EELV : il faut siffler la fin de la récréation

Par Michèle Rivasi, députée européenne, vice-présidente du Groupe Verts / ALE  |   |  670  mots
La scénarisation de l'affaiblissement du mouvement écologiste à la veille du sommet crucial de la COP 21 ne peut plus durer. La direction d'EELV doit siffler la fin de la récréation, retrouver le chemin de l'ouverture vers la société en mouvement qui a fait sa force au lancement d'Europe Ecologie et organiser des primaires ouvertes.

EELV est victime d'une tentative de déstabilisation et de bordélisation menée par un petit quarteron de parlementaires avide de maroquins ministériels, ayant abandonné les fondamentaux de l'écologie politique sur l'autel de leurs propres ambitions.

Un scénario d'affaiblissement

Cette scénarisation de l'affaiblissement du mouvement écologiste à la veille d'un sommet crucial pour l'avenir de l'humanité avec la COP 21, pour tenter de répondre enfin à l'urgence climatique, est certainement téléguidée par le couple exécutif (François Hollande-Manuel Valls) qui se régalent à séquencer les départs d'untel ou d'une telle (à l'instar de ceux de François De Rugy, puis de Jean-Vincent Placé) à intervalle régulier, faisant miroiter aux uns aux autres quelques petites et hypothétiques récompenses (à qui une nomination au Conseil économique social et environnemental, à qui un poste de secrétaire d'Etat lors du prochain remaniement ministériel, à qui une mission ministérielle bidon...).

Retrouver le chemin de l'ouverture vers la société

Cela ne peut plus durer. La direction d'EELV doit siffler la fin de la récréation et retrouver le chemin de l'ouverture vers la société en mouvement qui a fait sa force au lancement d'Europe Ecologie avec Dany Cohn-Bendit.

Les Journées d'été des écologistes ont été polluées par les paroles de dissidents, déjà en marge du mouvement, et opposés à la sortie du gouvernement après tant de renoncements dans le domaine de l'écologie lors des deux premières années de mandat.  Or, ces journées ont montré la diversité des combats écologistes, notre rôle de vigie pour remettre l'intérêt général au cœur des politiques publiques en luttant contre les lobbys et la corruption. La présence de Julian Assange en visioconférence témoigne de notre volonté à répondre aux désordres actuels et à ne pas nous résigner aux reniements des promesses électorales, et à l'inexorable montée du national-populisme.

Une dynamique citoyenne

Si EELV n'a pas aujourd'hui le vent en poupe médiatiquement, il existe une réelle dynamique citoyenne d'implication dans des projets écologiques de terrain. Dans les régions et sur l'ensemble des territoires des élus, des citoyens, des collectifs, à l'instar d'Alternatiba ou des Amap, inventent les chemins de la transition écologique permettant le développement de l'économie du lien et du partage, la réappropriation des Biens communs tels que l'eau, le maintien des terres fertiles, le développement des énergies renouvelables et des transports collectifs en passant par les programmes d'isolation thermique des bâtiments, la facilitation des circuits courts rapprochant producteurs et consommateurs...

J'invite Emma Cosse à reprendre l'idée des primaires ouvertes du peuple de l'écologie (qui doivent dépasser le cadre d'EELV et être organisées de façon collégiale avec l'ensemble des mouvements politiques et associatifs se situant dans le champ écologiste) de Pierre Rabhi à Nicolas Hulot et Corinne Lepage en passant par les animateurs d'Alternatiba, d'ONG de défense de l'environnement ou d'associations telles que FNE pour rassembler la famille écologiste aujourd'hui atomisée. Ces primaires devront définir la stratégie pour la séquence 2017 (présidentielle et législatives) et auront le mérite de minorer la parole individuelle de parlementaires ayant sacrifié leurs convictions écologistes, appâtés par les artifices du pouvoir.

Un pacte du "Vivre Mieux"

Il est temps de co-élaborer un pacte de l'espoir et du « Vivre Mieux » et d'en finir avec cette 5eme République obsolète et sa dérive oligarchique tout en rompant avec l'ordre néolibéral et productiviste qui asphyxie le peuple et notre environnement.

Puisse l'écologie politique retrouver le chemin de la créativité, du dialogue, des passerelles entre ceux qui agissent pour la mutation écologique dans les institutions et ceux qui participent à irriguer le paradigme écologiste dans la société. L'écologie doit remarcher sur ses deux jambes : l'émergence citoyenne et l'invention de nouvelles politiques publiques de long terme. Il y a urgence !