LREM, à savoir Cécile Prost, et Olivier Six. Et se placer directement en compétition avec le maire sortant, Eric Piolle, dont elle questionne le bilan :

"Nous ressortirons aussi un certain nombre de sujets qu'il a tendance à mettre sous le tapis, notamment la sécurité et nous l'attaquerons sur l'écologie", a-t-elle annoncé, sur les ondes de France Bleu Isère.

Si la course aux municipales semble donc bien lancée, plusieurs incertitudes demeurent encore sur le terrain des alliances, susceptibles de se constituer sur la scène grenobloise. On ne connait pas encore la position des partis historiques des Républicains et du PS, affaiblis sur le plan local depuis les dernières élections (municipales, législatives, européennes) : se lanceront-ils dans l'investiture d'un candidat ou joueront-il une alliance ? Ni les choix de La France Insoumise, du PCF, ainsi que de Génération.s, qu'Eric Piolle pourrait tenter de rassembler une nouvelle fois, malgré des divergences idéologiques qui ont pu intervenir au cours de l'actuel mandat. Sans oublier les votes du Rassemblement national et des Patriotes, qui n'ont pas encore annoncé leur position pour cette élection locale.

La bataille pourrait donc s'avérer serrée au sein de la capitale des Alpes, avec une thématique, l'écologie, qui pourrait bien se tailler une place de choix dans les débats entre les différents candidats.