Biocarburant : Voies navigables de France mène une expérimentation sur le HVO avec sa navette fluviale « Le Rhône »

Pour répondre enjeux de compétitivité et de décarbonation du secteur fluvial, VNF (Voies Navigable de France) a lancé une expérimentation sur l’utilisation du HVO (huile végétale usagée hydrotraitée) comme carburant. Une étude qui pourrait aussi permettre de faire bouger la réglementation.
(Crédits : DR VNF)

Avec sa vedette de service « Le Rhône », VNF (Voies navigables de France) vient de lancer un test sur l'utilisation du HVO (huile végétale usagée hydrotraitée) dans le secteur fluvial.

« Le but est de prendre des mesures polluantes issues du HVO », précise Mathieu Verriere, Mission Innovation, Direction territoriale Rhône Saône.

A savoir que le HVO n'est pas autorisé sur le marché pour le transport fluvial. VNF espère ainsi avancer la littérature et les pratiques avec cette expérimentation.

Mesurer les polluants locaux

Des mesures ont été prises sur cette navette entre 2010 et 2015 pour le GNR (gazole non routier) et sur le GTL (gas to liquid), depuis 2019. Les données récoltées sur le HVO permettront ainsi de les comparer aux autres carburants.

Lancée le 29 mars dernier, cette étude va durer trois mois. La navette a fait des trajets entre Lyon et Vienne pendant une semaine et les données sont ensuite traitées par la société CRMT (Centre de Recherche pour les Machines Thermiques).

Cela permettra aussi de comprendre les cycles de navigation avec le HVO.  « Il n'y a aucune littérature sur le sujet des émissions selon le cycle d'usage des bateaux », avance Cécile Cohas, référente nationale transition énergétique à VNF.

« Fabriqué exclusivement à partir de résidus, le HVO produit pour cette expérimentation assure ainsi un gain de 90% de CO2 en comparaison avec un GNR conventionnel », explique VNF, dans un communiqué. Mais « l'inconnu, c'est les autres émissions », commente Cécile Cohas. Les mesures vont donc aussi se pencher sur les polluants locaux comme les CO (monoxyde de carbone), NOx (oxydes d'azote et les particules fines), afin de savoir ce qu'émet, ou pas le HVO.

Pourquoi le Rhône pour mener cette expérimentation ? Il y a bien sûr un « écosystème » favorable, mais, surtout, la navette « Le Rhône » est un des seuls objets promotionnels de VNF et les autres directions territoriales n'en sont pas dotées. « Ce bateau est un laboratoire d'expérimentation depuis 2010, soit depuis que VNF a commencé à réfléchir au verdissement », souligne Cécile Cohas

Des expérimentations similaires sont menées sur la Seine, mais par des compagnies privées (Scat et Sogestran), qui n'ont donc pas d'obligation de rendre leurs données publiques.

Faire évoluer la législation

Cette expérimentation sur le HVO fait partie d'un stratégie plus large pour VNF :  « [...] il a bien été identifié comme une solution efficace pour atteindre les objectifs de réduction d'émissions de GES de 50% assignés au secteur fluvial pour 2035, que ce soit par la démarche « ECV du secteur fluvial »(engagements pour la croissance verte) que par l'étude de recherche et développement « FLUENT » (FLUvial Energie Transition) réalisée sous maîtrise d'ouvrage de VNF par l'IFP Énergies Nouvelles. »

Ce carburant, à l'inverse du biogaz ou de l'hydrogène, ne nécessite pas de changer la motorisation des bateaux. « Les bateaux peuvent avoir des durées de vie de 60 ans, le moteur est changé tous les vingt ans », explique Mathieu Verriere.

« Il y a une demande pour le privée, tout le monde veut décarboner. Le verdissement est recherché par tous les clients finaux », ajoute Cécile Cohas. Ce qui ferait aussi du HVO un avantage commercial par rapport aux autres modes de transport.

Mais le HVO n'est pas autorisé pour le transport fluvial, malgré les avantages présentés par les deux représentants de VNF. C'est aussi un des objectifs de cette  expérimentation. « On a besoin de consolider la connaissance  et les données scientifiques sur le sujet pour valider l'emploi par la profession », détaille Mathieu Verriere.

La législation ne va pas changer après cette expérimentation, mais c'est une pierre à l'édifice, alimentant aussi les connaissances du législateur sur le sujet. « Ce n'est pas ce qui va débloquer, mais ça accélère. Notre objectif c'est que la réglementation s'ouvre au fluvial le plus vite possible », selon Cécile Cohas

Mener cette expérimentation est aussi un moyen de mettre en avant l'intérêt du secteur fluvial pour le HVO. « L'aérien a la velléité d'utiliser ces carburants. Nous aussi, nous souhaitons obtenir une part dans cette production » souligne Cécile Cohas.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.