TER : quand la réouverture de la « petite ligne » Grenoble-Gap croise la route du RER grenoblois

C'est le fruit d'un combat de plusieurs années, mené à la fois par un collectif d'usagers (l'étoile ferroviaire de Veynes) mais aussi par les collectivités locales : ce dimanche, la ligne TER Grenoble-Gap, trait d'union entre les deux régions AURA et PACA, a repris du service après deux années entrecoupées de fermeture pour travaux. Un dossier devenu un symbole des petites lignes TER françaises, mais qui témoigne de la fragilité du système ferroviaire français.
Du côté du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes, on se félicite de cette réouverture, tout en restant attentif : car ce sont encore 80 millions supplémentaires qui seraient nécessaires pour assurer la pérennité de cette ligne, conçue comme un trait d'union entre Auvergne Rhône-Alpes et la Région Sud. Et dont un tronçon est également stratégique pour le RER grenoblois.
Du côté du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes, on se félicite de cette réouverture, tout en restant attentif : car ce sont encore 80 millions supplémentaires qui seraient nécessaires pour assurer la pérennité de cette ligne, conçue comme un trait d'union entre Auvergne Rhône-Alpes et la Région Sud. Et dont un tronçon est également stratégique pour le RER grenoblois. (Crédits : DR/PL Espinasse/Collectif étoile ferroviaire de Veynes)

C'est une réouverture synonyme de soulagement à la fois pour les collectivités locales et les riverains. Depuis ce dimanche, la ligne TER Grenoble-Gap, qui relie le département de l'Isère à celui des Hautes-Alpes en passant par le Trièves, est de nouveau desservie avec cinq allers retours quotidiens.

Le tout, grâce à la mobilisation d'un collectif d'usagers (l'étoile ferroviaire de Veynes) mais aussi des collectivités locales, qui s'étaient unies en décembre 2019 pour trouver les 35 millions d'euros nécessaires à la rénovation partielle de cette petite ligne de déplacements du quotidien.

Et cela, à travers un plan de financement dit "inter-régional" qui avait rassemblé 28,3 millions d'euros de la part des collectivités d'Auvergne-Rhône-Alpes (Région, Préfecture de Région, Départements de l'Isère et de la Drôme, Métropole de Grenoble et SNCF Réseau) ainsi que 6,4 millions d'euros du côté de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Région, Préfecture, Département des Hautes-Alpes et SNCF Réseau).

18 kilomètres sur 110

Au total, ce sont près de 18 kilomètres de voie qui ont pu être ainsi rénovés (sur un total de 110 kilomètres), dont 25 ouvrages (viaducs, ponts et tunnels) et une portion de la signalisation de cette ligne.

Surnommée la "ligne des Alpes", en raison de son itinéraire qui serpente entre les villages montagnards des deux préfectures de l'Isère et des Hautes-Alpes, en passant par le massif du Trièves, cette ligne TER est devenue un symbole des petites lignes rurales puisqu'elle transportait près de 1.000 usagers par jour avant sa fermeture pour travaux.

"Il s'agit d'une ligne qui souffrait d'une absence de modernisation, où l'infrastructure existe depuis 30 voire 70 ans, à certains endroits. Et pour autant, elle joue un rôle de mobilité important car on sait aujourd'hui que des familles s'installent dans le Trièves justement car il existe une ligne de train", appuie Marc Jérôme, membre du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes à La Tribune.

Pour le président de la Métropole grenobloise, Christophe Ferrari, cette ligne représentait aussi une ouverture vers le sud (notamment sur la portion Grenoble-Clelles) pour le projet de RER grenoblois, prévu pour 2035 avec un budget global d'un milliard d'euros. Début décembre, les annonces d'Emmanuel Macron ont remis sur le devant de la scène ce dossier, nourri depuis plusieurs mois, même si la question du financement reste pour l'heure entière.

D'autres travaux sont nécessaires

"Nous avons déjà réussi une tranche importante des travaux, mais il y en aura d'autres", glissait Christophe Ferrari à La Tribune, début septembre, concernant le dossier de Grenoble-Gap, tout en rappelant que la Métropole est déjà allée un peu plus loin que son financement initial sur cette première phase de travaux, afin de montrer à quel point ce dossier était important.

"Il est grand temps que, dans ces périodes où l'on parle de transition écologique et de pouvoir d'achat, la France se réengage plus fortement dans le ferroviaire car on voit bien, quand on regarde ce que font d'autres pays, que c'est là où tout se joue puisque c'est sur le ferroviaire que l'on peut avoir le meilleur report modal", assurait alors l'élu PS.

Mais comme le soulignaient encore l'élu EELV Guillaume Gontard à l'AFP, l'inquiétude demeure pour l'avenir de cette ligne. Car si "ces 35 millions d'euros ont été évalués pour enlever les points noirs de la ligne, faire en sorte qu'elle puisse tourner", "il faudra aller plus loin" pour la pérennité de la ligne.

De son côté, le vice-président aux transports à la Région Auvergne-Rhône-Alpes et maire de Vichy, Frédéric Aguilera, rappelle pour sa part à l'AFP également que bien que la compétence transports soit affectée à la Région, "les voies ferrées appartiennent à l'État". Une manière d'appeler à son tour le gouvernement à "investir pour que les Régions puissent se concentrer sur le service". Contacté par La Tribune, ce dernier n'a pas répondu à ce stade à nos sollicitations.

Encore 80 millions à trouver

Du côté du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes, Marc Jérome se félicite de cette réouverture, tout en restant attentif : joint par La Tribune, ce dernier rappelle que 80 millions supplémentaires sont nécessaires pour assurer la pérennité de cette désserte.

Sans compter une seconde étape, qui serait d'aller jusqu'à réouvrir une portion des 7 gares qui ont été fermées au cours des dernières décennies, comme celle de Saint-Martin de la Cluze, en Isère, un village situé à une trentaine de kilomètres au sud de Grenoble et qui connait, depuis quelques années, un engouement renouvelé de la part des familles pour s'y installer.

"Outre la réunion du Conseil d'orientation des infrastructures, prévue à la mi-décembre, la prochaine étape se jouera aussi au sein des négociations du contrat de plan Etat-Région, à la fois en Auvergne Rhône-Alpes, comme en Région Sud", rappelle-t-il.

Et à ce sujet, le collectif ne s'avoue qu'à demi-confiant : car si les positions ont encore vocation à être clarifiées, les premiers signaux envoyés par les exécutifs régionaux, comme par l'Etat, demeurent timides.

"Nous allons peser pour que cette ligne soit inscrite dans le prochain volet infrastructures du contrat de Plan Etat-Région, mais on a vu que du côté de la Région Auvergne Rhône-Alpes, le vice-président Frédéric Aiguilera est d'accord pour investir massivement sur le matériel roulant, mais affirme que c'est à l'Etat de donner le premier signal concernant la voirie. Cela génère des inquiétudes car il ne faudrait pas que l'Etat et la Région se renvoient la patate chaude comme en 2018-2019", juge Marc Jérôme.

Du côté de la Région Sud, la ligne Grenoble-Gap a cependant déjà été inscrite parmi les lignes à financer, "un premier pas" selon le collectif, qui réunit plusieurs dizaines de membres actifs.

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