Lyon Saint-Exupéry : les élus veulent plus de vols

Par Jean-Baptiste Labeur  |   |  496  mots
Lyon-Saint Exupéry, espère devenir la 2e plateforme aéroportuaire de France d'ici 2020. Aéroports de Lyon s'en donne les moyens avec un nouveau terminal en chantier. Mais il reste la question de la privatisation, conditionnée au déblocage des droits au trafic par le Grand Lyon et la Région.

La semaine dernière, les décideurs économiques étaient montés au créneau pour demander l'ouverture de droits au trafic supplémentaire à Lyon Saint-Exupéry. Ce vendredi, les élus en ont remis une couche, lors de la pose de la première pierre du futur terminal 1. Le nouvel équipement, qui entrera en service en 2016, représente 180 millions d'euros d'investissement. C'est l'outil de base pour devenir potentiellement le 2e aéroport de France d'ici 2020. Mais l'Etat laissera t-il Saint-Ex voler de ses propres ailes?

"Solution gagnant-gagnant"

Dans l'optique de la privatisation, le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne et le président du Grand Lyon, Gérard Collomb n'ont pas manqué de rappeler la position des trois collectivités locales, actionnaires de la société Aéroports de Lyon pour un total de 15 %.

"Nous ne sommes opposés à rien. À une condition, que cela permet de développer les vols ! C'est une condition sine qua non, que nous avons posée au ministre de l'Économie. Nous comprenons que pour l'État ce soit une simple question financière. Mais, cela doit déboucher sur une solution gagnant-gagnant" a martelé Gérard Collomb.

La question Air France

"Il faut que cesse la centralisation de l'aviation dans notre pays. C'est une condition du développement de notre aéroport", insiste Jean-Jack Queyranne. Élus et acteurs économiques reprochent à l'État et la DGCA de "protéger" Air France en restreignant les droits au trafic aux compagnies étrangères. Depuis 2013, la compagnie nationale a reculé de 11 % à Saint-Ex. A contrario, par exemple, Emirates souhaiterait pouvoir déployer sa ligne Lyon-Dubaï 7 jours sur 7 contre 4 aujourd'hui. "Lyon Saint Exupéry s'est développé avec les compagnies étrangères et le lowcost", souligne Jean-Jack Queyranne, rappelant que Paris représente 90 millions de passagers quand Lyon n'en réalise 8,5 millions. Mais pour Philippe Grillot, actuel président de la CCI de Lyon, 2e actionnaire d'Aéroports de Lyon : "l'État reste le seul maitre du jeu".

Pas d'attitude protectionniste

Pour les élus politiques, sur le fond, la privatisation n'est pas en soi une hantise. Quant au risque que l'investisseur choisi soit étranger, Jean-Jack Queyrane tempère également :

"Avec Toulouse, il y a eu un vent de panique. N'ayons pas une attitude protectionniste. Si nous voulons un aéroport international, il faut des capitaux internationaux."

Dans le cahier des charges du futur appel d'offres, les collectivités demandent néanmoins l'existence d'un droit de véto pour les décisions stratégiques qui concerneront l'avenir de l'aéroport.

La valeur d'Aéroports de Lyon est estimée, pour la fourchette basse, à 600 millions d'euros et 800 millions pour la fourchette haute. Dans le processus de privatisation, l'État opterait pour la cession de 49,9 % du capital, sur le même modèle que pour Toulouse Blagnac. Actuellement, il détient 60 % du capital, la CCI de Lyon en possède 25 %, la région Rhône-Alpes, le Grand Lyon et le département du Rhône 5 % chacun.