Ces deux-là ne sont a priori pas fait pour s'entendre. Sans ambages, Vincent Carry confesse qu'à l'âge où il est d'usage de fréquenter les bancs de l'Université, lui était plutôt de ceux qui « séchaient » pour rejoindre les pionniers de la musique électronique. Un univers totalement étranger à Guillaume Mulliez qui a studieusement décroché un diplôme à « Sup de Co Lille ». Une voie toute tracée pour faire carrière dans l'une des nombreuses entreprises de l'empire familial.
Passion
Comment donc ont-ils tous deux basculé dans la création d'entreprise ? « Très vite, j'ai compris que je ne supportais pas d'avoir un patron », avoue Guillaume Mulliez. « Tout vient de la passion et aussi, il faut le dire, de la chance d'avoir été au bon endroit au bon moment », observe Vincent Carry. Des différences, mais déjà un point commun : celui de ne pas avoir eu peur et de se lancer. La marque de fabrique de tout entrepreneur selon eux. « Notre image à mon équipe et à moi-même, c'est le Radeau de la Méduse. En fondant la première édition des Nuits Sonores, nous ne savions pas où nous allions, notre ambition était juste de faire une deuxième édition », sourit Vincent Carry. Désormais les Nuits Sonores englobent plusieurs activités de l'organisation du festival éponyme à la direction d'artistes, soit près de 35 personnes, et si le radeau est bien ancré, son fondateur pense le devoir à la constance, au collectif et au partage.
Partage de valeurs
« Nos valeurs sont toujours les mêmes. Nous sommes tous des passionnés, constamment à l'affut et à l'écoute. Tout le monde peut faire des propositions et parfois, pour arbitrer entre les propositions, nous en passons par le vote. Ce partage des valeurs et des décisions est primordial. A tel point que nous nous sommes rendus compte que chaque fois qu'une décision, par exemple celle de produire un artiste, n'était pas partagée en interne, nous ne parvenions pas non plus à la faire partager au public ». Guillaume Mulliez opine. « On pourrait définir l'art de manager en disant qu'il faut mettre le bon profil à la bonne place. Qu'il faut tout faire pour créer les conditions permettant à chacun d'être heureux dans son travail.
Accepter ses erreurs
Le patron doit donc être là pour insuffler des valeurs, s'assurer qu'elles sont partagées, donner une vision et enlever les grains de sable. Mais avant tout, il a l'obligation d'être optimiste et de combattre l'idée chez lui comme chez ses collaborateurs que l'on ne peut pas se tromper. Il faut juste accepter ses erreurs et s'en servir pour capitaliser», affirme le dirigeant fondateur de Dimo Gestion (250 personnes et 28 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012-2013), qui conseille trois points d'appui pour guider les managers : la Bible, Le Petit Prince et l'ouvrage d'Auguste Detoeuf : Les Propos de OL Barenton, Confiseur. Vincent Carry ajoute une dose certaine de résistance. « Manager c'est aussi du conflictuel et des difficultés, donc il faut avoir les ressources pour tenir ». Résistants, optimistes et épanouis par l'art de pratiquer le management ces deux-là le sont assurément.