La méditation, c'est (re) découvrir le mot bonheur

Par Loïc Le Meur  |   |  580  mots
Homme du web, fondateur de multiples sociétés et surtout de la conférence internationale LeWeb, Loïc Le Meur, expatrié en Californie depuis des années, a découvert très récemment la méditation. D'abord sceptique, il est devenu un adepte au point d'avoir, en méditant quotidiennement, un nouveau regard sur sa vie. Il raconte son expérience.

Un jour, l'un de mes amis entrepreneurs dans la Silicon Valley me dit : « Je reviens de dix jours de méditation en silence, cela a changé ma vie. » Pensant qu'il était un « weirdo », surnom donné ici aux États-Unis, à une personne un peu folle, je me suis aperçu qu'en quelques semaines, deux, puis trois, puis cinq de mes amis, tous entrepreneurs à succès, me racontent la même aventure. Curieux de nature, je décide d'expérimenter cette discipline.

Avec le recul, participer à cette retraite a probablement été ce que j'ai fait de plus dur dans ma vie. Dix jours en silence total, levé à quatre heures du matin, à méditer 10 heures quotidiennement, et ce, sans aucune communication avec le monde extérieur, ni iPhone ni ordinateur. Plus rien n'entre ni ne sort de votre cerveau.

Aucune stimulation extérieure autre que le chant des oiseaux et le vent dans les arbres. La douleur physique est intense et inattendue, mon corps ne s'attendait pas à ressentir un tel choc quasi permanent, tant je ne suis pas habitué à rester immobile 10 heures durant.

Sensation délicieuse de calme

Le retrait total du monde extérieur provoque néanmoins cette sensation délicieuse de calme qui compense la douleur physique. Plus rien ne semble être important. Ma vie est comme sur pause.

Pendant toutes ces années, j'ai dû publier environ 50 000 tweets, et quotidiennement, une trentaine de mises à jour sur Facebook. À ce moment, vous vous rendez compte que tout cela est bien inutile.

Mon tapis de méditation était devenu mon nouvel espace de vie, un petit mètre carré, mais un mètre carré de bonheur ! Dès lors, tout m'a semblé futile. Terminer le besoin matériel, terminer l'envie de réussir « pour gagner toujours plus », fini l'envie de reconnaissance. J'étais heureux avec moi-même, seul et autonome. Le présent me suffisait. Et ma seule source de concentration était mon souffle.

20 minutes suffisent

Un an après cette retraite, je médite « religieusement » toujours une heure par jour. Une heure utile, durant laquelle votre cerveau se repose, autant qu'en dormant. De nombreuses recherches scientifiques confirment que seulement 20 minutes par jour suffisent à modifier profondément votre cerveau. Je ressens les bénéfices des premières semaines.

La concentration me vient plus facilement, ma mémoire est meilleure et le contrôle de moi-même également. Demain, vous pouvez m'insulter en conduisant, je ne réagirai plus. Fini les colères excessives. Je suis désormais beaucoup plus à l'écoute, laissant plus de place aux autres. Mon ego est relégué au second plan.

Je ne suis plus un spectateur

Avec la méditation, j'ai l'impression d'être passé du siège passager au cockpit de ma propre vie. Je ne suis plus un spectateur, mais le pilote, conscient de mes envies. Pendant des années, j'étais pris au piège de ce que la société moderne semblait nous suggérer : la réussite financière et la reconnaissance.

En méditant vous prenez conscience de l'importance de la vie et de sa brièveté. Ainsi, la méditation aide chaque jour à se découvrir un peu plus. Nous associons souvent l'agitation, l'excitation et la passion avec le plaisir. Ma vie est faite de passions mais j'ai découvert que diminuer cette envie de tout planifier, posséder, contrôler et organiser est une source fabuleuse de plaisir. Je (re)découvre ainsi ce que veut dire le mot bonheur.